jeudi, mai 15, 2025

pour les éveillés le monde est 
un et commun

mais chacun 
de ceux qui dorment 
s'en détourne vers son monde propre


le poète s’appuie


durant le temps de sa vie à quelque 

arbre 

ou mer 

ou talus 

ou nuage d’une certaine teinte 

un moment 

si la circonstance le veut


















il n’est pas soudé à l’égarement d’autrui 
















son amour 
son saisir
son bonheur 

ont leur équivalent dans tous les lieux 
où il n’est pas allé 
où jamais il n’ira 
chez les étrangers qu’il ne connaîtra pas 

lorsqu’on élève la voix devant lui 

qu’on le presse d’accepter des égards qui retiennent

si l’on invoque à son propos les astres 

il répond qu’il est du pays d’à côté 

du ciel qui vient d’être englouti

 

le poète vivifie puis court au dénouement

au soir

malgré sur sa joue plusieurs fossettes d’apprenti 

c’est un passant courtois 

qui brusque les adieux 

pour être là quand 

le pain sort du four
















la seule signature au bas de la vie blanche
c'est la poésie qui la dessine


le feu 

est 

la monnaie de toutes choses et toutes choses sont 

la monnaie du feu   

       

comme l’or pour 

les marchandises et 

les marchandises pour l’or


90





















dis ce que le feu hésite à dire

soleil de l'air 

clarté qui ose

et meurs 

de l'avoir dit pour tous









l'observation est comme une flamme 
qui est attention 

et 

avec cette capacité d'observation 
les blessures 
le sentiment d'avoir de la peine 
la haine tout cela est 
consumé 
envolé










l'air
que je sens toujours prêt à manquer 
à la plupart 
des êtres 

s'il 
te traverse

une profusion et des loisirs étincelants






























à la fin de sa vie 

Claudel 

pensait que non seulement tout État dictatorial populaire ou démocratique mais aussi toute institution politique s’opposait par essence à l’esprit chrétien  

l’apparition sur terre du Dieu fait homme 
a frappé comme d’inanité tous les pouvoirs temporels  

l ' anarchie chrétienne  est le contraire de l’utopie  

pour Paul Claudel commentateur de l’Apocalypse tout pouvoir d’État est investi par Satan et se confond avec l’Antéchrist 

l’État quel qu’il soit Claudel l’identifie à la Bête de la terre en laquelle il voit le pouvoir temporel occupé à toutes les époques à faire fonctionner une société qui se passe de Dieu 

quand Jésus-Christ dit que son royaume n’est pas de ce monde ce n’est pas une parabole c’est très clair  

il ne reconnaît sien aucun royaume de ce monde