samedi, septembre 02, 2023


en venant à la porte pour la faire ouvrir 

l’esprit rempli 

de toute autre idée que 

de ce qui lui importait 

davantage

elle se trouve qu’elle oublie le mot nécessaire 

et au lieu 

de  Sésame elle

dit   Orge  ouvre-toi  et elle est bien étonnée 

de

voir que la porte loin 

de s’ouvrir 

demeure fermée


















elle nomme 

plusieurs autres noms 

de grain autres que celui qu’il fallait et

la porte ne s’ouvre pas 























un élan vers l’action propose 
une semblance


de choses données en équité 
de dosages


la mesure tout usage est temps glacial 
en son effort


dans lequel l’abstraction et ses choses ne gardent 
nulle ressemblance


quant aux produits conçus  
inclus tous 
apanages


































cachent leur utilité 
de nature à un sien voisin ou l’un 
des leurs 

dès lors étaient-elles les choses auraient-ils pu 
dire ces mots  

la lumière est


telle la nuit est telle 
nous quand 
nous rencontrons 
nos mentors


l’usage à peine interfère au cours 
de leurs échanges


achetées à fin 
de vente les choses notre 
dosage fait le change




*



temps 
de chaos quarante ans
de carence

nous rattrapent
nous y serons naufragés

happant 
des bois 
de dérive

pour y graver

un morceau 
de sens

mais nous y aimerons
encore











































un visage entr'aperçu

une voix

traversant 

les pores de plus que la peau


visites

sans attaches régénération

de l'imaginable


baume 

d'eau fraîche sur la brûlure


*
































il suivit le conducteur  

à l'entrée du wagon réservé il s’arrêta pour laisser sortir une dame que son tact d’homme du monde lui permit de classer d’un coup d’œil parmi les femmes de la meilleure société 

après un mot d’excuse il allait continuer son chemin mais involontairement il se retourna,ne pouvant résister au désir de la regarder encore  

il se sentait attiré non point par la beauté pourtant très grande de cette dame ni par l'élégance discrète qui émanait de sa personne mais bien par l’expression toute de douceur de son charmant visage 

et précisément elle aussi tourna la tête 

ses yeux gris que des cils épais faisaient paraître foncés s'arrêtèrent sur lui avec bienveillance comme si elle le reconnaissait 

puis aussitôt elle sembla chercher quelqu’un dans la foule





l'impression 
que j'éprouve maintenant 
est celle 

d'un homme qui passe tranquillement sur un pont au-dessus 
d'un précipice et s'aperçoit tout à coup que le pont est 
démonté et l'abîme 
béant





















culture ...


la claire conscience 
de la préciosité 
du temps 


l'homme cultivé 
n'a jamais trop de temps 
il n'en a même jamais assez pour tout ce qu'
il y a 

à lire 
à voir 
à entendre
à connaître
à apprendre 
à comprendre et à aimer

































l'intelligible
par son énormité est 
incommensurable à son intelligence 


l'existant
par son immensité est 
sans rapport 
de proportions avec sa soif 
de connaissance et les possibilités 
de sa mémoire 


l'aimable 
par son infinitude outrepasse 
de toute part 
son amour.


A tout moment il doit faire des choix c'est-à-dire 
renoncer
 
à des chemins
à des livres
à des études 
à des admirations  
à des distractions 


et ce qu'il est autant que 
par ce qu'il lit
par ce qu'il entend et
par ce qu'il étudie 

il l'est 
par ce qu'il ne lit pas
par ce qu'il ne fréquente pas 
ce à quoi il refuse de perdre son temps 
ce temps que la culture rend 
précieux


































en moi s’ébroue 

un delphinarium nocturne


 

ça commence par une sensation qui vient 
dans la nuit comme 
dans la bouche 


 

et ma langue

ayant brillé  s’est enfoncée profond en moi

épousant le chemin 

du sang





















petite torche 

de parole à la main


 


le poète nous guide 
dans un entrelacs 
d’images 
de rêves 
de souvenirs proches et lointains
 
impossible 
de ne pas être embarqué par les dauphins que nous sommes 
désormais au milieu 
d’un bain 
de vapeur 


 


parlant la langue 

des briquets

et celle 

du frottement peau contre peau


 


Aristov sait les impouvoirs prodigieux 

de la langue  il ne cesse jamais 

de dire au plus près 

de ses limites


 
















d'une vitre

du monde

de l'opaque 



quand 

un verre précieux



























se cassait autrefois

on coulait dans ses fentes

de l'or fondu

à présent

de quelque source

il jaillisse

c'est au suc ambré

des mots

qu'il nous faut laper

quelques gouttes

de lumière




















 

