mardi, juin 13, 2023

la pensée dépasse la vitesse de la lumière laissant ce corps loin derrière comme il le fait des montagnes et des planètes 


divers sont les hommes 

divers les parlers


nombreux les noms qui ont convenu à 

un seul amour


divers sont les parlers 

divers sont les hommes

nombreux les noms qui conviendront à 

un seul amour 



















la Peau de taureau


la curiosité de mille regards est dans mes yeux


















elle s’enquiert d’imaginer ce que l’histoire aurait pu être si cette vision païenne d’habiter la terre dans ses résonances multiples n’avait pas été radiée étouffée


une façon d’habiter 
qu’elle vient faire entendre à travers sa persistance 
farouche et obstinée


les voix 

qui parlent au loin

sont la mer


elles parlent au loin

s’enracinent et mûrissent

dans le vent 


l'être vit

se répète

le retour du même

le temps


la mort est la fin 

de notre connaissance intuitive 

de l'être


la mort est entrelacée de violettes























toute matière est enchanteresse  

vitrine de Noël ou de mercerie  

livre d'enfant ou de notaire

théâtre ou marché

nougat ou navet 

sucette ou cornichon


l'imagination transforme la chambre double bien sûr celle de Baudelaire

fait de la solitude crasse 

une mille et unième

nuit 




















une chambre qui ressemble à 

une rêverie

















une chambre véritablement spirituelle 

où l’atmosphère stagnante est légèrement teintée 

de rose et de bleu



l’âme y prend 

un bain de paresse

aromatisé par le regret et le désir 


c’est 

quelque chose 

de crépusculaire 

de bleuâtre et 

de rosâtre 

un rêve 
de volupté pendant 
une éclipse



les meubles ont des formes 

allongées
prostrées
alanguies 

les meubles ont l’air de rêver  

on 
les dirait doués 
d’

une vie somnambulique 
comme le végétal et
le minéral

les étoffes parlent 

une langue muette
 
comme les fleurs 
comme les ciels
comme les soleils couchants


















à mesure que la technologie 


devient exponentiellement plus puissante les conséquences 
de la pensée erronée et 
du dogmatisme augmenteront 
de manière exponentielle avec elle 

les armes nucléaires
la bio-ingénierie
la nanotechnologie et 
l'intelligence artificielle progressent rapidement 




tous deviendront plus puissants moins coûteux à créer et plus faciles à manier Et tous poseront des menaces à l'existence même de l'humanité Si nous sommes incapables de vaincre les tendances humaines à croire et à agir selon le dogme et le désir les mêmes forces qui causent la destruction et la guerre aujourd'hui causeront l'extinction totale demain




























le  sifflement  de la menace


au milieu du texte 
le sommeil de l’habitant est interrompu 
par le bruit ténu 
d’

un sifflement
 
j’ai sans doute dormi très longtemps  
je n’émerge que du dernier sommeil
celui qui déjà se dissipait 
de lui-même 

mon sommeil 
doit déjà être très léger
car c’est

un sifflement
à peine audible en lui-même 
qui me réveille  

































pour le sommeil de celui qui se sait menacé le moindre bruit peut être signe d’un danger provoque le réveil et la vigilance 

a partir de ce moment toute l’activité mentale de la conscience va se concentrer sur ce sifflement   déterminer l’animal qui le produit localiser le bruit le supprimer 

la menace n’a pas enfin un visage mais un son sur lequel vont se fixer toutes les hypothèses tous les plans de l’habitant...

