fragmentaire
lumineux
fait d’images qui s’appellent plus qu’elles ne s’expliquent
la poésie remplace le discours
cantos de l’air azur
cantos de l’air azur
les dieux flottent dans l’air azur
leurs corps sont des souffles leurs yeux des éclats d’été
ils ne parlent pas ils se rappellent
sous eux les collines bougent lentement
les oliviers tracent des lignes de feu sur la terre claire
tout a été dit mais le vent recommence
les dieux flottent
non au-dessus du monde
mais dans la transparence qui le relie
leur chair est faite d’équilibre
leur pensée d’écho.
un berger s’arrête lève la tête
dans le ciel rien
mais son cœur se dilate
les dieux passent, invisibles
dans la respiration du jour
leur parole est lumière
et la lumière ne dit rien d’autre que ceci
tout est encore possible
les temples se sont effacés
mais le ciel demeure
voûte d’oubli mémoire d’or
immobile et mouvante
les dieux flottent dans l’air azur
et le monde une fois encore
se souvient d’avoir été jeune
une incarnation poétique
les dieux quittent l’air azur et descendent dans la matière
dans la pierre dans la mer dans la chair humaine
leur lumière devient densité et la terre se souvient d’eux
cantos descente des dieux
les dieux descendent
non dans la foudre
mais dans la lenteur de la poussière
ils prennent forme dans la pierre
dans la veine du marbre dans le grain du sel
la mer les accueille
dans l' écume un visage oublié
leur parole s’épaissit
se fait argile
battement d’aile sous la peau du monde
ils goûtent la lourdeur
ils s’allongent dans le corps des hommes
cherchent à respirer à travers leurs rêves
un regard une main une brûlure
ainsi se souvient le divin.
l’or devient sang
le souffle devient parole
et la parole silence.
les dieux fatigués d’éther
savent que la terre est plus vaste
ils entrent dans la matière
comme on entre dans la nuit
pour y retrouver la lumière
*
je passe un pacte avec toi Ezra Pound…
comme on tend la main à celui qui taille la langue
dans la pierre vive du monde
je t’accorde ce que tu cherchais
la parole nue
le mot qui tranche
le rythme qui ouvre
le souffle qui dévie les fleuves du sens
je passe un pacte avec toi
pour entendre dans chaque syllabe
le martèlement ancien
des civilisations dressées puis dissoutes
un pacte pour que la poésie
ne soit plus seulement écrite
mais refondue,
martelée,
re-naissante à chaque vers
toi qui disais make it new
permet que je fasse à mon tour
de la langue un outil d’aurore
et que le monde,
sous nos gestes mêlés,
retrouve un tranchant plus clair.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire