mardi, octobre 29, 2024

la chaleur faisait trembler les pins à crochets 


une traduction

n’est pas toujours plus longue que le texte source

 

la traduction 

peut-être extrêmement synthétique 


l’activité de résumer est 

une activité de traduction 

ceux qui veulent une définition plus précise de la traduction 

sont dans des pinaillages 

qui tendent à aliéner la liberté de 

traduction

















lignes ce qui vient

un  éternel retour  n’est jamais celui du même

 

le point de vue a changé

et change tout

 

ainsi peut-on relire 



une phrase
arrive

description

parole qui
harcèle
sans répit

ajoute des
facettes




le temps viendra 
où il vous faudra tourner le dos 
au 

CHEMIN LONG

afin 
de consacrer
 
toute votre attention 
toute votre énergie
tout votre temps
au

CHEMIN COURT







































désiré ceci obtenu cela me suis enfui avec

l'aube et l'enfant

les mots

forment
à mesure une phrase

ils auront
fait un livre
et peut-être
une vie



je n'aime lire dans les livres que ce qui s'y trouve écrit































tout
est plus court
que le mot
et va plus vite
que la lèvre
qui veut
le dire





























alors je levai un à un les voiles

parmi

les cordons de soie
les gazes grises
les velours verts et les disques de cristal






























comme quoi somme toute les mots servent tout de même à quelque chose de sorte que dans son kiosque il peut sans doute se persuader qu'à force de les combiner de toutes les façons possibles on peut tout de même quelquefois arriver avec un peu de chance à tomber juste  Claude Simon

















lundi, octobre 28, 2024

distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau


admettons

cabinet de curiosités

images
fragments coloriés


tout ce que je désire
c'est le mot
qui révèle
le jour





























rien 
qu'un peu de lumière légère 
maintenant


une fatalité de bonheur




le chemin court 
rend les miracles possibles 
parce qu'il permet de franchir la porte 
du maintenant intemporel dénué de futur et de passé




tout 
est là
dans le violoncelle
et l'archet
l'arbre
et son 
croassement








































 

je peux tourner mon visage

vers le sud

ou le nord


je peux lever le doigt en l'air

ou le pointer 

vers le bas


mieux encore


je peux pointer mon doigt vers mon visage

pour y voir 

l'espace











voir 
c'est s'éveiller
à une vie
plus intense
plus grande
plus claire
et à un sentiment
inouï
de liberté

c'est 
connaître
la pure
joie
dêtre




science de la première personne



il sonne
une cloche de feu
rose dans les nuages






tourner
lever
pointer

voir
s'éveiller
connaître

être























le plateau
le soleil

le ciel
à ne plus pouvoir le voir


la solitude
sans l'absolu
est dure
noire

transparente
coupante
obsidienne





























les livres m'inspirent une curiosité frénétique 

certains ciels ont affiné mon optique


mon lire
est un peu
un fouiller
un sonder
pour faire 
saillir
l'extraction




saluer 
la naissance du travail nouveau
la sagesse nouvelle





l'apogée 
spirituel de la vie 
est ce moment spectaculaire 
où la conscience en arrive à se reconnaître 
et à se comprendre
































si 
l'on est différent 
il est fatal qu'on soit seul

nous marchons 
à tâtons dans un univers 
dont nous ne connaissons 
que les apparences les plus grossières

















pour l’homme normal 

la vie consiste 

à passer le temps à accroître sa richesse extérieure 

or cette dernière est éphémère donc sa vie est 

une éternelle insatisfaction 

il se concentre sur les forces reproductives 

manger sexualité 

et les jouissances de l’irritabilité 

voyages guerre

autrement dit 

l’homme normal se fuit 

il vit en dehors de lui-même




pour l’homme intellectuel

la vie est 

solitude choisie  

source d’enrichissement intérieur

il se suffit à lui-même et n’a rien à attendre d’autrui 

ses activités sont celles 

de la sensibilité 

penser et contempler 

font que 

son centre de gravité tombe en lui-même

















par 
une froide
journée d’hiver 

un troupeau de porcs-épics 


s’était mis en groupe serré 
pour se garantir mutuellement contre la gelée 
par leur propre chaleur 

