Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
jeudi, octobre 31, 2019
le réel
est
ce qui est sans
double
il
n'offre
ni image
ni relais
ni réplique
ni répit
donner raison
au réel
constitue le problème spécifique
de la philosophie
si
un chêne
tombe dans la forêt
et si
personne ne l'entend tomber
cela fait-il du bruit
?
les objets
que nous voyons
ne sont pas en eux-mêmes
ce que nous voyons…
de sorte que
si
nous abandonnons
notre sujet ou la forme subjective
de nos sens
toutes les qualités
toutes les relations des objets
dans l'espace et le temps
voire le temps et l'espace eux-mêmes
disparaîtront
la définition du réel
est sans définition
ou du moins
sans autre définition
qu'
une redite
de son propre fait
il y a
un jeu
de divination des pensées
une variante
de ce jeu serait celle-ci
je
communique à A
quelque chose
dans
un langage
que B ne comprend pas
B
devra deviner le sens de la
communication
autre variante
je rédige
une phrase à la dérobée
dont l'autre devra deviner les termes
ou le sens
voici
une troisième variante
je rassemble
un jeu de patience
l'autre
ne peut me voir
mais de temps en temps devine
mes pensées et les
exprime
par exemple
il dit
où donc trouver ce morceau
?
maintenant
je sais comment cela s'agence
!
je ne vois point
ce qui peut convenir ici
le ciel est toujours
la partie la plus difficile
et ainsi de suite
pendant ce temps il n'est pas nécessaire
que je me parle à moi-même
ni à haute voix
ni en silence
l'avers des cubes porte
chiffres
le revers porte
lettres
de sorte qu'à chaque lettre est associé
son chiffre
on peut envisager
un système de correspondances
mais
pour que le jeu soit possible
il faut qu'il manque
un cube
ainsi
le vide structure le jeu
*
c'est au lecteur
de trouver le panorama
qui rassemble les paysages
épars
c’est à travers les connexions
qui se nouent en elles
que l’émotion née
d’
un spectacle naturel
peut se brancher avec liberté sur le réseau
plastique
poétique ou musical
*
les limbes
conservent aux choses du passé
une force
de résistance face au présent
une sorte
d'efficace pour l'avenir
*
une image poétique
est
une conscience de la chose
une veille enfouie dans la chose
la métaphore
est
un trope
un transport de la chose
un transport
vers
un ailleurs quelconque
*
mon esprit est ainsi fait
qu’il est sans résistance devant ces agrégats
de rencontre
ces précipités adhésifs
que le choc
d’
une image
préférée condense autour d’elle
anarchiquement
citation
du paragraphe 26 du livre premier
du Gai Savoir
que signifie vivre ?
VIVRE...
cela veut dire :
rejeter sans cesse loin de soi
quelque chose
qui tend à mourir
connaître et vivre sont synonymes
je veux voir dans cette citation
l'idée forte que connaître
c'est
rejeter sans cesse loin de soi
quelque chose qui tend à mourir
la connaissance vise
au plus profond
à comprendre et à assimiler
le cœur qui bat au centre du cosmos
au centre de la vie
au centre du réel
puisque le Tout est cohérent
puisque le Tout et toutes ses parties
sont englobés
enrobés
intégrés et transcendés
par ce UN ultime
dont la logique de vie enveloppe
toutes les logiques de vie
alors celui qui connaît le moteur du UN
connaît le destin de toutes choses
de tout être
la connaissance vise donc
ce qui fait que tout tende à vivre
en plénitude
même
le caillou
ou
le nuage
ou
l'étoile
la connaissance est vivante
la vie est connaissance
le chemin de la connaissance
se confond avec le chemin de la vie
part en sens inverse du chemin de la mort
connaître
c'est
tourner le dos
à la mort
mercredi, octobre 30, 2019
une écriture
qui supporte l’infini
les crevasses qui s’étoilent comme le pollen
la lecture
sans pitié des dieux
la lecture
illettrée du désert
une écriture
qui résiste à l’intempérie totale
une écriture
qui puisse se lire jusque dans la mort
poésie verticale
une surprenante
cristallisation verbale
le langage
réduit
à
une goutte de lumière
*
même l’éternité
n’est pas pour toujours
celui qui
a des punaises
celui qui
porte
un soulier
percé sous la pluie
celui qui
veille le cadavre
d’
un pain
avec deux allumettes
celui qui
se prend
un doigt dans la porte
celui qui
n’a pas d’anniversaires
celui qui
a perdu son ombre dans
un incendie
celui qui
ressemble à
un perroquet
celui qui
ressemble à un homme
le pauvre riche
le vrai miséreux
le pauvre pauvre !
