Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
samedi, juin 27, 2020
la manière de se tenir qui est celle
par exemple
de l’oiseau qui chante
nous l’appelons
chanter
la manière de se tenir de l’étant
qui est
nous l’appelons
être
traduire
n’est pas simplement
échanger
une langue étrangère
contre notre propre langue
mais
est ce mouvement
qui tra-duit
qui vous trans-porte
avec
la puissance originale de votre langue
à vous
au cœur de la réalité du monde
qui se fait connaître dans la langue
étrangère
il faut bien garder à l’esprit
ceci
il suffit déjà
et
seulement
qu’
un questionnement
s’inquiète de l’être
pour que l’être soit trouvé
mettre ainsi en question
rien qu’à ce titre
vous apporte la trouvaille essentielle
et
l’être ne
demeure cette trouvaille
que pour autant
et
aussi longtemps
qu’
une question persiste
à s’enquérir
de lui
seulement pendant ce temps
il l’être y a être !
car
le même est aussi bien percevoir
qu’être
le
commencement de la philosophie
occidentale
d’
Anaximandre
et de
Parmènide
la question
ne sera plus de savoir
si quelque chose est permis ou non
dans la pensée
mais d’y permettre toujours
quelque chose
on
est dérouté d’abord
tout est nouveau
ici
les idées
le style le ton
la coupe des phrases et jusqu’au dictionnaire
elle prend
tout à contre-pied
elle violente
toutes les expressions et les choses
chez elle
les paradoxes sont fondés en principe
le bon sens
prend la forme de l’absurde
on
est comme transporté
dans
un monde inconnu
les habitants
marchent la tête en bas
les pieds en l’air en habits d’arlequin
de grands seigneurs et de maniaques
avec
des contorsions
des soubresauts et des cris
on
est étourdi douloureusement
de ces sons excessifs et
discordants
on
a envie de se boucher les oreilles
on
a mal à la tête
on
est obligé de déchiffrer
une nouvelle langue
ce
cordon de phrases
est
un fil d’Ariane
parce que
je suis
dans
un labyrinthe
incomparablement plus déroutant
que le palais de
Crête
il
s’augmente à mesure que
je le parcours
il
se déforme à mesure que
je l’explore
ainsi
même en moi
quelque chose a traversé
ces saisons sans croître ni s’abolir
l’
alluvionnement
des heures a réservé certains espaces
témoins
et
tandis
que
je déambule
cherchant la raison de moi-même
dans ce terrain vague que je suis devenu
tâtonnant sur d’énormes masses de dépôt
tout d’un coup
je trébuche
au
bord
d’
une faille au fond de laquelle
le sol
ancien est resté nu
mesurant alors l’épaisseur
de cette matière
qu’il faut
que
je sonde et tamise
afin
de
retrouver
des assises et des fondations
l’emploi du temps
la métaphysique
recherche rationnelle
ayant pour objet la connaissance de l'être
esprit nature Dieu matière…
des causes
de l'univers et des principes premiers
de la connaissance
n’est proprement elle-même
que lorsqu’elle dépasse
le concept
ou du moins
lorsqu’elle s’affranchit des concepts raides
et tout faits
pour créer des concepts bien différents
de ceux que nous manions
d’habitude
je veux dire
des représentations souples
mobiles
presque fluides
toujours prêtes à se mouler
sur les formes fuyantes
de l’intuition
la grande erreur est de croire qu’on pourrait
en restant sur le même terrain
trouver derrière le mot
une chose
ou
il n’y a pas
de philosophie possible
et toute connaissance des choses
est
une connaissance pratique
orientée vers le profit à tirer
d’elles
ou
philosopher consiste
à se placer dans l’objet même par
un effort d’intuition
mon esprit
peut s’installer
dans
la réalité mobile
en accepter la direction sans cesse
changeante
philosopher
consiste à invertir
la direction habituelle du travail
de la pensée
H.B
ce réel
petit-bourgeois
le plus étroit qu’aucune société ait pu définir
a tout de même sa philosophie
c’est
le bon sens
ceci se trouve chez Barthes
dans
l’article des Mythologies
quelques paroles de monsieur Poujade
où l’on trouve
une analyse brève mais acérée non de ce qu’est
le bon sens
mais de ce que suppose en appeler
à celui-ci
c’est-à-dire de facto
s’en prétendre le garant
suggérer qu’on le possède en propre
à la manière
d’
un appendice physique glorieux
un organe particulier de perception
qui de plus puisque se présentant comme épousant tout le programme qui s’articule selon lui ne laisse de place à rien d’autre exclut tout autre possible
l’appel au bon sens est foncièrement totalitaire
et implique
sous l’évidence de son discours
tautologique
le refus de l’altérité
la négation du différent
le bonheur de l’identité
l’exaltation du semblable
le bon sens
bouche toutes les issues dialectiques
définit
un monde homogène
où l’on est chez soi à l’abri des troubles
et des fuites du
rêve
entendez
d’
une vision
non comptable des choses
dans
le chemin sa reprise la descente