la pensée insomniaque devient la proie du sifflement



un sifflement

une menace

un danger

un visage

un son















il y a 

quelque chose 

qui 

commence 

ici  

ne 
le manquons 
pas



elle s’inquiète 

elle voit 

la langue morte partout

le nom qui n’a plus de nom 

le chant dépouillé de son verbe





















elle se demande

s’il ne faudrait pas sacrifier quelque chose pour sauver la Parole  

et pourquoi pas 

une ville 


je voudrais que Paris brûle 

scande-t-elle 


la voilà qui se prend pour 

Néron qui se prenait pour 

un poète 


l’intention est louable 

mais son feu ne prend pas encore 

elle-même en est consciente et c’est dans cette conscience 

malheureuse  

que surgit

sa poésie et peut-être même son manifeste 


 


son feu n’aurait ni la chaleur du feu


ni l’orgueil du feu


il s’étendrait loin


des grands brasiers ravageant les forêts


dans cette ambiguïté secrète


entre le regret et l’adieu


chant dépouillé


de verbe


et qui ne dirait pas de lui 


je suis le feu




















l'imagination

n’a pas à s’humilier devant la vie

il y aura 

une fois 

claire de terre


le rêve 

au service du réel comme on l'a dit


le rêve

recharge du désir


le rêve

approfondissement de sa vie





















qu'est-ce que la surréalité 


la réalité absolue 

la réalité exaltée

la réalité unie

avec ce que l'on a considéré jusqu'à présent 

comme son contraire alors que ce n'était que son complément 

l'imaginaire


imaginaire 

qui peut prendre les voies du merveilleux 

mais tout aussi bien celles de la matérialité la plus pure 


un objet

une rue 

un regard


un regard 

qui effraie ou qui excite  et le réel prend son envol


une simple émotion 

et le réel devient 

surréel


tout 

réel délire


tout délire 

est 

réel



















irréel

insensé

génial

fictif

exceptionnel

astronomique

gros

splendide

éblouissant

romanesque























la virginité 

sous le domino couleur d’invisible  

gracieusement


la pudeur

sous le domino couleur de rose 

tendrement


l’ardeur 

sous le domino incarnat 

animé




















l’espérance 

sous le domino vert 

gaiement


la fidélité 

sous le domino bleu 

affectueusement


la persévérance 

sous le domino gris de lin 

tendrement sans lenteur


la langueur 

sous le domino violet 

également


la coquetterie 

sous différents dominos 

gaiement



les vieux galants 

et les trésorières surannées 

sous des dominos pourpres et feuilles mortes  

gravement



les coucous 

bénévoles sous des dominos jaunes

la jalousie 

taciturne sous le domino gris de maure 

lentement et mesuré



la frénésie ou le désespoir 

sous le domino 

noir 

très vite
























imaginaire

phénoménal

invraisemblable

fantasmagorique

faramineux

surprenant

excessif

admirable

colossal

gigantesque

chimérique

extravagant

monumental

stupéfiant

mythique

mensonger

grandiose

faux

exagéré

inimaginable

prestigieux























on ne comprend rien 

mais on sent tout


comme 
un chien on sent la peur
le tonnerre 

l’apaisement 
la rivière 

la frénésie sexuelle
l’obélisque de Wellington

les conflits de l’humanité avec elle-même 
le dialogue avec le géant 






























le tragique 
du mythe comme le comique de l’Histoire 
la fabuleuse séquence du 
gardien du musardéum  

on finit par reconnaître des sons 
les vagues

par repérer des mots
en général les sexuels  



et même par rire franchement de certaines saillies 






























ce qu’elle attend c’est que le temps se mette adieu Voilà elle va venir maintenant la voilà elle vient paisible comme un oiseau de parodie elle péripatte en titienne port-épique en sautîlant avec un cuicui de quoiquoi qu’elle béguibagoûte du bouc de son bec dont le flic flac éflobouse d’archibourdes les paxottises de son illuverbe un grain par-ci un grain par-là pousse-pousse plein de puces




























dire ce qui est 

mais aussi ce qui n’est pas 

et même dire ce qu’on n’arrive pas à dire

dire désespérément


 


il y a ce silence





















entre deux personnes


avec ces mots


qu’on ne prononce pas


ou ces mots


qu’on utilise pour ne pas employer


d’autres mots


des mots


qui ne disent jamais assez


ou bien trop


disparaissant à la surface de notre parole


comme 

un souffle sur un mur



mais ce n’était pas ce silence-là.








la retraite = la reprise de l'être