mercredi, novembre 18, 2015

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Michael Heller 

Églogue

















à Hugh Seidman




Composer de ce que propose la lumière

Composer comme d’un lieu surélevé

Mener l’ascenseur de l’âme jusqu’à l’étage ultime

La ville là-dessous semblable à un océan de béton, 
fumeusement étale sous le soleil du ciel

Distinguer, 
sous la fine pellicule de fumée, 
les panaches et les clignotements

Ressentir le besoin 
de prendre suffisamment de hauteur

D’avoir atteint une limite supérieure 
d’où l’être même fait escarpement

Rampe de lancement, 
la légèreté de l’air étant une forme d’intelligence

Les yeux suivant des fleuves 
de lumière brute qui couraient entre 
les mondes pour aller
grossir les baies en amont 
de perles grasses de mercure

Composer, 
ou mieux, rendre compte du fait 
qu’une partie du paysage aura disparu

Comme si on regardait 
par un judas, un trou en vrille

Philosophe écrivant 
de « l’esprit qui cherche, 
et une fois encore se trompe lourdement… »

Avoir mis de côté les morts 
qui surviennent sous les bombes, 
en avoir inscrit d’autres

Les chemins qu’on suit, 
comme des fragments de métal volant
 vers leurs demeures

Revenir sur un amour,
une joie, crus comme les briques de Vermeer

Suspendu en l’air, 
et comme libre en pénétrant 
les larges avenues du ciel, 
sentir l’espoir se mêler au mot

En l’air, 
sentir le vide comme un don, 
oui, un don romantique

Composer, 
comme d’un poste élevé, 
sous le vent,
tout au-dessus du port, 
des rues, 
les yeux en fente sous le vent

À ces hauteurs, 
les yeux baignant dans le rouge 
d’une fête du savoir.



Traduction de l'anglais par Auxeméry



Note de l’auteur : 
J’ai discuté de poésie avec 
Hugh Seidman pendant plus de 40 ans
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L.A.Photographie 
le Grand-Mont d'Arêches
novembre 2015






























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