PHILIPPE SOLLERS
célébrer la vie de son vivant
malheur
à celui ou à celle
qui n’a pas célébré sa vie de son vivant
écrit
Philippe Sollers
dès les premières lignes
de son dernier roman intitulé la Deuxième Vie
publié neuf mois après sa mort
cette formule est centrale
elle irrigue les 60 pages de la dernière
liaison de raisonnement
de l’auteur
de
Désir
il l’avait déjà tournée autrement comme
une révolution radicale
dans
Graal
la vraie vie
consiste à vivre sa propre mort
en d’autres termes
il ne s’agit rien moins que d’éprouver son
corps glorieux
de son vivant
d’en mener l’expérience intérieure
impassibilité clarté agilité et subtilité
contre les négativités
la vivacité pour
l’éternité
malheureux
qui ne s’est pas aimé comme un mort
est-il écrit dans
Médium
s’aimer comme un mort
c’est le Graal
de vie
quiconque
penserait que le combat spirituel
n’en passe pas comme il est dit en sanskrit
par la connaissance
de
la vue de la vue
ou du
souffle du souffle
n’a pas
pénétré l’absolu
or
seule la pensée permet cette connaissance
la pensée est un acte
c’est ici qu’intervient le Dieu nouveau cher à Heidegger lequel n’apparaît qu’à certains ceux qui ont la connaissance par la pensée justement de
l ’ouïe de l’ouïe
ce nouveau Dieu
choisit des croyants par révélation personnelle
il procède par illuminations Rimbaud est là
il peut surgir
d’un rayon de soleil ou d’un léger coup de vent
surtout si vous êtes admis aux mystères bien réels par attention constante à des points précis il vous révèle votre Deuxième Vie
pendant la première
des pans entiers de cette Deuxième Vie vous sont donnés tombent sous vos yeux décillés de ce côté du temps
ainsi
soudainement et absolument
le Ciel
vous apparaît-il
grand
indulgent et vaste
pour cette opération médiumnique qui compte peu d’élus il vous faut avoir réfuté radicalement la croyance inculquée dès l’enfance
comme quoi tout plaisir se paie
un enfant éveillé vous dit Sollers ne connaît que
l’instinct de gratuité
contre toutes les évidences négatives en cours contre le nihilisme vous pourrez alors reprendre à votre compte la formule d’une provocation inouïe de la Juliette de Sade
le passé
m’encourage
le présent
m’électrise
je crains peu
l’avenir
gageons qu’elle devienne d’un coup votre
principe de délicatesse
en somme
vous métaboliserez le poison
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