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Michael Heller
Églogue
à Hugh Seidman
Composer de ce que propose la lumière
Composer comme d’un lieu surélevé
Mener l’ascenseur de l’âme jusqu’à l’étage ultime
La ville là-dessous semblable à un océan de béton,
fumeusement étale sous le soleil du ciel
Distinguer,
sous la fine pellicule de fumée,
les panaches et les clignotements
Ressentir le besoin
de prendre suffisamment de hauteur
D’avoir atteint une limite supérieure
d’où l’être même fait escarpement
Rampe de lancement,
la légèreté de l’air étant une forme d’intelligence
Les yeux suivant des fleuves
de lumière brute qui couraient entre
les mondes pour aller
grossir les baies en amont
de perles grasses de mercure
Composer,
ou mieux, rendre compte du fait
qu’une partie du paysage aura disparu
Comme si on regardait
par un judas, un trou en vrille
Philosophe écrivant
de « l’esprit qui cherche,
et une fois encore se trompe lourdement… »
Avoir mis de côté les morts
qui surviennent sous les bombes,
en avoir inscrit d’autres
Les chemins qu’on suit,
comme des fragments de métal volant
vers leurs demeures
Revenir sur un amour,
une joie, crus comme les briques de Vermeer
Suspendu en l’air,
et comme libre en pénétrant
les larges avenues du ciel,
sentir l’espoir se mêler au mot
En l’air,
sentir le vide comme un don,
oui, un don romantique
Composer,
comme d’un poste élevé,
sous le vent,
tout au-dessus du port,
des rues,
les yeux en fente sous le vent
À ces hauteurs,
les yeux baignant dans le rouge
d’une fête du savoir.
Traduction de l'anglais par Auxeméry
Note de l’auteur :
J’ai discuté de poésie avec
Hugh Seidman pendant plus de 40 ans
.
L.A.Photographie
le Grand-Mont d'Arêches
novembre 2015
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