un ruban blanc
vert
désir
solitude
à la recherche
d'amis
*
l'éternité
pour ainsi dire
de
l'amitié
montre le
neuf
seul
*
je devrais remercier
Zukofsky
une voix merveilleuse
Zukofsky
vers l'Arbre de Huc
Du Tartare
Sur lequel nous sommes de chaque feuille
la poésie
l'amour se délecte
le livre
des louanges
*
des eaux noires
nuages
réflexions
pour blanchir
la plaque
le calme noir
un ruban blanc
la voie lactée
colline
montagne de l'automne
le monde me cherche
pour ainsi
dire
un
coléoptère
un vert
éclatant
une
touffe
de petites pâquerettes
coiffée de pourpre et sur lesquelles
un
solide chardon sans fleur
jetait
une
ombre
légère et patiente
l'objet
à étudier est considéré
comme
un système complexe
c'est-à-dire qu'il est fonction
d'
une multitude
de paramètres et inclut
des inerties
des non-linéarités
des rétroactions
des récursivités
des seuils
des jeux de fonctionnement
des influences mutuelles de variables
des effets retard
des hystérésis
des émergences
de l'auto-organisation
etc
il est
en relation
avec son milieu
qui l'alimente en entrées
par ex énergie et commandes
et à qui il donne des sorties
par ex. production et déchets
un vaste aqueduc
de pierre rose et surélevé
couvert
d'
une mousse
noire et brillante
une couche
épaisse
un sentier
étroit
un souffle
d'air
une végétation
un bout de chemin
perdu sous le
gazon
une sorte de jetée
ou
une digue
couleur d'encre
sur sa face obscure
Tirer des flèches
Julie Gilbert
Prenant le contrepied des appels commerciaux qui nous inondent, l’auteure a voulu entrer dans l’univers intime d’inconnus en proposant sur son site ou à la billetterie de certains théâtres la possibilité de lui commander un poème.
Les textes écrits pour cette occasion sont une incursion poétique dans le quotidien d’un ou d’une destinataire dont elle ne connaît que le nom et le numéro de téléphone.
Au rythme des lieux, des atmosphères, des paysages et des expériences traversés par Julie Gilbert, une véritable série de “poèmes téléphoniques” s’est construite, dessinant une cartographie d’instants fugaces initialement voués à disparaître.
Tirer des flèches rassemble ces textes, les mets en regard les uns des autres, et donne ainsi à relire et relier cette cartographie à la fois réelle et intime.
Héros-Limite
au-dessus
des
étangs
au-dessus
des
vallées
des
montagnes
des
bois
des
nuages
des
mers
par delà
le soleil
par delà
les éthers
par delà
les confins
des sphères étoilées
mon
esprit
tu te meus avec
agilité
et
comme
un bon nageur
qui se pâme dans l'onde
tu
sillonnes
gaiement l'immensité
profonde
avec
une
indicible
et mâle volupté
envole-toi
bien loin de ces miasmes
morbides
va te purifier
dans
l'air supérieur
et
bois
comme
une pure et divine
liqueur
le feu clair
qui remplit les espaces
limpides
derrière
les ennuis
et les vastes chagrins
qui chargent
de leur poids l'existence
brumeuse
heureux
celui qui peut
d'une aile vigoureuse
s'élancer vers les champs lumineux
et sereins
celui
dont les pensées
comme des alouettes
vers
les cieux
le matin prennent
un libre essor
qui
plane
sur la vie
et comprend sans
effort
le
langage
des fleurs et des choses
muettes !
