samedi, janvier 30, 2021






un feu de cheminée
sa chaleur enveloppante

ses flammes 
qui me réchauffent










je me suis assise 
sous le rond lumineux de la lampe  
la nuit m’encercle sans bruit sans parole  
sans déposer d’ombres sur la table 
ni mouvement 
ni souvenir  
juste mon affliction pour compagnie 

les yeux lourds 
dans la chaleur enveloppante 
de l’âtre de la cheminée 

le feu aux joues

je m’endors

la femme qui m’accueille s’adresse à moi sous les traits de ma mère  c’est une évidence soudain  ma mère est encore vivante  prévenante attentionnée  elle s’occupe de moi

je me réveille à ses côtés

elle me conduit dans 
une autre pièce sa main dans la mienne

je la suis

en rêve 

souvent le moment le plus banal  le plus ordinaire  d’une vie  c’est aussi celui où  sans y prêter attention  tu te retrouves à quelques mètres d’un lieu  d’une personne qui un jour  dans une semaine ou un an  jouera un rôle décisif 

je regarde brûler les dernières bûches les flammes se froisser avec l’envahissante sensation de n’être que deux yeux qui regardent  pendant que moi je suis ailleurs  sans savoir où exactement


Akureyri Islande : 21:03

l'espace d'un instant #5

LIMINAIRE


***





cette sorte d'intuition qui 

grâce à l'intensité de l'adoration

naît chez l'homme 

parvenu au parfait détachement

c'est l'énergie même du Bienfaisant

 

qu'on l'évoque perpétuellement 

et l'on s'identifiera 

à lui


























il n'existe plus pour elle 

de lieu 


il n'y a plus pour elle

de libération






















lien et libération 
ne sont que deux épouvantails 
à l'usage 
d'

un être terrifié 


cet 
univers apparaît 
comme 

un reflet 
dans l'intellect 
à l'image du soleil sur l'eau



tout 
cet univers 
est privé de réalité 
à l'image 
d'

un spectacle fictif

quelle 
est la réalité 
d'

un tel spectacle 


si l'on est 
fermement convaincu de cette vérité
on acquiert la paix

comment 
y aurait-il connaissance 
ou activité 
pour 

un Soi 
affranchi de toute modalité 




les objets externes 
dépendent de la connaissance 
et partant de là

ce monde est vide



































il y a cinq mille ans

Devi assise sur les genoux de son bien aimé - Shiva, l'écoutait lui décrire les 112 méthodes de transformation de l'énergie sexuelle vers des états de conscience et des potentialités cachées. 

Ils inventaient le Tantra. 































Cinq mille ans plus tard, les disciples de Bhagwan Shree Rajneesh ont redécouvert la Vigyana Bhairava Tantra, Le Livre des secrets commenté dans cet ouvrage.

C'est peut-être l'ouvrage spirituel le plus explosif de toutes les traditions. 

Loin d'inviter hommes et femmes aux frustrations du monastère, il préconise le plaisir et l'abandon comme voie de la renonciation. Le sexe et le sacré se rejoignent et sont associés, le monde et le divin ne font qu'un. 

L'énergie sexuelle est la seule énergie que nous connaissons, dit Bhagwan ; 

apprenons à la maîtriser et elle peut devenir plus puissante qu'une explosion atomique.


le livre des secrets

Bhagwan Shree Rajneesh

spiritualités vivantes Albin Michel





















la lumière du soleil 

est le moteur général de toutes choses


c'est le Mercure 

qui éclaire dans la prison des corps

qu'il pénètre


lumière qui éclaire dans les ténèbres


***























note-rapide

impossible de lire le journal
la lumière du soleil passe au travers
fend le papier et rend l'ensemble illisible

trop de dehors

M. Actis
les paysages avalent presque tout
poésie

160/200






































voici que mon regard

est enchanté par

son aspect...


l'inconnaissable 

l'insaisissable le vide 
et ce qui n’accédera jamais à l'existence 
je l'imagine comme...


l'illumination...




