mais tout aussitôt 
ils ressentirent les atteintes de leurs piquants 
ce qui les fit s’éloigner 
les uns des autres




























quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau le même inconvénient se renouvela de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable



ainsi 

le besoin 
de société 
né du vide et de la monotonie 
de leur propre intérieur pousse les hommes 
les uns vers 
les autres 

mais

leurs nombreuses 
qualités repoussantes et 
leurs insupportables défauts les dispersent 
de nouveau 


la 
distance moyenne 
qu’ils finissent par découvrir 
et à laquelle la vie en commun devient 
possible  
c’est 

la politesse et les belles manières
































un enlaidissement du monde 

progresse 
sans que l'on y prenne 
garde



l'espace est brutalisé 
les formes déformées
les sons malmenés 


jusqu'à modifier insidieusement nos paysages intérieurs


















l'apparat 

la pompe

le faste 

ont toujours eu pour fonction 

de donner 

une apparence 

de grandeur 

à ce qui n'en a pas

















le meilleur c'est un sommeil bien ivre sur la grève


le monde

tout ce qui arrive

les forces
de la langue
et du geste

les capacités
de délicatesse
et de
conviction



elle alla dormir sous un cyprès du cimetière local
































je cherche
un air noir

une boue
lumineuse

une heure
absolue



l'air marin brûlera mes poumons
les climats perdus me
tannerons






























Gracques 


est le nom donné à deux frères et hommes d'État romains Tiberius Gracchus et Caius Gracchus connus pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain durant la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C.  Tiberius en 133 av. J.-C. puis Caius entre 123 et 121


issus de la 
nobilitas plébéienne 
fils du consul Tiberius Sempronius et de Cornelia Africana 
ils sont les petits-fils de 
Scipion l'Africain


***




























au chapitre IX du Prince Nicolas Machiavel pose comme règle que le Prince doit non seulement vivre parmi ses sujets mais aussi asseoir son pouvoir dessus

toutefois en cas de temps de périls le peuple connaît une propension à se replier sur ses us et coutumes et par là même sur ceux qui en sont porteurs les magistrats

un Prince nouveau ayant mal fondé son pouvoir naissant risquerait en ce sens de se faire abandonner de ses sujets. 

témoins les 
Gracques qui si bons tribuns fussent-ils 
ne purent compter sur le peuple pour les défendre 
contre les Sénateurs  

dit Machiavel































tant de mains 
pour transformer 
ce monde
et si peu de regards
pour le contempler



le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation



nous dansons 
comme un bouchon 
sur un océan 
de vagues folles 
qui à chaque instant 
nous dépassent







































Julien Gracq

son pseudonyme littéraire doit beaucoup à sa fascination pour le héros de Le Rouge et Le Noir de Stendhal et à son admiration pour les Gracques dans l'histoire romaine 

il décide de prendre un pseudonyme littéraire afin de séparer nettement son activité de professeur de son activité d'écrivain





























dimanche, octobre 27, 2024


qu'est-ce que le temps

nuageux
avec
de belles éclaircies




elle trouve 
un vieux manuscrit déchiré
couvert 
de moisissure

le texte
commence par
nous voyons clairement

le reste est illisible













































le copiste
peut écrire
sans l'angoisse
de voir s'ouvrir
le vide
sous sa 
plume








































la froide fleur de givre brûle l'enfant à la langue curieuse


au
Centre 
où 

il n'y a personne 

cette lumière se dissout 

dans une Lumière encore plus puissante... 


ce 
Fondement 
est 
l'