mardi, octobre 29, 2019
il faut repartir
mais où
?
en rêve
?
en imagination
?
quelquefois je vois au ciel des plages
sans fin
couvertes de blanches nations
en joie
un grand vaisseau d'or au-dessus
de moi
agite ses pavillons multicolores
sous les brises du
matin
ces plages du ciel
sont un nouvel avatar
des bandes célestes que le poète
créait au temps du vertigineux voilage
entre
une question et une question
entre
un silence et un silence
le
murmure
de l'eau claire
la rivière
qui traverse le temps
sur
le passage extérieur
un champ / un arbre / une apocalypse tranquille
nous avons l'impression
que si toutes les questions scientifiques possibles
en venaient à recevoir leur réponse
on n'aurait pas
commencé à toucher au problème
de la vie
bien sûr à ce moment là
il n'y aurait pas
de questions
et
ce serait justement
cela la solution
avec le monde là devant lui
un champ
quelques arbres
un arbre
le jeu des vagues
ce qui est mystérieux
ce n'est pas le comment du monde
c'est tout simplement qu'il soit
avec
K.W ET W
une apocalypse tranquille
un étroit ruban / une pelouse anglaise
la rivière lente
s'enfonce
entre
des épaulements
de collines couvertes
de fougères et d'ajoncs
les
versants des forêts
jaunes
mordent
de plus en plus
sur le gris très gris
de la matinée
d'octobre
les arbres
dégagent un étroit ruban
de prairie
aussi net
qu'une pelouse anglaise
AZUR
Azur
aussi sûr
haussé sur
Zukofsky
*
nom donné anciennement au lapis-lazuli
appelé aussi quelquefois
pierre d'azur
matière colorante d'un bleu très foncé fabriquée à partir d'un verre que l'on obtient par grillage de la smaltine ou de la cobaltine et que l'on réduit ensuite en poudre très fine pour la préparation de diverses substances
Azur en boules
préparation contenant de l'indigo dissous dans de l'acide sulfurique très concentré et précipité par la potasse il sert aux blanchisseuses pour blanchir le linge jauni et lui donner plus d'éclat
Azur clair
céleste
lumineux
profond
l'azur des cieux des mers
mer
fleuve
lac
flots d'azur
des yeux d'azur
Grand délice
que celui de noyer
son regard dans l'immensité
du ciel et de la mer!
Solitude
silence
incomparable chasteté de l'azur!
Une petite voile
frissonnante à l'horizon
et qui
par
sa petitesse
et son isolement
imite mon irrémédiable existence
mélodie monotone
de la houle
toutes ces choses pensent par moi
ou je pense par elles
car
dans la grandeur de la rêverie
le moi se perd
vite!
Symbole de l'idéal
de l'infini
de l'absolu
et de façon plus restreinte
de notions
telles que la sérénité
l'espoir
la pureté
En vain!
L'Azur triomphe
et je l'entends qui chante
Dans les cloches
Mon âme
il se fait voix pour plus
Nous faire peur avec sa victoire méchante
Et du métal vivant sort
en bleus angélus!
Il roule par la brume
ancien et traverse Ta native agonie
ainsi qu'un glaive sûr
Où fuir
dans la révolte inutile et perverse?
Je suis hanté.
L'Azur! L'Azur! L'Azur! L'Azur!