amour et raison 

font mauvaise compagnie

de nos jours


le livre de la bonne et de la mauvaise fortune

nous avons tous de la chance
d'être également éclairés par le soleil

nous avons tous de la chance
de profiter également de l'été

mais notre amour est sans pareille



étant le même à l'égard d'amis et d'ennemis 
le même dans l'honneur 
et le déshonneur 

grâce 
à la parfaite plénitude 
ayant compris cela qu'on soit 
heureux


le meilleur des hommes apprend
par lui-même comment
apaiser autrui


ne rejeter personne
et

ne rien dégrader
sont d'

un esprit avisé



comme le temps est trop court
lance une partie 
de ma vie

dans le sillage des oiseaux 
mange et bois



ayant fixé ma pensée 
sur l'espace externe qui est éternel

sans support vide omnipénétrant et 
dépourvu d'opération

je me fonde alors dans 
le non-espace





































vendredi, janvier 29, 2021




alors 
qu'
elle perçoit 

un objet déterminé 

la vacuité 
s'établit peu à peu à l'égard des autres 
objets 




















ayant médité 

en pensée sur cette vacuité même

bien que l'objet reste connu

elle s'apaise































j’ai connu 
ses différents visages 

naufrage scolaire
inadaptation sociale
dépérissement amoureux
débâcle financière
déroute spirituelle 
et ce corps qui 
peu à peu 
se lasse

cette 
conscience viscérale 
d’

un effondrement


































ce savoir-faire de la défaite
m’a insufflé la force
face aux petites certitudes 
victorieuses des autres
de rester debout
d’enjamber les faux-semblants 
l’invective facile 
comme l’ivresse factice



je 

regarde 

le ciel 


je 

parle 

seul dans la nuit






















ce monde ne ment pas

aucune de ses apparences ne trompe

ses images n’ont rien d’illusoire

tout ce qui nous entoure est vérifiable

avéré

réel


cette peau 
de cerf sous mes doigts 
ne prend pas l’adroit archer pour mirage


































Voyez ! ces torchères, autour de vous  consumant la récolte d’huile de l’an et ces tambours aux fines membranes animales  et ces danseuses et ces prêtresses  parées pour l’ivresse propitiatoire  toutes ne servent-elles un roi dont le plaisir ici fait loi ? 


je te connais

tu es celui que l’on nomme 

l’Énigmariste 


mon peuple n’est plus

voici son message dont la charge me fut confiée


nul ne m’a instruit 
de cette écriture que je n’entends 
hélas, pas plus 
que vous


celui-là se nomme 

Severnus

l’Énigmariste 

grammairien du vide 

orateur du silence

il ne sait rien



L’énigmaire

Pierre Cendors 

Quidam éditeur 

2021

























Il y a 

plusieurs générations, suite à la destruction de l’écosystème de la Terre, l’humanité a du choisir entre s’enfouir sous terre pour survivre, ou s’échapper dans l’espace. 

Envisageant de s’y réinstaller après sa régénération, les humains sont attirés par une zone interdite, un lieu étrange où tout commence et s’achève à la fois. 

































C’est à cet endroit que les protagonistes de ce roman se rendent en pèlerinage à différentes époques, et même à plusieurs siècles d’écarts. 

Liés les uns aux autres, de manière inextricable et mystérieuse, leurs récits se trament, s’entrecoupent et se font écho. 

Les différents destins et les multiples temporalités de l’intrigue sont autant de pièces narratives d’une mémoire parcellaire à reconstituer. 

Un récit éclaté qui joue avec les codes de la science-fiction pour inventer un lieu où convergent tous les récits dans une quête métaphysique et poétique des origines.

































premier commencement 

de toute aptitude à la grandeur

souveraine

divine

ouverture sans retrait

ne mets pas sens dessus dessous 

mon insistance en toi en 

une inversion 

sauvage et violente  brutale…























dans 

une libre interprétation pensante 

la vérité l’éclaircie

l’Être de l’errance 

l’err-eur sur le modèle de « grand-eur 


n’a d’autre site

que ce site


mais qu’en est-il de l’inversion 

?




















