samedi, septembre 07, 2024


quelquefois


 

dans un effort pour remettre le cap sur mon logis en fixant d'après les principes nautiques mes yeux sur l'étoile polaire cherchant ambitieusement mon passage au Nord-Ouest pour éviter de doubler de nouveau tous les caps et les promontoires que j'avais rencontrés dans mon premier voyage j'entrais soudainement 
















dans 

des labyrinthes 

de ruelles 

dans 

des énigmes 

de cul-de-sac 

dans 

des problèmes 

de rues sans issue ...



*


oubliant 

les choses qui sont derrière et tendant avec effort 

vers celles qui sont devant


je vais sortir 


il faut oublier aujourd’hui les vieux chagrins

l’air est frais et les montagnes sont élevées 

les forêts sont tranquilles comme le cimetière 


cela va m’ôter ma fièvre ...


épectase

un progrès de l'homme vers l'essence-ciel


















seul le silence a raison  

impossibilité de comprendre la réalité par les concepts



la démarche de Nâgârjuna 

démontre que toute prise de position intellectuelle toute construction conceptuelle est vouée à l’échec 

chaque concept peut être démonté ou nié 

tout comme l’existence d’un char
a pu être niée dans ses raisonnements 

cela signifie que tout ce que nous croyons comprendre de la réalité par des idées ou des concepts n’est qu’une illusion
















lorsque Nâgârjuna déconstruit nos idées sur l’existence il montre que les concepts humains sont incapables d’atteindre la vérité ultime car ils sont des fabrications mentales qui n’ont aucune validité en dehors de nos esprits 

il ne s’agit pas simplement de nier l’existence des objets mais plutôt de montrer que toute opinion ou prise de position ferme est elle-même une illusion


















longues promenades


collines avec la mer

soleil délicat

buissons des églantines blanches

fleurs sirupeuses aux pétales violets

douceur de l'amitié

sourires

plaisanteries et projets

jeu
















le monde sourit aux apparences 

pas de fausses notes

confiance

soleil et maisons blanches

bonheurs intacts



*




que désirons-nous donc 
à l'aspect de 
la beauté


c'est d'être beaux


nous nous figurons 
que beaucoup de bonheur 
y est attaché
















la neige et le mal de mer  

séance de poésie

ont emporté des routes entières


des kilomètres 

de vagues

de hêtres 

de fenêtres


c’est pareil le matin

quitté par quelqu’un que l’on n’aurait pas voulu

quitter

et qui se glisse alors dans les cheveux




















G



temps

gelé

de plaisir

visage

coulant

de source

grâce

des traits

refigurés

boire

goutte

à goutte

ta beauté



lune de septembre  

attroupement d'ogres à l'auberge des rosées


flux de pensée sommaire



















la déconstruction de toute vérité selon Nâgârjuna


Nâgârjuna 

avec une subtilité déroutante nous propose

une approche radicalement différente de la vérité 

pour lui toute affirmation conceptuelle est intrinsèquement fausse 

les concepts humains ne sont pas capables de saisir la réalité ultime

si nous disons qu’un objet existe 

nous avons tort 

si nous disons qu’il n’existe pas

nous avons aussi tort


en fait toute tentative d’affirmer quelque chose sur la nature de la réalité mène à un non-sens


















ce que Nâgârjuna nous enseigne c’est que si nous cherchons à éviter l’erreur, nous devrions nous abstenir de parler de la réalité en termes d’être ou de non-être. 

l’idée la plus juste pour lui serait de rester dans le silence car toute tentative de verbalisation de la réalité nous emmène inévitablement dans l’erreur




















en arrive un autre et recommence le ciel


écaille 

eau couleur 

feuille

azurs nouveaux


impénétrables et impensables 


















E

eux ou elles

ou lui

et elle

yeux

buvant

pores

s'aspirant

esprits

se lisant

et chacun

brûlé

de leur feu























le silence comme réponse à l’inconnaissable



pour Bouddha comme pour Nâgârjuna la vérité ultime dépasse les capacités des mots et des concepts humains 

lorsque confronté à des questions comme  le soi existe-t-il  Bouddha choisit de garder le silence 