lundi, octobre 28, 2019
Les gestes rendaient les images sensibles
tout était appelé par son nom
avec le cynisme des chiens
dans une pompe obscène et impie
de jurements et de blasphèmes
CMDOT
une
pompe
obscène et
impie
*
une certaine voix de sinus
qu'on appelle voix dans le masque
donne au chanteur ou à la chanteuse
l'illusion d'un beau timbre
alors que cette sorte de procédé
vocal dénature le timbre réel
et peut provoquer un abaissement
intempestif du voile du palais
une certaine voix
un beau timbre
un abaissement intempestif
l'esprit s'inspire
le paysage s'éclaire
le pays de l'esprit existe
nulle raison nulle angoisse
l'esprit nomade
une finale
de vague vint s'assoupir
rien
que le tout mystère
rien
qu'un mystère qui ne se nomme pas
sans moment ni lieu
maintient-toi dans le mystère
lectrice
amour et mystère
la vision éblouissante
une poésie
un laboratoire d’expérimentations rythmiques
un verset
une rupture
un blanc
une variation
un canons musical inversé
une sentence suspendue
une naïveté exposée
un premiers jet
un néant à l’égard de l’infini
un tout à l’égard du néant
un milieu entre rien et tout
un secret impénétrable
une quête de sagesse
une multiplicité de diversités
un mélange d’éléments de nature diverse
un accident
là
c’est devant moi
devant vous
ce qui survient
inattendu
c’est là soudain
là malgré
c’est là
c’est là que ça
ici
j'écris des mots
ici les mots me pensent
de mon cerveau à ma main
de la main au clavier
du clavier à l'écran
de l'écran à mes yeux
de mes yeux au cerveau
et nous y retournons
une fois synchronisés
puis distribués sur vos écrans respectifs
quelque soit votre lieu
maintenant
quand et où vous lisez cela
ces mots vous pensent
de votre écran à vos yeux
de vos yeux à votre cerveau
ils viennent déranger
l'agencement de votre environnement
la respiration de votre mouvement
ils sont là maintenant
multiples
ils existent avec vous
cette corneille
sur un arbre à Beaufort le 28/10/2019 à 10 h 40
elle résonne
de nouveau dans un autre lieu
dans un autre temps
juste au moment où vous avez lu
corneille
notez le lieu
le jour et l'heure sur un morceau de papier
où vous avez lu corneille
c'est votre talisman
c'est notre totem
nous le partageons tous maintenant
avec Karl
Les notions que vous avez apprises du darwinisme, l’évolution et la lutte pour l’existence ne vous permettront pas de vous expliquer le sens de votre vie, ni ne vous donneront de ligne de conduite ; or, une vie menée sans savoir quel est son sens, et sans la conduite inébranlable qui en découle, est une bien misérable existence. Pensez-y. Je vous le dis, probablement à la veille de ma mort, parce que je vous aime. Tolstoï à ses enfants
L’anthropologie darwinienne de la « lutte pour l’existence » prétend justifier un mode de vie où la poursuite individualiste de l’intérêt est la motivation essentielle de l’être humain. Mais il y a une autre conception de l’existence humaine, que suggère Tolstoï, selon laquelle l’évolution serait moins déterminée par une lutte pour l’appropriation des moyens d’existence que par l’aide et le soutien mutuels que les membres d’une même espèce s’apportent les uns aux autres. Cette thèse est celle soutenue par Pierre Kropotkine dans L’Entraide. Un facteur de l’évolution, paru en anglais sous le titre Mutual Aid, en 1902.
les arbres
une corde tendue
un drap blanc
des épingles à linge
un projecteur portable
un siège dans la forêt et surtout
la forêt tout autour
la forêt est le lieu du confinement infini
de l'épaisseur sans frontières
c'est notre océan
le vent soulève les embruns
à la cime des feuilles en vagues irrégulières
nous écoutons
le bruit sourd du monde
au delà de la forêt
et puis voilà
c'est le chant des hommes
qui s'élève
nous nous préparons à la danse des troncs
au rythme du bois
au bâton qui tremble dans le mouvement
les tambours s'élèvent
ils donnent le volume des profondeurs sylvestres
l'écho des feuilles est éblouissant
les mousses se souviendront de ce jour là
les ronces et le lierre déjà s'interrogent
quand ?
