Amanha Lundju
Guinée-Bissau
17:47
le tronc de l’arbre
harcelé par
le vent
colonne
infini qui monte vers le ciel en tremblant
entre ses mains
ses longs doigts effilés
ce qu’en aveugle elle n’en finit pas
de palper
de caresser
d’attraper les jours
comme autant d’impacts laissant leur trace
à la surface d’
une matière sensible
dans ce mouvement infime du corps
où le regard est absent
lointain
comme aveuglé par la lumière
ailleurs
le temps
en rythme dans leur écorce
nue
lisse comme
un nouveau jour
leur ombre
aberrante à bout de branche
ce sont des équilibres précaires
ce mouvement
de l’arbre dans le vent
ressemble à celui des vagues
celui du sang l’idée que l’on s’en fait
sous l’élan caressant du vent frémissant
le souffle qui l’assaille
la sève des siècles
arrachés au silence du tronc
sous les caresses de tes mains longilignes
ou les assauts de ton regard
implorant
désirable
le temps
tourne autour de toi
se dilate ou se contracte
il y a là
quelque chose de très
tactile
les arbres
immobiles pour nous
sont les maîtres du temps
dans
un coin de soi-même
des morceaux du monde réel
rien
ne ressemble
à ce dont
je
ne me souviens
pas
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