il est 
difficile 
d’écrire 
un aphorisme
quand on en est capable

 
il est beaucoup plus facile 
d’écrire 
un aphorisme 
quand on en est incapable


on ne peut pas 
dicter à 
une machine à écrire 
un aphorisme 

cela prendrait trop de temps

































l’aphorisme ne coïncide jamais avec la vérité  

il est soit 

une demi-vérité, 

soit une vérité et demie


un aphorisme n’a pas besoin 

d’être vrai 


il faut qu’il surpasse la vérité




la vérité est 

un domestique maladroit qui casse les assiettes 

en faisant la vaisselle


les opinions sont contagieuses  

la pensée est un miasme 


c’est l’aphorisme qui a le plus 

de souffle



quelqu’un qui sait écrire 

des aphorismes ne devrait pas se 

disperser en faisant

des paragraphes


il faut lire tous les écrivains 

deux fois

les bons et les mauvais


c’est ainsi qu’on reconnaîtra les premiers 

les autres on les 

démasquera


celui qui 

ne cède rien sur les mots ne cède rien 

sur les choses






















la meilleure façon 

de savoir ce qu’est la poésie est 

de lire 

des poèmes 


ainsi 

le lecteur 

devient lui-même une sorte 

de poète  

non parce qu’il contribue à la poésie 

mais parce qu’il se 

découvre sujet à son énergie 


*

















d'un regard


d'un battement manqué


d'une inspiration


de la précieuse brûlure


d'aimer


de la brise portante


de ce qui se dit à plusieurs


d'un mortier trop dur


de nos liens


des fissures omniprésentes


des tirants serrés


des écarts


du nouveau


du possible


des élans


















je suis 

ne dépend pas de vous 

il est là présent sans effort

laissez-vous ravir 

par cette présence bienfaisante par sa plénitude 

revenez toujours à la simple présence du  

je suis 


fermez les yeux


dans l'instant présent avez-vous 

des limites 






















y-a-t-il 

un endroit où 

vous vous arrêtez et où le monde commence 



pouvez-vous 

trouver des frontières à votre moi 



êtes-vous enfermés 

dans un sac 

de peau à forme humaine 



avez-vous 

une forme humaine 



n'êtes-vous pas plutôt sans forme maintenant 


quelle est votre taille dans l'instant présent 


​y a-t-il 

un endroit où 

vous vous arrêtez et où le monde commence 


pouvez-vous 

par exemple trouver vers le haut 

un arrêt à votre être 



ne continuez-vous pas indéfiniment 

dans cette direction comme 

d'ailleurs 

dans toutes les autres 



pouvez-vous réellement 

dire si vous mesurez 

deux mètres trois kilomètres ou un centimètre 



votre présence la présence 

du 

je suis 

n'est-elle pas immense

sans limite 



des sensations 

de chaleur

de fourmillement...

apparaissent en vous mais ces sensations suffisent-elles 

à vous enfermer 

dans une boîte à forme humaine 



les sensations ne sont-elles pas simplement 

des phénomènes qui naissent et 

disparaissent en vous 



n'êtes-vous pas 

l'Espace éveillé et immuable qui contient

toutes les sensations 

changeantes 



des sons peuvent également apparaître  

ils naissent 

durent un instant puis meurent mais n'êtes-vous pas le Silence 

d'où surgissent ces sons 



A quelle distance 

de vous se trouvent les sons 



pouvez-vous 

mesurer une distance entre eux et vous 



n'apparaissent-ils pas exactement au centre 

de vous-mêmes 



n'êtes-vous pas 

un Silence

infini 

traversé par les sons 



les sons passent

passez-vous comme eux 



les sensations et les sons sont changeants 

n'êtes-vous pas 

au contraire parfaitement immuable

toujours le même 



n'êtes-vous pas 

le Silence conscient et immuable qui accueille 

tout ce qui se présente 



des pensées et 

des émotions apparaissent aussi et passent 

mais est-ce que vous passez 

avec elles 



n'êtes-vous pas l'Espace conscient

dans lequel 

les pensées se produisent 



êtes-vous 

une pensée ou avez-vous 

des pensées 



n'êtes-vous pas plutôt 

la Conscience infinie qui les accueille toutes 



vous aviez identifié le 

je suis  

avec un corps avec une forme et avec 

des pensées 

mais que vous enseigne l'expérience 

du moment présent 



êtes-vous limités par une forme 



n'êtes-vous pas sans forme 



êtes-vous limités par 

des pensées 


​n'est-il pas maintenant évident que vous êtes au 

delà d'elles 



n'êtes-vous pas la Conscience sans forme 

silencieuse

infinie

immense

tranquille

immuable 

sereine 



quel est votre âge 

dans l'instant présent 



en laissant 

de côté votre mémoire 

pouvez-vous en toute sincérité vous 

donner un âge maintenant 



avez-vous 

vingt ans quarante ans cent ans

deux mois quinze jours 


n'est-ce pas évident que vous n'avez pas 

d'âge 



que vous êtes frais 

comme si

vous naissiez maintenant 



cela ne signifie-t-il pas 

que vous êtes hors 

du temps

dans l'éternité 



ouvrez à nouveau les yeux maintenant 

de nouveau 

des formes et 

des couleurs réapparaissent 

mais vous restez ce que vous êtes vous ne changez pas


vous êtes cela le 

je suis 

infini 

sans forme 

éternel 

conscient 

accueillant en lui 

toutes les sensations pensées émotions et sons



ainsi le  je suis  peut 

comme le fil d'Ariane nous faire sortir 

du labyrinthe 

de l'ignorance



pour s'éveiller 

pour retrouver notre véritable identité 

il suffit 

de prendre conscience 

de la présence infinie 

du Soi au centre de notre vie


nous ne sommes pas 

un individu limité mais la pure conscience 

infinie