Karl
le drap dans la forêt
les carnets web de la grange
la
dureté
des cristaux
les facettes du verre taillé
mais aussi
le
mouvement
rapide de la lumière
le temps
une combinaison
du soleil et
du gel
un certain
climat mental
de la poésie en général
poésie
une inversion
une contradiction du flux temporel
le poème
n’arrête pas le temps
il le contredit et le transfigure
le temps
s‘écoule autrement que dans l’histoire
et dans ce que nous appelons la vie réelle
la poésie est
connaissance
salut
pouvoir abandon
opération
capable de changer le monde
l’activité poétique
est révolutionnaire par nature
exercice spirituel
elle est
une méthode
de libération intérieure
la poésie révèle ce monde
elle en crée
un autre
l’homme acquiert enfin
la conscience d’être autre chose qu’
un pur passage
dimanche, octobre 27, 2019
éloge de la véhémence
ardeur
chaleur
bouillonnement
feu
fougue
violence
impétuosité
emportement
flamme
exaltation
frénésie
vivacité
passion
élan
force
enthousiasme
pétulance
vigueur
virulence
animosité
action
furie
intensité
mouvements de l'âme
éloquence
énergie
Véhémence
force
intense
impétueuse
d'
un sentiment
d'
une idée
ou de leur expression
Véhémence
d'
un amour
d'
un désespoir
d'
un désir,
d'
une indignation
véhémence
d'
une attaque
d'
un propos
vivacité extrême
énergie passionnée qui anime
une personne
parler avec véhémence
MŌRIAS ENKŌMION. ÉLOGE DE LA FOLIE
Lettre à Thomas More
Déclamation d’Érasme de Rotterdam
Exorde
Gloire aux anciens sophistes
Un discours improvisé
Définition du sujet
Comment distinguer le fou du sage ?
Le snobisme du grec
Qui était mon père
Le lieu de ma naissance
Mes compagnes
Mes pouvoirs
Je suis l’origine de la vie
Je rends la vie agréable
Les bébés et les vieillards
Mes métamorphoses et celles des autres
Je gouverne les dieux
La raison est impuissante
Les femmes
Les banquets
L’amitié
Le mariage
Je suis le ciment de la société
La vanité
La guerre
Les sages en politique
Les sages en société
Le peuple
Les dirigeants
Les sciences
Les apparences et la réalité
Le vrai sage est un fou
Je rends la vie humaine supportable
Les sciences sont mauvaises
Les savants sont fous
La science rend la condition humaine misérable
La folie, c’est le bonheur
Les fous des rois
Le bonheur des sots
La mauvaise et la bonne démence
Les diverses sortes de folie
Les chasseurs
Les bâtisseurs
Les alchimistes
Les joueurs
Les croyances miraculeuses
Les grands saints auxiliaires
Les indulgences
Les psaumes magiques
Les petits saints locaux
L’océan des superstitions
La vanité rend fou
Les nobles
Les artistes
Les vanités nationales
La Flatterie
Le bonheur de l’illusion
Je suis la seule protectrice de tous les hommes
Mon culte est universel
La folie des hommes vue de la Lune
Les maîtres d’école
Les gens de Lettres
Les poètes
Les orateurs
Les écrivains
Les jurisconsultes, dialecticiens et sophistes
Les philosophes
Les théologiens
Leur vanité
Leurs « questions »
Leurs écoles
Les apôtres ne connaissaient rien à la scolastique
Leurs condamnations
Leurs délires
Leur langue barbare
Les soi-disant religieux et moines
Leurs règles
Leurs pratiques
La rhétorique des prédicateurs
Les rois et les princes
Les courtisans
Les prélats
Les cardinaux
Les papes
La gabegie de la Curie romaine
Les papes guerriers
Les évêques allemands
La chaîne infinie des délégations
Mes adages préférés
L’autorité des grands auteurs païens
L’Ancien Testament
Les exégèses mensongères
L’ignorance des théologiens modernes
L’extermination des hérétiques
Le Nouveau Testament
Dieu aime les fous
La folie, circonstance atténuante
La religion chrétienne
Le délire dévôt
La règle de la vie pieuse
Je suis le souverain bien
L’extase mystique
Péroraison
Maxence Caron
Bloc-notes de septembre 2019
La Folie contre l’insensé
Remarquable et récente édition bilingue, aux Belles Lettres, de l’Éloge de la folie : un précieux et unique accès au véritable texte d’Érasme. Cette œuvre capitale ouvre ainsi la plénitude de son intelligence. La richesse de son titre frappe : laus stultitiæ, dont le sous-titre précise que ce n’est pas seulement « la folie qui parle », mais aussi Érasme. Il ne parle pas d’une folie qui fût insanité, mais de stultitia, de stupeur, d’innocence hébétée : non certes par le monde, que dénonce l’énergie de cette stupeur primordiale, mais par la profondeur même de la conscience capable de revenir à cet étonnement premier et qui, habitant ainsi le point haut de son