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George Oppen
SURVIE : INFANTERIE
Et le monde changea.
Il y avait des arbres et des gens,
Des trottoirs et des routes
Il y avait des poissons dans la mer.
D’où venaient tous ces rochers ?
Et l’odeur des explosifs
Le fer planté dans la boue
Nous rampions en tous sens sur le sol sans apercevoir la terre
Nous avions honte de notre vie amputée et de notre misère :
nous voyions bien que tout était mort.
Et les lettres arrivaient. Les gens qui s’adressaient à nous, à travers
nos vies
Nous laissaient pantelants. Et en larmes
Dans la boue immuable de ce terrible sol
***
BALLADE
Astrolabes et lexiques
Jadis dans les vastes demeures -
Un pauvre pêcheur de homards
Rencontré par hasard
Sur l'île du Cygne
Où il est né
Nous avons vu l'ancienne ferme
Perchée au sommet d'une colline
Sur cette île
Où passe le ferry
Un pauvre pêcheur de homards
Les dents abîmées
Il nous a fait faire le tour de l'île
Dans sa vieille guimbarde
L'homme parlait avec aisance
Presque irréel
Connaissant dans ces champs rudimentaires
L'emplacement des casiers à homards et leurs treuils
Aux effluves salés
Les rochers ont survécu aux classiques
Les rochers et les cabanes des pêcheurs de homards
Et les paysages de l'île
Les récifs dans la mer agitées
Qu'on distingue depuis la route
Et le port
Et le bureau de poste
Difficile de savoir ce qu'on veut
de savoir sérieusement ce qu'on veut -
Chaque île
A une qualité publique
Sa femme assise à l'avant
Vêtue d'une de ses robes légères
Qui sont l'apanage des pauvres
Elle savait que nous allions venir -
Je ne sais pas comment dire, nous dit-elle -
Pas à cause de nos activités dans la région, dit-elle
D'une voix douce, mais " de Dieu ", avant d'ajouter
Ce que j'aime par-dessus tout c'est aller
Visiter les autres îles...
Corti
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