Anna
vient de Hannah en hébreu
grâce ou faveur
dans la tradition chrétienne
Sainte Anne est la mère de la Vierge Marie
elle symbolise la maternité la douceur la naissance
dans Finnegans Wake
Anna évoque donc la mère universelle
celle qui engendre le monde
la figure matricielle du féminin
Livia
vient du latin Livius ou Lividus lié à la couleur bleu-gris
celle de l’eau et du ciel
c’est aussi un écho à Livia Drusilla épouse de l’empereur Auguste
symbole de puissance féminine et de continuité impériale
ici Livia renvoie à la rivière Liffey le fleuve de Dublin
que Joyce transforme en femme
la femme-fleuve fluide nourricière et éternelle
Plurabelle
contraction poétique de pluriel et belle
plus d’une beauté multiple beauté
indique qu’elle est toutes les femmes à la fois
mère amante fille vieille déesse rumeur rivière
le féminin chez Joyce n’est jamais unique
il est collectif polyphonique infini
la femme-rivière
Anna Livia Plurabelle
=
la rivière Liffey
=
la femme universelle
=
le langage fluide
fonction symbolique dans le cycle du livre
elle ouvre et ferme le cycle
la rivière Anna Livia coule dans la mer puis s’évapore et
recommence en pluie comme le roman qui se boucle sur lui-même
elle pardonne la faute masculine
elle lave H.C.E. par son flot
comme une nouvelle Ève qui rachète Adam
elle porte la mémoire collective
ses eaux contiennent toutes les histoires, les mots, les rumeurs
la mémoire de Dublin et du monde
elle parle pour toutes les femmes
dans une langue mêlée
une pluriel-belle musique
Anna Livia Plurabelle
c’est la voix du fleuve et la voix du rêve
le flux maternel où tout renaît
elle est à la fois
Ève et Marie
Liffey et parole
corps et mythe
en
elle
Joyce
fait couler
le féminin cosmique
celui qui relie la terre au langage
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