l'écrivain imagine une bibliothèque
qui contiendrait
tous les livres susceptibles d'être engendrés
par la combinaison arbitraire
des signes de l'alphabet
l'hypothèse est vertigineuse
elle réduit à rien
la croyance que l'on peut porter
à la littérature
puisque tout a déjà été écrit
le sensé et l'insensé
le vrai comme le faux
le réel autant que le fictif
le bon comme le mauvais
indistinguables
pareillement produits
et au même titre par la mécanique aveugle qui assemble aléatoirement les lettres sans souci de ce que vaut ou signifie le résultat
cependant
elle la ressuscite aussi
car dans cette bibliothèque immense
où prolifèrent
le mensonger
l'indifférent
l'inintelligible
il se trouve nécessairement
perdu parmi la somme de ses contrefaçons
un volume
qui livre
la clé de l'ensemble auquel
il appartient
sans que nul puisse savoir
avec certitude sous quelle forme
il le fait
*
que dit
la poésie
?
elle dit
le perpétuel
désastre du temps
l'anéantissement
de la vie auquel seul survit
le désir infini
*
juste
moi
ici
il
n'y a
que moi
ici
et la pluie tombe
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