forêt steppe désert
un même monde trois visages du silence
dans la forêt
la mémoire s’enroule
les arbres se souviennent
leurs racines tissent le temps
l’ombre y parle bas pleine d’odeurs et de présences
chaque feuille un mot ancien
dans la steppe
tout s’ouvre
la ligne de l’horizon respire lentement
le vent porte le souvenir des bêtes disparues
l’espace y pense
la pensée devient mouvement
dans le désert
il ne reste rien
rien qu’un feu immobile une pure résonance
les pierres brillent comme des pensées nues
le ciel infini regarde sans juger
le monde s’efface
et dans cet effacement il se révèle
Forêt — La mémoire du monde
la forêt respire avant le langage
chaque tronc garde le secret de l’eau ancienne
chaque mousse retient un fragment de ciel tombé.
sous la voûte verte le temps se plie sur lui-mêm.
le vent y tourne en cercles chargé de voix
les oiseaux y parlent la langue d’avant les hommes
la lumière filtre comme une prière hésitante
on y avance lentement
parmi les souvenirs du monde végétal
là où la mémoire ne pense pas
elle s’enracine
steppe le mouvement du souffle
ici tout est passage.
rien ne retient le vent rien ne garde l’ombre
la terre s’étire nue vaste comme un rêve sans contour
l’homme y devient ligne
sa pensée suit l’horizon
sa parole s’étend se dissout dans le vent
le mouvement n’a plus de centre
mais il n’est pas vide
il est respiration
le monde court et dans sa course
il s’invente une continuité
la steppe est l’âme en marche
ouverte au ciel offerte à l’errance
désert la transparence du réel
le désert ne se souvient pas
il ne parle pas
il est
là toute chose brûle dans sa vérité nue
la pierre et le soleil s’y confondent
le jour se tient debout sans ombre
celui qui entre ici
n’a plus de nom
son souffle devient sable
son regard lumière
rien à chercher rien à comprendre
le désert est la conscience sans limite
le dernier visage du monde avant le silence
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