elle lit
les gens
ne sont guère descriptibles
saisissables
que par le manteau des mots dont ils s’enveloppent
et qui est fait de la même étoffe
que le nôtre
elle part
vers la montagne
elle
ouvre les yeux
les
phrases passent
en elle comme des nuages
elle
se sent légère
sur le chemin mais jamais
solitaire
le vent
lui apportait perpétuel
un
bruit
d’osselets
c’étaient les signes
du gel noir et
elle
pensait à son squelette
perdu
à son squelette
ciselé par l’hiver de minuscules
fougères inhumaines
chemin faisant
elle interrogeait voyageurs
et passants
mais
nonchalants ou pressés
ceux-ci ne lui répondaient point
ne levaient pas même les yeux sur elle
elle
sut alors
qu’elle était invisible
la
nuit
elle sentait en
elle
un travail insolite
est-ce toi
?
murmurait-elle
ses
poignets
se durcissaient
ses
veines
s’écaillaient
d’
une nuit à l’autre
elle
se demande si le vivant et l’inorganique
ne sont pas régis
par
une loi unique
par
une grammaire similaire
qui ne cesse de se dérober au cœur
de la nuit
un bruit d'osselets
un travail insolite
une nuit
une loi unique
une grammaire similaire
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