vendredi, décembre 19, 2025

20 notes préparatoires brèves 

entre poème et essai  

sur la géologie d’une chaîne de montagnes imaginaire 

dans un ton poétique à légère dérive 

fantastique 
















La chaîne est née d’un malentendu entre deux plaques l’une voulait fuir l’autre se souvenir


Les roches les plus anciennes gardent la chaleur d’un soleil antérieur à toute chronologie












Certaines strates ne correspondent à aucun âge connu elles semblent déposées par anticipation


Le schiste y se fend comme une pensée trop longtemps contenue


On trouve des fossiles d’animaux qui n’ont jamais existémais dont l’absence est attestée


Les sommets ne culminent pas  ils hésitent oscillant légèrement dans l’air froid


Une veine de quartz traverse la chaîne comme une phrase inachevée brillante et muette


La montagne centrale est creuse elle résonne lorsque le vent y entre, comme un instrument lent


Les éboulis récents contiennent des pierres déjà usées comme si elles avaient chuté plusieurs fois


À l’aube la géologie semble mobile les lignes de faille se déplacent à peine mais assez pour être senties


Certains minéraux ne réfléchissent pas la lumière ils la retiennent puis la rendent la nuit


Les glaciers fossiles sont faits de sel et de silence compacté


On a mesuré une lente montée verticale du massif corrélée  à l’intensité du regard humain


Les cartes géologiques vieillissent plus vite que le terrain qu’elles décrivent


Des roches volcaniques froides portent des inscriptions naturelles lisibles seulement en marchant


Les sources thermales émergent là où la montagne rêve  le plus intensément


Une couche de basalte noir absorbe les pensées trop lourdes  les marcheurs y repartent plus légers


Les failles ne séparent pas  elles relient des temps incompatibles


À grande profondeur la montagne n’est plus solide mais attentive


L’érosion finale ne détruira pas la chaîne  elle la rendra enfin lisible
















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