lundi, avril 21, 2025

apprendre à détourner les yeux de soi-même 
pour voir beaucoup 
de choses 


la libellule 

petit drone coloré et vif

affiche


la netteté 

la précision 

















je suis 
devant ma montagne la plus haute et mon voyage 
le plus long

il me faut descendre d'abord plus bas que 
je ne suis jamais
descendu 


la question du sens de l’être doit être posée 
















si elle est une ou plutôt la question-fondamentale alors un tel questionner requiert une transparence appropriée 

par suite il nous faut brièvement élucider ce qui appartient en général à une question afin de rendre visible à partir de là la question de l’être comme question insigne

qui s'impose ou qui est digne de s'imposer 
à l'attention













le présent
tire de la
substance
de la lumière
même la nuit
une forme
matérielle
et un rythme
grâce aux images
sur la rétine









tout questionner est un chercher 

tout chercher reçoit son orientation préalable de ce qui est cherché 

le questionner est 

un chercher connaissant de l’étant 

en son 

être-que  

et son 

être-ainsi  





je suis 
un voyageur et un grimpeur






























 

tourner à gauche et 
choisir la route de gauche


au poteau Saint Jacques 
prendre le chemin 
à gauche


au poteau Sault 
traverser 
la route


gravir 
la calade et monter 
par la rue Porte-Saint-Anne
vers le haut du 
village


















appel du sud
désir forcené
corollaires
bénédiction
de bleu
marché de fruits
amalgame







que toujours déjà nous vivions dans une compréhension de l’être et qu’en même temps le sens de l’être soit enveloppé dans l’obscurité voilà qui prouve la nécessité fondamentale de répéter la question du sens de l’ être 






























dans la nuit noire mes yeux s'ouvraient tout grands 
de vigilance mais aussi de désir 
de savoir



chacun comprend   

le ciel est bleu   je suis joyeux  

etc. 




seulement 




























cette intelligence moyenne
ne démontre guère 
qu’

une incompréhension 

ce qu’elle manifeste 
c’est qu’il y a a priori dans tout comportement 
dans tout être par rapport à l’étant 
comme étant

une énigme










voilà
où tu voulais
en venir
en lui
tournant
autour
comme
un serpent
à sonnettes




























mes yeux sont tombés dans l'eau


le papillon devenu peinture

des
yeux
sur les ailes

ailles 
d'ardoise

ardoise
bleue





rendre toutes les phrases synchrones
sans quitter le quotidien
ni le tempo de
l'existence 































les mots
c'est
en 
silence
qu'on parle
d'eux




petite rivière et fontaine colorée






l' être  est le concept  évident 

dans toute connaissance 
dans tout énoncé 
dans tout comportement par rapport à l’étant 
dans tout comportement par rapport à soi-même 

il est fait usage de l’ être  et l’expression est alors  
sans plus  
compréhensible 



























le concept 
d’ 
être  

est

indéfinissable 

c’est ce que l’on concluait de son universalité 


à
bon droit 
si 

definitio fit per genus proximum et differentiam specificam  

l’être 
ne peut en effet être conçu 
comme étant  

enti non additur aliqua natura 





























l’être 
ne peut venir à la déterminité 
selon que de l’étant lui est attribué

l’être 
n’est 
ni dérivable définitionnellement de concepts supérieurs 
ni exposable à l’aide de concepts inférieurs 

mais suit-il de là 
que l’ être  ne puisse plus poser de problème  

nullement 

tout ce qu’il est permis d’en conclure 
c’est ceci  


l’ être 
n’est pas
quelque chose comme 
de l’étant


par suite
le mode de détermination 
de l’étant justifié dans certaines limites 

la  définition  de la logique traditionnelle qui a elle-même 
ses fondations dans l’ontologie antique
n’est pas applicable 
à l’être. 

l’indéfinissabilité de l’être 
ne dispense point de la question de son sens
mais précisément 
elle l’exige





























il s’agit 

de grimper au Sycomore

pour voir


 

le Seigneur s’il vient à passer

















entre 
deux notes 
de musique il existe 

une note

entre 
deux faits 
il existe
 
un fait

entre 
deux grains de sable 
si contigus soient-ils il existe 

un intervalle



il 
existe 
un sentir qui 
est 

entre-sentir  

dans les interstices de la matière primordiale se trouve la ligne de mystère et de feu qui est la respiration du monde et la respiration continue du monde est ce que nous entendons et appelons silence





























combien 
j’aurai épié 

le flamboiement de la vie

ses tressaillements rouges et noirs les bruits qui parcourent la terre en cascades soupirs de jade rires en fleurs roulements de cris et de rocs 

j’aurai palpité
 
à tous vents tout ciel 
devant une motte de terre 
comme devant les gouttes de la pluie 

dès le jour levé la lumière à travers les rideaux montait ses couleurs d’angoisse elles se répandaient noires-rouges sur le mur le plafond dans les coins encore sombres 

mais derrière les paupières baissées que je pressais de mes poings fermés des étincelles éclataient et une fièvre une crispation me dressaient 

c’est en gerbes alors que la lumière s’enlaçait aux longues tresses d’oiseaux et de fleurs de ma chambre et que mon cœur à l’affût tremblait de désir 
















j’aurai aimé 

jusqu’aux grouillement 
des vertiges aux douleurs perçantes 
et  qui sait   

dans la vieille maison 
tout au bout de ses interminables 
couloirs de peur jusqu’au regard de ma mort  

Gina Labin-Bénichou  

Le Soliloque ou la mémoire 
José Corti 
1973