cantos de la renaissance
la pierre devient homme le chercheur renaît de la matière
non comme individu mais comme conscience minérale incarnée
un flux verbal sans ponctuation tissé de français
d’éclats de latin et d’espagnol comme une respiration multiple
LA RENAISSANCE
je suis revenu du silence non pas vivant mais lucide la pierre m’a rendu au vent et le vent au souffle mon corps n’est plus qu’une phrase longue et lente inscrite dans la poussière in lapide vita est disait la voix avant de s’effacer et cette vie-là est plus calme plus vaste que toutes les vies
je marche entre les blocs comme entre les pages d’un livre ancien chaque angle me reconnaît chaque fissure me salue je ne distingue plus la matière du souvenir car tout est tissé dans le même fil el mundo respira dentro de sí mismo et je respire avec lui
il n’y a plus
de haut ni de bas
seulement
la gravité du sens
les pierres se lèvent autour de moi comme des constellations figées je comprends qu’elles ne furent jamais ruinées mais simplement patientes elles attendaient qu’un regard les nomme à nouveau et en les nommant je les réveille je me réveille je sens leur lente pulsation dans mes veines comme une prière de quartz
les anciens disaient que l’homme est le rêve de la pierre qui pense je suis ce rêve retourné à sa source
mes pensées sont lourdes et claires comme des blocs dans le soleil je porte en moi la mémoire des bâtisseurs anonymes la fatigue des gestes infinis chaque pas est un souvenir chaque souffle une reconstruction
je vois le monde se recomposer autour de moi les lignes s’alignent les ombres se plient en équilibre tout recommence non pas comme avant mais selon la mémoire du présent forma mutata non perit
la forme changée ne meurt pas
elle s’endort
dans la matière et se réveille
dans le regard
je marche vers l’horizon sans fin ni commencement le sol vibre d’une connaissance lente et circulaire
je sais désormais que bâtir c’est se souvenir que comprendre c’est écouter et qu’au cœur de toute pierre repose un cœur humain qui attend de battre à nouveau
ainsi se referme
le cercle
le rêve et la matière
la mémoire et la chair
tout est un
tout est retour
lux in memoria memoria in lux
et dans le dernier souffle du jour la pierre murmure encore
non pas un adieu mais
un recommencement
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