Il y a des langues
convexes,
il y a des langues
concaves,
le mot lavoir,
le mot couloir,
les mots écluse,
abattoir,
rivière,
oui,
sont des mots
concaves,
et plus j'avançais
(dans ma lecture)
plus je voyais ces mots
se creuser,
et tout,
à la fin,
disparaissait dans le trou
de l'évier,
à la fin,
oui,
le lit mesurait plusieurs
kilomètres
et il fallait avancer
à travers
les broussailles.
Plus j'avançais moins
je comprenais le paysage,
plus je photographiais
des mots : carré,
jardin,
écran,
carré,
cloître,
écluse,
carré,
plaque.
J'écris ces lignes
en ayant sous les yeux
(sous les yeux)
les trois fois trois,
neuf manières de prier
de San Domenico,
debout,
assis,
couché,
plié,
agenouillé,
mains ouvertes ou jointes,
et des photos de chantiers,
de bâches et de taches
d'huile
ou d'essence,
de parkings,
de routes,
de stations-service,
d'échangeurs,
crash... Bouche ouverte
et les yeux serrés,
serrés,
encore,
je les vois,
elles crient et sautent sur
les machines,
sur un coin de la scène
un seau de lessive,
une échelle.
Elles sont nues entre les voitures,
elles se frottent les seins
sur les vitres.
Et puis plus rien.
Jean-Marie Gleize
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