cette réponse est non pas une absence de réponse mais une reconnaissance que les concepts tels que  existence  et  non-existence  sont inappropriés pour exprimer la nature de la réalité 

en choisissant le silence Bouddha évite de s’engager dans des affirmations erronées et de créer de nouvelles illusions




















ce silence de Bouddha rappelle la démarche de Ramana Maharshi qui gardait souvent le silence face aux questions sur la nature du soi  Il est aussi comparable à l’épisode où Jésus garde le silence devant Ponce Pilate soulignant la notion que la vérité ultime n’est pas accessible par des discours ou des concepts traditionnels  Ces moments symbolisent la reconnaissance que la vérité transcende le langage et la dualité et qu’elle est connue par un autre mode de connaissance



























se déplacent les renards aux bords 


des forêts comme voix en fuite les paysages lumières que l’ombre 

des cils allonge 

déforme confond et sons 

de sel et 

de soleil




le renardeau dans les chrysanthèmes des champs se cache
























la simultanéité de l’être et du non-être

Nâgârjuna 

nous invite à comprendre 
que la réalité est multidimensionnelle


ce que nous percevons peut à la fois exister et ne pas exister  

l’existence n’est pas une propriété fixe mais 

une relation conditionnée 


les phénomènes apparaissent à nos sens  mais 

ils sont vides d’essence propre


c’est cette coexistence 

de l’être et du non-être qui est au cœur de la vacuité 

















en fin de compte Nâgârjuna ne rejette pas l’idée 

que nous percevons des objets ou des phénomènes 

il nous demande de réexaminer la nature de ces perceptions  

ces objets bien que perçus ne sont pas ce qu’ils semblent être 

ils n’ont pas d’existence intrinsèque et pourtant 

il y a quelque chose 

ce  quelque chose 

est à la fois une apparence une illusion et 

une réalité conditionnée



la simultanéité de l’être et du non-être n’est donc pas une absurdité mais une invitation à sortir de la pensée dualiste et à embrasser la complexité et l’interdépendance de la réalité


















 Laura Fusco


Tous les astres déjà pouvait voir la Nuit/De l’autre pôle… 

traduction de l'italien par Danièle Robert


Cités, champs, langues bleues de mers bleues.























S’accroche à mille miroirs, déborde

Se cabre coagule se redissout

la course des ocres qui deviendront verts,

et le devoir s’en aller d’où s’attache le cœur,

et puis le souffle d’une autre lumière le défait aussi

et en arrive un autre et recommence le ciel,

écaille eau couleur feuille,

azurs nouveaux

impénétrables et impensables.

Se déplacent les renards

aux bords des forêts comme voix,

en fuite les paysages, lumières

que l’ombre des cils allonge, déforme, confond,

et sons de sel et de soleil.

La neige et le mal de mer

ont emporté des routes entières

et des kilomètres de vagues, de hêtres, de fenêtres.

Et c’est pareil le matin

quitté par quelqu’un que l’on n’aurait pas voulu

quitter,

Et qui se glisse alors dans les cheveux.

Et lorsqu’il le fait tout est là,

tout concorde,

c’est la maison

où elle est en train de se lever.

Elle dit :

Bien des fois j’ai pensé à…





D’où vers où ? (traduction D.R.)


Elle dit :

Très souvent j’ai pensé rester immobile.

Sans souffrir.

Sans désir.

Les yeux clos.

À l’écart du bien et du mal.

Du péril d’une question, ou d’une vague

ou de la soif.

Du poids sur le cœur

du doute d’avoir tort de partir.

De rester.

Intérieurement

elle ne comprend pas le vent,

parle trop de langues à la fois.

Aller et retour :

d’où vers où ?

Luzerne et luzerne.

Rien à faire pour vivre.

Tout à faire pour guérir.

Mais comment faire ?



*



elle dit 

très souvent j’ai pensé rester immobile


sans souffrir

sans désir

les yeux clos

à l’écart du bien et du mal




intérieurement

elle ne comprend pas le vent

parle trop de langues à la fois


aller et retour 

d’où vers où