les autres en fracas
mais dans les deux cas demeure
les lignes se rompent
les certitudes reculent
les champs se vident de leur ordre
et quelque part au centre de la débâcle
une étincelle cherche encore à se rassembler
car même dans la fuite des pensées comme dans la fuite des soldats
il reste un écho de direction
un souffle qui hésite
un pas qui se retourne
et peut-être dans ce chaos naissant
la
plus fragile plus vrai plus attentif
il y a des déroutes d’idées comme des déroutes d’armées des effondrements silencieux où les pensées se dispersent comme des particules en quête de trajectoire elles se brisent se superposent se re-combinent et dans l’agitation quantique du mental on découvre parfois qu’une défaite apparente n’est qu’un changement d’état
en se livrant à de nombreux calculs
on peut gagner en clarté gagner en amplitude gagner ce moment rare où la pensée cesse de reculer et retrouve sa cohérence comme une fonction d’onde qui se révèle enfin car les idées aussi obéissent à leurs lois incertaines superposées fragiles et leur victoire tient souvent à l’endroit exact où elles cessent de fuir
formes qui se cherchent en avançant
formes qui se dressent comme des architectures d’esprit
nées d’un geste que personne n’a vu
d’une pensée qui n’a pas encore appris à se présenter
elles surgissent dans des espaces imprévus
dans des laboratoires silencieux
dans des chambres minuscules
dans des déroutes d’idées où rien n’obéit encore
et pourtant quelque chose prend appui
quelque chose dessine sa propre géométrie
les inventions d’inconnu
parce qu’elles ne peuvent entrer dans les anciennes
parce qu’elles ouvrent un passage où la langue hésite
où la matière hésite
où le monde hésite un instant
avant de comprendre qu’il vient de s’agrandir
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