vendredi, août 28, 2020


dans la nature 

l’horizon 

est 

une illusion 


dans l’œuvre picturale

il est réel 


les lois de l’optique  

qui 

en face de l’objet naturel sont subjectives 

deviennent objectives dans 

l’œuvre d’art






les couleurs du peintre 

sont des objectivations des lois de l’optique 

en fonction du plaisir ou du 

déplaisir 

et donc 

des abstractions


par-delà la place particulière qui lui revient 

spécifiquement

l’art détermine la vision 

en général


la mémoire de tout l’art qui a été vu 

pèse sur le spectateur 

qui regarde 

un tableau 

en particulier ou reçoit 

une impression 

de la nature


l’art ne prend pas pour objet 

des objets mais la vision 

mise en forme 


*


et 

quelque chose 

de


ce chant

se détache



au-delà

du cube scellé

de l'espace


 au-dessus 

de la nuit de l'écrit

passe 

un astre de chair


sans nom

solitaire

périssable


qu'est-ce qui appelle 

?


pupille 

cherche

                      comment aimer

 

comment

                      aimer mourir 

d’aimer


le fil de la lumière

et 

le fil de la mort


tissent l'espace

éblouissant


le vrai nom de toute chose est caché

peut-être 

et 

inaccessible


et ce vrai nom 

si on le trouvait

mettrait en péril la réalité même de la chose 

car il pourrait bien être plus fort 

et plus vrai qu'elle


Ou bien 


le vrai nom des choses 

serait à ce point identique à celui qui le prononce 

qu'on ne pourrait percevoir 

que le silence.

Ophélie



feuille lente

dans l'air avec frissons


et 

pourquoi
























la randonnée 

renforce le squelette et les articulations

la randonnée 

limite les risques cardio-vasculaires

la randonnée 

lutte contre le surpoids et l'obésité

la randonnée

améliore la respiration

la randonnée 

entretient les muscles

la randonnée 

renforce le système immunitaire




la randonnée 

fortifie le cerveau

la randonnée 

diminue les accidents

la randonnée 

redonne le moral


la randonnée

entretient 

avec le temps

une relation particulière
























mobile 

translation

déploiement 

forces motrices 

rotation 


ou bien 

 

chambre noire

œil

glaucome

image 

rétine 

regard


*




viens chanter et t'asseoir

ce n'est pas le moment de discuter

une splendide table petite table

une splendide petite table


qu'est-ce qu'un homme

qu'est-ce qu'une femme

qu'est-ce qu'un oiseau


peut-tu ne pas siffler
































j’avais le projet

ça me reprend parfois d’

un roman totalement synthétique

sans

un mot de moi

fait de phrases trouvées ailleurs 

dans les livres des autres... 


un roman 

constitué de pièces rapportées 

comme les mains d’

un assassin 

cousues au pianiste 

par le Dr Gogol









c’était 

une expérience curieuse 

habiter à l’intérieur des citations, 

se glisser entre les guillemets tel 

un poisson


la vérité 

est que j’ai été très profondément atteint 

par la plus vieille tentation protéenne 

de l’homme 

celle de la multiplicité


le moi 

dans 

un certain sens

est comme 

une fente mobile 

qui se déplace sur 

un film

progressivement


dans la vie normale 

l’organisation bipolaire est presque permanente 


cependant 

les limites du moi 

et de ce qui lui est extérieur ou étranger 

ne sont pas absolument stables


enfin

même si l’on a pu constater 

qu’elle était loin d’être la seule

la dimension amoureuse court tout du long

entremêlant souvent avec humour 

envolées lyriques et retombées 

triviales 


le poème est plus beau si nous devinons 

qu’il est l’expression d’

un désir 

et non pas 

le récit d’

un fait


je pense aux draps de son lit

 

c’est bon

c’est du melon


pourquoi 

ne pas profiter de tout ce qui s’offre à nous 

dans ce monde 


au chalet du désir 

au palais des caresses 

à l’hôtel de l’exercice érotique

les ânes clignent des yeux



















c’est trop compliqué


d’être 

un homme


de travailler de dialoguer 

de s’étonner de sourire d’encaisser sans rien dire 

de ne pas douter de soi des autres 

c’est compliqué 

d’être curieux 

d’être ouvert 

d’être attentif 

d’être prêt au meilleur comme au pire 








de supporter la douleur 

l’abandon la déception la jalousie 


c’est compliqué 

d’aimer 

d’être sûr de soi 

d’être rassurant 

d’être fort 


c’est compliqué 

de ne pas en vouloir aux femmes 

à toutes les femmes d’éduquer des enfants 

de rester là 

de regarder la télé d’un air détaché 

de réprimer ses désirs 

de faire 


comme si 

c’était normal 

comme si 

c’était normal de vivre et de mourir 

comme si 

ce n’était pas révoltant humiliant désespérant 

comme si 

on n’avait rien de mieux à faire qu’attendre 


c’est compliqué 

d’accepter la mort de ses parents 

de ses amis et bientôt la sienne 

de ne pas succomber à la panique à la lâcheté 


c’est compliqué 

d’être propre bien habillé correct présentable 

de se contrôler 

de se maîtriser 

de se contenir 

de se respecter 

de manger avec des couverts 

de boire dans des récipients 

de se lever 

de se coucher 

de chier aux bons endroits et à heures fixes 

de se raser 

de bricoler 

d’être tolérant 

d’être indulgent 

d’être humain 


c’est compliqué 

de comprendre 

ou 

de cacher quand on ne comprend pas 

d’être ingénieux 

ou 

de cacher quand on ne l’est pas 

de s’habituer 

ou 

de cacher quand on ne s’habitue pas 

d’être furieux sans le montrer 

d’être triste sans le montrer 

d’être seul sans le montrer 

d’être là plutôt qu’ailleurs 

d’être prisonnier 


c’est si compliqué 


il prend 

un couteau sur la table 

et comme elle continue à parler avec des mots 

qu’il ne saisit pas 

il l’efface et il s’efface avec elle 


d’être 

un homme 

c’est trop compliqué 


on n’est pas là pour disparaître

Olivia