 

j'entrevois

une jolie idée

pour

une petite fantaisie

que j'appellerais

l'Autel des morts...


je vois mon petit sujet

avec

une relative netteté

je crois...


mais c'est





















une idée après tout

une petite fantaisie qui ne contient

pas grand-chose...




je cherchais à saisir...

une idée...

un sujet...

de vagues formes confuses...


des conceptions imparfaites semblent frôler mon visage

avec l'ombre 

d'

une suggestion...

un battement d'ailes impalpables... 


y-a-t-il l'embryon 

d'

un conte...

l'amorce 

d'

une pièce  dans une chose...





















qu'on fixe le regard sur 

un récipient 

une cruche 

ou quelque autre objet en faisant abstraction 

de ses parois


lorsqu'on parvient à s'absorber en ce vide

à cet instant précis 

et grâce à cette absorption

on s'identifiera à Lui


























qu'on fixe le regard sur 

une région 

dépourvu d'arbres
de montagnes de murailles ou d'autres objets 

dans l'état mental d'absorption 

on devient 

un être 
dont l'activité fluctuante a disparu



si 

contemplant 

un ciel très pur

on y fixe le regard sans la moindre défaillance 

l'être tout entier étant immobilisé

à ce moment même 

on atteindra la Merveille 



























































L.A.Photographies
décembre 2020 janvier 2021





























 

jeudi, janvier 28, 2021


un battement appuyé...

un mouvement qui déplace les lignes... 


on s'intéresse à ce qui est là

au lieu de se tourner vers ce qui n'est pas là

par exemple

:

je ressens un désir

je m'intéresse au désir qui est bien là

et non 

à l'objet à atteindre ou à 

un état sans désir qui ne sont pas là





















la souffrance 

la misère

ce qui est lourd

difficile

complexe

c'est de se soucier

de ce qui n'est pas là...


vous ouvrez les yeux...

vous énumérez ce qui passe devant vos yeux...


il y a 

toujours pour vous 

quelque chose 

à voir


quelque chose

qui remplit la journée où vous vous trouvez

la nuit

où vous croyez dormir 

et vous oublier...



mon corps prend d’instinct... 

une immobilité animale... 


j’observe 
silencieusement les alentours 
de la pièce que je croyais déserte


mon corps 

continue d’avancer 

comme si 

je marchais dans le vide... 


certains jours

il faut juste finir ce qu’on a commencé

tout ce qui s’est évanoui

pour revenir se réfugier en soi ...



rien   nulle part   jamais 

avant tout  

quelque chose 

avant tout  

ensuite  

et

là-bas 




voilà que se dresse le mot

surgi de l’abîme sans-fond qui a accordé

ce dont nul fond

n’est capable

puisque seul le lien

avec le dit

permet à chaque chose de devenir chose

et disperse confusément

les sens dont on est en chasse




il 
est entendu 
qu’

un corps 
sonore mis en mouvement 

provoque 

une vibration 
qui va s’atténuant


mais 
pourquoi s’arrêterait-elle 


tous les sons passés résonnent encore...

extrêmement faibles 

dans 

un decrescendo infini


on ne les entend plus 

mais 

ils sont bien là...



une image fantôme 

s’imprime 
sur la rétine alors 
qu’

il n’y a plus rien

une étoile morte 
perdue au milieu de la voie lactée















mercredi, janvier 27, 2021


mais nous savons le commencement


l’autre commencement 

nous le savons à travers nos questions

c’est en sautant 

anticipativement que nous nous tenons prêts

à dire chaque fois 

oui et non


savants

nous ne le sommes à vrai dire 

jamais























mais pourtant

parce que nous sommes dans le savoir

nous questionnons loin au-dessus de nous

l’éclaircie...



c’est bien à l’Être qu’appartient

brisant puissance et impuissance

la décision

d’appeler 

le monde à entrer

en litige avec la terre

d’amener le dieu à l’urgence

et de faire advenir l’ample silence






















c'est un livre c'est un cube c'est une roue et elle est carrée

mais d'où vient 
ce doux accord avec le monde

?

