mercredi, février 28, 2024



nos yeux

nous rendent muet 

l’univers 


aveuglés par nos yeux

nous ne faisons plus attention au son 

des choses





















si vous voulez vous en rendre compte il y a une expérience très simple que vous pourrez faire pendant les vacances Prenez un ami curieux comme vous des choses psychologiques bandez-vous les yeux et demandez-lui qu’il vous conduise en forêt Vous aurez là toute une révélation du monde sonore de la forêt Vous n’avez jamais entendu ce que vous entendrez ce jour-là C’est que votre regard vous disperse en temps ordinaire vous regardez les choses mais vous ne les écoutez pas


écoutez vous allez entendre votre pas qui donne un certain son sur les feuilles desséchées sur les feuilles mortes vous allez entendre le bruit que fait une branche qui se casse quand le bois est d’une telle espèce le bruit que fait votre passage sur des feuilles de coudrier qui sont à l’état de velours le bruit que fait votre ami quand il passera sur des feuilles de chêne qui sont lisses et dures Vous aurez là une immense révélation du bruit des choses


Extrait 
du cours du Professeur 
Marcel Jousse à la Sorbonne le 26 janvier 1933 

le rejeu des gestes auriculaires


















ma science 

ne peut être qu’

une science de pointillés


je n’ai 

ni le temps 

ni les moyens de tracer 

une ligne continue


seul 
Jousse 
peut vraiment comprendre 
Jousse



















l’autorité de l’expérience personnelle

prendre conscience de soi-même

pas de disciples mais des collaborateurs

le professeur qui ne veut pas que vous pensiez comme lui

un professeur qui veut être dépassé par ses élèves

se mettre en face des choses

observer les faits

vérifier les lois

donner du réel quoi qu’on en dise


prendre conscience 

du réel 

d’une façon vivante et 

d’une façon anthropologique



le jour où vous me direz que vous êtes mes disciples je considérerais cela comme une abdication de vous-mêmes je veux que vous soyez les disciples du réel

si je ne suis pas qu’un montreur de réel et si je m’impose à vous au lieu du réel je ne serai qu’un déformateur et non pas le formateur comme je voudrais l’être ici
























le chemin 

une immobilisation 
étrange de tout ce qui auparavant était mouvement 

une attente aveugle
une écoute 

un tâtonnement empreints de doute

on croit 
que l'on va exploser
mais 

c'est de cette tension même 
que naît ce qui apporte la solution

la plupart du temps
c'est là où l'on ne l'attendait pas

































ce qui est petit
étroit 
quotidien 
n’est pas le non-sens 
mais 
l’une des deux essences 
de la divinité








un jour un jour qui ne dura pas moins de vingt-cinq mille ans les hommes du Paléolithique supérieur commencèrent à dessiner quoi donc ? la question du choix ne se posait même pas  les animaux étaient le seul objet possible 








































mangez une orange chaque matin


soyez gentil 

vous serez plus heureux


faites monter votre pouls à 120 pulsations par minute 
pendant vingt minutes d’affilée 
quatre à cinq fois par semaine 
en faisant une activité 
de votre choix

espérez tout

n’attendez rien
















occupez-vous d’abord 

des choses qui sont à portée de main

 

rangez votre chambre avant de sauver le monde

ensuite

sauvez le monde



















la proie exige la focalisation 

le regard qui isole 

qui restreint le champ visuel en un point 


c’est 

une connaissance 

qui procède par césures successives

en découpant des figures 

sur un fond 





















en les circonscrivant

elle les isole comme cible

 

le geste qui les découpe est d’ailleurs déjà 

le geste qui les frappe

 

sinon la figure ne naît pas


les mythes 

sont à chaque fois 

une superposition de profils coupés



en poussant à l’extrême cette modalité de la connaissance

en accumulant les profils 

on retisse la toile de fond d’où ils furent 

arrachés 


telle est la connaissance du chasseur


















Atemnot Souffle court


Marina Skalova


le temps se gondole

comme ces cartons mouillés

où l'on range nos vies

les plie et les déplie


die zeit, labberig

wie nasse kartons

 wir unsere leben falten                

und entfalten