dimanche, mai 06, 2012

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George Oppen






















SURVIE : INFANTERIE




Et le monde changea.

Il y avait des arbres et des gens,

Des trottoirs et des routes


Il y avait des poissons dans la mer.


D’où venaient tous ces rochers ?

Et l’odeur des explosifs

Le fer planté dans la boue

Nous rampions en tous sens sur le sol sans apercevoir la terre


Nous avions honte de notre vie amputée et de notre misère :

nous voyions bien que tout était mort.


Et les lettres arrivaient. Les gens qui s’adressaient à nous, à travers            
            nos vies

Nous laissaient pantelants. Et en larmes

Dans la boue immuable de ce terrible sol




***


BALLADE

Astrolabes et lexiques
Jadis dans les vastes demeures -

Un pauvre pêcheur de homards

Rencontré par hasard
Sur l'île du Cygne

Où il est né
Nous avons vu l'ancienne ferme

Perchée au sommet d'une colline
Sur cette île
Où passe le ferry

Un pauvre pêcheur de homards

Les dents abîmées

Il nous a fait faire le tour de l'île
Dans sa vieille guimbarde

L'homme parlait avec aisance

Presque irréel
Connaissant dans ces champs rudimentaires

L'emplacement des casiers à homards et leurs treuils
Aux effluves salés

Les rochers ont survécu aux classiques
Les rochers et les cabanes des pêcheurs de homards

Et les paysages de l'île
Les récifs dans la mer agitées

Qu'on distingue depuis la route

Et le port
Et le bureau de poste

Difficile de savoir ce qu'on veut
de savoir sérieusement ce qu'on veut -

Chaque île
A une qualité publique

Sa femme assise à l'avant

Vêtue d'une de ses robes légères
Qui sont l'apanage des pauvres

Elle savait que nous allions venir -
Je ne sais pas comment dire, nous dit-elle -

Pas à cause de nos activités dans la région, dit-elle
D'une voix douce, mais " de Dieu ", avant d'ajouter

Ce que j'aime par-dessus tout c'est aller
Visiter les autres îles...



Corti
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