Immobilité Indivisible

Immobile en soi 

cette Immobilité anime toutes choses







le Tao 
est toujours 
immobile 
et pourtant 
il n'est rien qu'il ne fasse


rien n'est stable 
rien n'est fixe 
rien n'est à l'abri du changement parmi les choses qui sont créées 
ni au ciel 
ni sur terre 

l'absolu seul est immuable



un
nuage
de points
commence
par
un


le chemin court offre une éclosion 

rapide

de la conscience 

intuitive


je plonge à la recherche 

de l'anneau


























regardez votre pied gauche 

vous voyez 

une chose


maintenant regardez 

vos genoux 
votre taille 
vos hanches 

vous vous situez toujours dans la zone des objets 
pas encore dans le pays 
de la lumière.

regardez votre poitrine 
vous êtes encore dans le pays des formes




























regardez maintenant au dessus de votre poitrine

que voyez-vous

tête

ou rien 


fiez-vous à ce que vous voyez 

pas à ce que vous pensez imaginez ou anticipez



lorsqu'

un homme est éveillé 

il fond et périt 

Rumi

















j'écrivais des silences


le but
est atteint
quand on lit
mot à mot
sans y chercher
ce que l'on est
habitué
à trouver

je fixais des vertiges



 

entomologiste
encyclopédiste
astronome
expérimentateur
scrutateur























les matériaux 
sont choisis 
comme on choisit
des coquillages 
en marchant 
le long 
de la plage



dans un brouillard d'après-midi tiède et vert


































pourquoi regretter un éternel soleil


ce qui est
déterminant
est
 
l'idée du soleil
dans la forme
des livres


les poèmes sont mis à disposition sur la page


les mots
font
ce qu'ils
veulent
ce qu'ils
doivent







une existence 
guidée par la poésie ne suit pas de modèle 
unique



















barque 
élevée dans les brumes

nous cultivons 
la brume




























samedi, octobre 26, 2024



l'éternité est là comme nulle part ailleurs 
appréhendée dans 
l'instant 
même


l'ibis
le chacal
le vautour et le serpent

n'attendent plus qu'un signe


le secret impérissable 
s'inscrit une fois de plus sur le sable































le tremblant
miroir
lunaire
reparaît
au front
de la nuit
couronné
d'épis 
et de tubéreuses






qui peut dire que le monde est déjà découvert


























j'ai essayé 
d'inventer de nouvelles fleurs de nouveaux astres
de nouvelles langues




il ne
suffit pas
que la poésie
parle autrement
il faut
qu'elle parle
d'autre chose
et autrement
d'autre chose






une fois le dernier mot écrit il est prêt à partir vers
un nouveau monde et
une autre réalité




























le poème
est construit
sur le vide

sous chaque
mot
il y a
le rien















soleil brouillé par la réfraction de la lumière dans les prismes de glace
































 

le combat 
pour le langage 
est

un combat politique


le combat
pour le langage
est aussi

un combat à l'intérieur du langage


Steve McCaffery
des carnets de notes



une écriture 
centrée sur le langage non seulement code son propre flux 
mais encode également 
son propre 
codage


















la main
conduit
chaque
ligne
noire
jusqu'à
son
retour








































traiter les choses   recommençant sans cesse


l'agencement 
la distribution 

créant 

une série 
une liste


la langue devient visible





























les mots
se donnent

les mots
se jettent

des mots
de toutes
la langue
connue


se tenir 
à distance de soi pour ne laisser surgir que 
le dehors















vendredi, octobre 25, 2024

 

GMH

un poète ardu

les quelques amis qui de son vivant composèrent tout son public ont sans cesse quêté auprès de lui des éclaircissements    

il les leur accordait mi-amusé mi-attristé mais sans rien changer pour autant son langage 


un poète ardu n'est pas forcément obscur































quel accueil
faire à
beauté

reconnais 
recueille 
en ton cœur
ce doux
don du
ciel
puis
laisse
laisse-le
tranquille 





j'accepte le temps comme j'accepte les nuages