et travaux en cours
dans
une autre forme de l'eau
dans
le temps accordé au rituel déjà
dans
chaque corps
dans
un fragment de dieu liquide
dans
le vieux monastère et les bruits de langue
le mélange des voix et des sonorités
la marche
dans
les proportions du silence
dans
les rues au milieu des trafics
dans
le parcours en accéléré
dans
la course pour
l’attente au milieu des fonctionnaires
dans
l’entour des bâtiments où
une escapade improvisée devient
une évocation filmique
dans
la suspension de la gravitation
dans
la traversée
son coucher de soleil
dans
les discussions en résumé de vie
jusqu’à l’angle d’
une rue
décrire
ce qui est en jeu dans nos perceptions visuelles
plutôt que d’en décrire
l’objet
guette mobile
sans dire
perçois tout
prends l’apparition ou viens et
je
nomade
débute comme brute et je suis
suis :
observation de la transformation
de toutes sensations physiques en émotions totales
vite saisies
impossible que jaillit
utiliser
pour y parvenir
une écriture diffractée
en forme de mosaïque
avec des phrases hachurées usant d’
une syntaxe disjonctive
reprise de jour à l’identique
chaque
où s’exerce
vide
l’emploi du temps
semblable au quotidien
A
jusque nuit
m’échappe au désœuvrement
structure le vide en découpes d’heures
comme régule le similaire
sécable
s’occuper s’éprouve en anecdotes
assume le rythme
biologique et les affaires courantes
ajout :
l’impulsion surmonte
l’insomnie habituelle
le soir
en acte réflexe
accepte à toutes
invites externes où
par l’accumulation calorifique
défile :
de jambes dénude
et le plaquage des décolletés
d’épaules serties de débardeurs
si résiste aux nombrils encadrés autonomes
l’imagination augmente que
dans chaque fête
se rencontre la fatale
en dépit,
le jour invective à haute voix
la maladie de la Tourette
celle :
du motif Albertine,
adoucie à la résurgence de celui :
la perte
lent,
Éric Suchère
Le Bleu du ciel
anthère
partie terminale
de l'étamine qui renferme le pollen
refrain liturgique repris
par le chœur entre chaque verset d'un psaume
chose
que l'on répète que l'on ressasse
qui manque de tonicité
qui manque de vitalité d'énergie
petite planète boule de cristal
qui
raconte
l'histoire
d'
un feuilleté de poussière
à
partir
d'
une étoile qui meurt
le fer
devient
la poussière
qui s'agglomère
pour former
une planète solide
les multiples facettes
de la personnalité de l'histoire se mêlent
un couteau
évolue
pour s'adapter
à
une nouvelle forme
le bassin naturel
s'étale dans les deux directions depuis
l'homoncule
petit être
vivant à forme humaine
que les alchimistes prétendaient fabriquer
et d'
un bond
jusque vers Pluton
vers la mort et la régénération
dans cet horlogerie
entremêlez le bassin et les étoiles pour former
le motif de la paléontologie et
du temps
il existe
en paléontologie
science des êtres vivants ayant existé sur la Terre
aux temps géologiques fondée
sur l'étude des fossiles
une loi
selon laquelle
l'ornementation et la complexification
précèdent l'extinction
le cœur synthétique
Adélaïde vient de rompre
après des années de vie commune
alors qu’
elle s’élance sur le marché de l’amour
elle découvre avec effroi
qu’avoir quarante-six ans est
un puissant facteur
de décote à la bourse des sentiments
obnubilée par l’idée de rencontrer
un homme et de l’épouser au plus vite
elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme
une vraie féministe le devrait
entourée de ses amies
elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle
elle tente d’apprivoiser le célibat
tout en effectuant au mieux son travail dans
une grande maison d’édition
en seconde partie de vie
une femme seule fait ce qu’elle peut
les statistiques tournent dans sa tête et
ne parlent pas en sa faveur
il y a
plus de femmes que d’hommes
et
ils meurent en premier
9782021425451
*
des jours sauvages
tandis qu’
une grippe foudroyante ravage l’Europe
une centaine de personnes
montent à bord d’
un ferry pour fuir le continent
pris dans
une tempête
les passagers font naufrage sur
une île inconnue
il faut construire
un radeau pour repartir
mais certains prennent goût à cette vie nouvelle
ils veulent rester
et protéger à tout prix
le secret de leur présence ici
un conflit couve
les passions s’exacerbent
alors que sera bientôt commis l’irréparable
le ciel et l’horizon demeurent vides
sont-ils les derniers survivants
?
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19
les mains s'agitent comme des lutins
20
la lumière me parvient d'un lieu caché
21
elle cherche un mode hygiénique
22
la vie déconcerte les coins obscurs
23
découvre d'étranges majuscules
24
les pierres seront comme tes seins
25
mon visage me regarde
26
la lumière joue à la nuit
27
j'interpelle le silence