les
premières pages
d’
un livre
ne se livrent
jamais mieux que
dans
un lieu étrange
dans
le train
dans
un compartiment
lecture de voyage
ce sont les livres
dont la vie tient à l’excitation que procurent
la couverture
le titre et la première page
et aussi au fait
qu’ils demandent à être coupés
les
dernières pages
d’
un livre déjà connu
elles ne se donnent
jamais autant que dans votre petit salon
le soir
il y a
des gens
et parmi eux
certains qui possèdent
toute
une bibliothèque
qui
n’abordent jamais
un livre
comme il conviendrait
parce qu’ils ne relisent jamais
et pourtant
ce n’est qu’en sondant
une
muraille
à petits coups
en trouvant les endroits
qui sonnent creux et vous arrêtent
qu’on tombe sur des trésors
que le lecteur que nous fûmes
y avait enfouis
Walter Benjamin
Fragments
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