Lichens et Mousses
peaux anciennes de la pierre
vie discrète lente patiente
elles tissent le temps sur les roches
capturant lumière et humidité
premières habitantes du silence
pensons à d’autres frontières
plus vastes et plus
plus vastes et plus
solitaires
des frontières qui ne séparent rien
mais délimitent des zones de transition
des passages où le monde change d’échelle
sans prévenir
mais délimitent des zones de transition
des passages où le monde change d’échelle
sans prévenir
ces frontières ne sont pas tracées sur des cartes
elles apparaissent dans l’expérience même
dans un déplacement du regard
un élargissement soudain de l’attention
un silence qui s’impose
et modifie la texture du moment
frontières sans murs
des seuils où l’on éprouve la distance
non comme éloignement
mais comme ouverture
comme possibilité de se tenir
dans un espace qui ne demande rien
elles sont vastes
parce qu’elles ne fixent aucune limite
solitaires
parce qu’aucune compagnie ne peut en réduire
la portée intérieure
ce sont des lieux où la pensée prend appui
sur sa propre respiration
où l’on se découvre capable
d’accueillir la profondeur du réel
sans vouloir le posséder
penser à ces frontières
c’est reconnaître que la vie ne se joue pas seulement
dans les contours familiers
mais aussi dans ces étendues discrètes
où l’on avance sans guide
et où pourtant le pas trouve sa justesse

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