jeudi, octobre 05, 2023



dans les chemins ...

la nuit comme 
un lait et une douceur avec sa grâce et
sa méditation

le matin
sur la montagne avec sa chevelure rase
ébouriffée de colchiques 





































les sources glacées

l'ombre et le soleil

mon corps qui consent puis refuse

l'effort concentré 
de la marche 

l'air 
dans les poumons

comme 
un fer rouge ou 
un rasoir

tout entier 
dans cette application et ce surpassement qui s'efforce à triompher 
de la pente

comme 
une connaissance 
de soi par 
le corps

le corps

vrai chemin de la culture
il nous montre nos
limites




































il y a 

trois  

sortes de poésie 


Melopoeia

en quoi les mots sont chargés par-delà et au-dessus de leur sens naturel d’une certaine propriété musicale qui guide l’apport et l’orientation de cette signification

Phanopoeia

qui est une présentation d’images sur le champ visuel de l' imagination

Logopoeia

la danse de l’esprit parmi les mots  






















c’est-à-dire que non seulement les mots sont employés dans leur sens direct mais qu’il est de plus tenu compte jusqu’à un certain point des habitudes et des usages du contexte que nous nous  attendons  à rencontrer avec le mot de son accompagnement habituel de ses acceptations connues et de l’usage ironique que l’on peut en faire

elle comprend le côté esthétique qui est plus particulièrement le domaine des manifestations verbales et qui ne peut manifestement être maîtrisé par les arts plastiques ou la musique. 

c’est le dernier venu des modes d’expression et peut-être le plus délicat et le moins sûr





la Melopoeia peut être appréciée par un étranger s’il a l’ouïe fine même s’il est ignorant de la langue dans laquelle est écrit le poème 

il est pratiquement impossible de la traduire ou de la rendre d’une langue à l’autre sauf peut-être par un hasard divin et jamais plus d’une demi-ligne à la fois

par contre la Phanopoeia peut être traduite presque entièrement ou même complètement 

quand elle est de bonne qualité il est virtuellement impossible au traducteur de la détruire sauf s’il agit de façon très grossière et en ignorant délibérément les règles bien établies

la Logopoeia n’est pas traduisible  bien que l’état d’esprit qu’elle exprime puisse être rendu par une paraphrase. 

ou bien on peut dire qu’il est impossible de la rendre  localement  mais qu’ayant bien déterminé la pensée originale de l’auteur il devient alors possible ou impossible de trouver l’expression dérivée ou équivalente

































le silence 

n’est pas simplement l’absence 
de bruits ou 
de paroles

il peut s’avérer 
aussi hétéroclite que le son lui-même 



































on est tenté de parler de timbre ou de grain à son égard tant la qualité du silence varie selon les contextes 

en poésie surtout les silences charrient un nombre infini de significations et remplissent des fonctions les plus diverses 

pour quelqu’un aussi soucieux du métier d’écrivain qu’Ezra Pound  à en croire Murray Schafer 

aucun autre poète n’a produit une telle abondance d’innovations techniques 

les qualités et les fonctions du silence ne peuvent que revêtir une importance aussi grande que celle de la parole 

rappelons-nous que cet ancien vorticiste a fait du tourbillon un modèle structurel que Les Cantos forment une espèce de système dynamique et dissipatif qui doit sa cohésion à la rotation et au déplacement de ses éléments

les forces centrifuges et centripètes ainsi générées dans le matériau verbal soumettent tour à tour ce dernier à un travail de compression et de dilatation jusqu’à sa dislocation finale 

mais elles créent également une zone d’immobilité et de silence au cœur du tourbillon 

or comme le martèle Pound dans un texte intitulé  Vortex  l’œil du cyclone constitue 

le point d’énergie maximum 

il représente en mécanique l’efficience la plus grande 

la poésie n’est jamais aussi puissante que 

dans les interstices de son 

dit 


le mot interim  intervalle 

est d’ailleurs 

le dernier mot du poème