l'ordre régit la musique

le même ordre règle la place des étoiles

et des plumes sur l'aile 

d'

un oiseau


si une chose touche votre cœur vous attire et vous donne une impression de plénitude c'est par elle précisément qu'il vous faut adorer le Seigneur suprême  il n'y a pas d'autre critère

















au centre de l'harmonie

une musique des plus célestes

telle est la vérité de l'univers


quatre 
chevaux comme 
quatre 
notes

un orage violet

on n'échappe pas à la soif du devenir en tentant de le parcourir de plus en plus rapidement comme tente de le faire l'homme moderne

on y échappe verticalement en n'importe quel instant tout comme on échappe au devenir du personnage du roman en n'importe quel instant non en améliorant son histoire mais en prenant intensément conscience que tout n'est que la conscience du romancier...


une abeille-étoile

une étoile-bourdon

une étoile

un pistil-volant

les rues vastes et silencieuses sont éclairées par les étoiles

le pays est grand comme un soleil

le son nous arrive de loin

les voix roulent comme des tambours


le Temps
a engendré jadis
les choses qui furent 
et celles à venir

du Temps
ont pris naissance 
les strophes

la formule est née du Temps


il faudrait suivre la voie du vide au ciel
augmenter pour diminuer
gagner pour perdre
mélangé avec sa demeure
comme l'abeille avec son miel




















symbole de Joyce
Constantin Brancusi 

1876-1957
Paris 
centre Pompidou  




























James Joyce 
Tales Told of Shem and Shaun

Three Fragments 
from Work in Progress 
1929 
étude





dans les années1920 le sculpteur avait déjà traité le thème de la spirale ésotérique et des cercles concentriques dans Cercles spirale et pyramides fatales 1926-1929

ce même motif a aussi inspiré  entre autres les amis de Brancusi  Francis Picabia et Marcel Duchamp 

mais ici  la spirale associe peut-être dans l’esprit du sculpteur  le souvenir des entrelacs celtiques ceux du manuscrit irlandais cher à l’écrivain The Book of Kells à l’évocation deWork in Progress dontTales Told of Shem and Shaunlivre les premiers fragments

la ligne  éternellement déroulée et enroulée sur elle-même  renvoie à la fois au monde cyclique et au développement de l’œuvre ouverte






cette 
oreille spirale
comme 

une image 
de l’auditif et du visuel 
combinés en Joyce, qui écrivit 
au moins autant pour l’oreille que pour l’oeil, 
et qui appela 

Earwicker

le personnage 
de sa dernière œuvre





























 

mardi, janvier 26, 2021

 

ce qui 
se meut et vole 
et se tient immobile

ce qui
respire ne respire pas 
et cligne

ce qui
ayant toutes formes 
soutient la terre


c'est 
ramassé 
en

un seul bloc




































à propos 
de la nature
on accorde que 
la philosophie doit la 
connaître comme elle est
que si la pierre philosophale 
est cachée quelque part c'est en tout cas 
dans la nature elle-même qu'elle contient en soi 
sa raison..

une 
pierre 
un enfant



































l’orage souterrain gronde

inaudible à la multitude


son amplitude s’étend au-dessus du monde 


lointain heurt de l’Être


monde et terre  depuis longtemps mêlés

brouillés dans le litige qui les oppose

retirent aux choses toute modestie
























le nombre 

se déchaîne dans la quantité vide

il ne donne plus jamais ni lien ni image


ce qui passe pour  étant  c’est ce qui  vit 

et pourtant la  vie  ne vit plus que de proclamer

le vacarme d’une opinion

que démode déjà la suivante




néanmoins ils veillent 

ceux qui  en secret  guettent

une mutation encore inadvenue 

lointain heurt de l’Être

au milieu du morne faire et de ses fabricats


















tu t’aperçois 
que le sachet de raisins secs était 
Refermable 
une fois que tu l’as éventré 
en tirant sur les bords 
de toutes tes forces 
que son contenu s’est répandu 
sur la table et sur le sol ...



c’est tout toi 
cette manie de ne pas lire 
les notices 
les mises en garde les avertissements 
de ne pas écouter les gens 
de ne pas prendre ton temps 
avant d’agir 
inconsidérément  






























prendrait-on au sérieux 

un poète 

qui lit les notices d’emploi 

?






Mémoire cash 
de Jean-Jacques Nuel