Kafka
remarque avec surprise avec
un plaisir enchanté
qu'il est entré
dans la littérature dès qu'il a pu substitué
le Il au Je
c'est vrai
mais
la transformation est bien plus profonde
l'écrivain appartient à
un langage
que personne ne parle
qui ne s'adresse à personne
qui n'a pas de centre
qui ne révèle rien
il peut croire qu'il s'affirme en ce langage
mais ce qu'il affirme est tout à fait
privé de soi
dans la mesure où écrivain il fait droit à ce qui s'écrit il ne peut plus jamais s'exprimer et il ne peut pas davantage en appeler à toi ni encore donner la parole à autrui
la où il est seul parle l'être
ce qui signifie que la parole ne parle plus
mais est
mais se voue
à la pure passivité de l'être
l'écrivain qui accepte de soutenir l'essence
de la littérature
perd le pouvoir de dire
Je
il perd
alors le pouvoir de faire dire
Je
à d'autres que lui
aussi ne peut-il nullement donner vie à des personnages dont sa force créatrice garantirait la liberté
l'idée de personnage comme la forme traditionnelle du roman n'est qu'un des compromis par lesquels l'écrivain entraîné hors de soi par la littérature en quête de son essence essaie de sauver ses rapports avec le monde et avec lui-même
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