mystère, décrit dès lors si magistralement le péché du monde. La liberté même de la conscience, la différence entre la conscience et le monde, est un sujet d’étonnement sacré : et au regard des immanentes normes du monde, la différence de l’esprit dans l’homme est une folie. Habiter cette dimension spirituelle, en faire le choix, revient donc à voir la liberté choisir de ne point déchoir : c’est la « folie » qui choisit la « folie ». Puisque les hommes sont insanes, il s’agit, en revenant à la source d’une inadaptation sacrée avec le monde bestialisé, de faire réussir la folie parmi l’insensé. Pour cela, il faut laisser parler la folie : qu’elle prononce de soi le bon discours, soit (en grec) l’eu-logos, l’eu-loge, l’éloge.
« Dieu a convaincu de folie la sagesse des hommes » et « la sagesse de Dieu est folie pour les nations », disent les Écritures : le prêtre Érasme le sait, qui dresse ainsi contre le monde et ses ronflantes pompes l’instance d’une folie théologale. Cette folie dénonciatrice des ahuris qui vont à la mort, c’est la folie des Prophètes bibliques que la foule persécute, la folie du Verbe que le péché crucifie. Contre l’insanité des réformateurs qui ne parviennent pas même à voir qu’il y a errance et aberration à vouloir réformer l’Éternité, contre l’ultravagance des « tolérants » qui se croient « avant-gardistes » lorsqu’ils agitent la mollesse des bas-fonds de l’opinion du monde, Érasme brandit la folie du Logos qui parle jusqu’à la Croix et dont la parole excède la causalité du monde. Cette folie propre à la Vérité et qui fait enrager le monde contre elle, c’est celle de la plus haute figure de sagesse, d’humanisme et de philosophie, celle du « fol en Christ », de saint François, le mendiant d’Assise, qui pour vêtir les pauvres se mit lui-même à nu et fut renié par son propre père. Le fol en Christ ne renverse pas l’ordre de la Vérité, il l’incarne, au point de porter la tension de la contradiction existant entre la Vérité et le monde, de porter la Croix, et jusque dans sa chair qui reçoit les Stigmates de la Passion.
La folie à qui Érasme remet son éloge est une folie relevant d’une réalité autonome et qui fait éloge de soi-même. Elle dit d’elle-même le bien qu’elle constitue, elle est pour soi Eu-Logos : « Éloge ». Confrontation entre le Logos de la Vérité et le monde, la folie à qui Érasme donne la parole est ainsi la Croix de l’Eu–Logos, la Croix que porte avec soi la Parole véritable, la Bonne Parole, l’Eu–angelium, tous synonymes de l’étymologique Eu-loge. Cet eulogique éloge de la Vérité est folie aux yeux de l’insensé dont le monde est le dieu. Il faut accepter d’être fou de cette folie sacrée, contre laquelle crache la meute mondiale, pour naître à la Vérité que l’on contient. L’autonomie de la folie qui est la Différence du Logos par rapport aux décisions du monde, cette folie est le contraire de la soumise indocilité des bourgeois-rebelles et autres dégénéreux tenanciers de « progrès » qui, de Luther à Woodstock en passant par l’écolo-panthéisme et les goulags végétariens, insultent par amour et condamnent par charité. L’éloge que fait de soi la folie est le contraire de la course de ces imbéciles à la digestion de leur être par l’immanence de l’ordre établi – établi par la nature, la politique, la culture ou la contre-culture. L’éloge de la folie appelle une révolte infiniment plus radicale que celle des séditieuses bedondaines qui crapouillotent deux slogans aux heures des congés ouvrables : cette révolte se nomme conversion, elle est un retour du regard à l’exigence que demandent non pas les limbes de l’ombilic mais les anormées raisons de l’Essentiel. Il y a si peu de fous dans cette quintessente folie… Tandis que d’insensés il y a superfétation qui, puisant au plus profond de leur interchangeabilité, courent les rues en s’imaginant avec fièvre et fierté qu’ils sont « fous », « spéciaux », « différents », « originaux » tout en jacassant leurs si mitoyennes et si quotidiennes unicités. Il faut beaucoup d’amour de la Vérité, beaucoup de philo-sophie pour accepter contre la pléthocratie des insensés la Croix de la Vérité et la folie de la Croix. À l’égard d’un monde si satisfait de la tristesse d’être aveugle, ceux qui ne se sont pas fait solitude pour l’amour de la sagesse vivent déjà dans l’enfer et hurlent « tu es folle » à l’insaisissable liberté de la sagesse qui vient de Dieu.
