fragments
temps perdu
mémoire qui revient
ombre des salons
parfums d’enfance
pluie sur Combray
une madeleine trempée
ombres et lumières des rues
silences de la nuit
rêves de Venise
reflets dans les miroirs
conversation interrompue
souffle des jardins
voix oubliées
le train qui s’éloigne
éclats de souvenirs
brisures de lumière dans l’ombre du passé
instants suspendus qui frappent le cœur
parfums voix gestes perdus et retrouvés
ils tombent comme des fragments de verre
irrésistibles et fragiles
formant le miroir mouvant de ce que nous avons été
le fragment est hérisson
il se hérisse de mots comme de piquants de mémoire
chaque phrase un élan défensif
chaque image une pointe qui repousse le vide
on avance avec précaution en effleurant ses arêtes
on sait que le contact peut surprendre
piquer
mais révéler aussi
il n’y a pas de continuité douce
tout se perce et se recroqueville
les idées s’entrechoquent comme des épines qui se cherchent
au centre de ce hérisson
il y a un cœur qui bat
silencieux fragile mais vivant
le fragment est hérisson
il n’attend pas d’être caressé
il exige d’être senti
apprivoisé
juste assez pour comprendre
la densité de sa vie intérieure
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