La folie sacrée raille les fous par son éloge même. Un pari vital est ici proposé à la conscience d’homme, dont celui de Pascal ne sera qu’un cas particulier : vaut-il mieux d’être fou avec les hommes plutôt que de l’être avec Dieu. Faut-il se fondre dans le croissant enfer présent ou accepter d’accueillir le Paradis qui est, qui était et qui vient. On notera que je ne fais pas usage du point d’interrogation.
Maxence Caron
Dieu est
dans son palais de cristal
je
veux dire qu'il pleut
Il pleut
les dernières fleurs
que l'automne a maintenu
obstinément sur leurs branches exsangues
se chargent de diamants
dans chaque diamant
un ciel
un palais de cristal
un Dieu
regarde cette rose
ARROSA
elle
porte en elle
une autre rose d'eau
et si nous la secouons
vois-tu
une nouvelle
fleur brillante s'en détache
qui
pense le plus profond
aime
le plus vivant
Le désir de Dieu
est inscrit dans le cœur de l’homme
car l’homme est créé par Dieu
et pour Dieu
Dieu
ne cesse d’attirer l’homme vers lui
et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera
la vérité et le bonheur
qu’il ne cesse de chercher
De multiples manières
dans leur histoire
et jusqu’à aujourd’hui
les hommes ont donné expression à leur quête de Dieu
par leur croyances et leurs comportements religieux
prières sacrifices cultes méditations etc.
Malgré les ambiguïtés qu’elles peuvent comporter
ces formes d’expression sont si universelles
que l’on peut appeler l’homme
un être religieux
Mais ce
rapport intime et vital qui unit l’homme à Dieu
peut être oublié
méconnu et même rejeté explicitement
par l’homme
De telles attitudes
peuvent avoir des origines très diverses
la révolte contre le mal dans le monde
l’ignorance ou l’indifférence religieuses
les soucis
du monde et des richesses
Mt 13-22
le mauvais exemple des croyants
les courants de pensée hostiles à la religion
et finalement
cette attitude de l’homme pécheur qui
de peur
se cache devant Dieu
Gn 3,8s
et fuit devant son appel
Jon 1,3
Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu
Ps 104,3
Si
l’homme peut oublier ou
refuser Dieu
Dieu
lui
ne cesse d’appeler tout homme
à le chercher
pour qu’il vive et trouve
le bonheur
Mais
cette quête
exige de l’homme
tout l’effort de son intelligence
la rectitude de sa volonté
un cœur droit
Ps 96 11
et aussi
le témoignage des autres
qui lui apprennent à chercher
Dieu
samedi, octobre 26, 2019
La Espiral
tout simplement
parce que j’aime la figure de la spirale
et son ouverture sur l’infini
loin devant
et aussi
loin en arrière
la spirale
est
une ligne
intelligente qui
sait prendre tout son temps
elle
revient sur elle-même
mais
ne coïncide
jamais
avec
ce qui s’avère
un point
de non-retour
elle est
le mouvement
de la conscience qui
modèle le
devenir