samedi, février 04, 2023


Donnez-moi vos couleurs tulipes anémones 
Œillets roses jasmins donnez-moi vos odeurs 
Des contraires saisons le froid ni les ardeurs
Ne respectent que les couronnes
Que l'on compose de mes fleurs 
Ne vous vantez donc point d'être aimables ni belles 
On ne peut nommer beau ce qu'efface le temps 
Pour couronner les beautés éternelles
Et pour rendre leurs yeux contents
Il ne faut point être mortelles
Si vous voulez affranchir du trépas
Vos brillants, mais frêles appas
Souffrez que j'en sois embellie
Et, si je leur fais part de mon éternité
Je les rendrai pareils aux appas d'Ophélie
Et dignes de parer sa divine beauté
l'immortelle blanche








































supposez 

qu' un homme 

vive autant dans l’amour des arts plastiques ou de la musique 
qu’il est entraîné par l’esprit 
de la science 




cette supposition de Nietzsche est une des illustrations du Grand style auquel l’auteur conseille à tout homme à s’y engager 

pour Nietzsche qui auparavant distingue chez l’être humain des forces actives et réactives il n’est pas question de supprimer l’une d’elles au profit de l’autre

ce ne serait qu’une réaction de plus 

la proposition nietzschéenne s’inscrit dans l’ordre de l’harmonisation du bon compromis entre la négation de ce qui est et l’action à l’origine de la création 

plus tard Freud s’inscrira dans cette idée de réconciliation en proposant comme remède au déchirement personnel la conciliation des instances au fondement de la personnalité 

mais avant cela Nietzsche poursuit son idée  


il ne lui reste qu’à faire de lui-même un édifice de culture si vaste qu’il soit possible à ces deux puissances d’y habiter quoique à des extrémités éloignées tandis qu’entre elles deux les puissances conciliatrices auront leur domicile pourvu d’une force prédominante pour aplanir en cas de difficulté la lutte qui s’élèverait 


les forces contradictoires sont ainsi neutralisées et cette neutralisation est 

le Grand style

d’ailleurs pour Nietzsche l’homme a tout intérêt à conserver en lui un ennemi intérieur ceci l’obligeant à lutter et donc à s’élever 


en s’opposant l’être humain progresse et si toute opposition est détruite il n’y a plus matière au progrès comme l’explique Nietzsche en faisant le parallèle avec le christianisme et la politique  


l’inimitié est un autre triomphe de notre spiritualisation 

elle consiste à comprendre profondément l’intérêt qu’il y a à avoir des ennemis 

nous autres immoralistes et antichrétiens nous voyons notre intérêt à ce que l’Eglise subsiste 

il en est de même dans la grande politique

une nouvelle création par exemple un nouvel empire a plus besoin d’ennemis que d’amis  


Nietzsche nous dit encore à ce propos  


j’ai déclaré la guerre à l’idéal anémique du christianisme ainsi qu’à tout ce qui le touche de près non point avec l’intention de l’anéantir mais pour mettre fin à sa tyrannie

la continuation de l’idéal chrétien fait partie des choses les plus désirables qui soient ne fût-ce qu’à cause de l’idéal qui veut se faire valoir à côté de lui et peut-être au-dessus de lui car il faut aussi à celui-ci des adversaires et des adversaires rigoureux pour être fort 


ainsi il n’est pas question d’annihiler toute force réactive mais plutôt de les maîtriser pour les exploiter au bénéfice de l’action de prendre appui sur elles pour faire mieux

de ses faiblesses de ses passions désordonnées point de rupture à établir pour l’homme car cela ne créerait qu’un déséquilibre de plus 

la morale nietzschéenne si l’on peut qualifier ainsi l’idée du Grand style est d’être plus fort que ce qui nous affaiblit tout en sachant que nos faiblesses nous obligent à rester éveillés pour y parvenir

cette veille permanente est aussi 

la volonté de puissance autrement dit 

la volonté de volonté 

la volonté désireuse 

de sa propre intensité et qui se traduit par 

la grande santé

celui qui veut toujours se sentir plus fort que ce qu’il est, qui souhaite se dominer toujours un peu plus tout en respectant autrui car la puissance donc il est question est sans rapport avec une domination extérieure celui-là donc se trouve dans

une dynamique vitaliste qui est l’expression de la vie

le Grand style mène à la grande santé

à l’inverse le déchirement des passions épuise en consommant toute énergie vitale

concernant cet épuisement Nietzsche compare le classicisme grec avec le romantisme qui l’insupporte 

selon lui le romantique s’automutile en se déchirant intérieurement

la vie lui échappe en se sollicitant constamment  en étant sans cesse engagé vers son intérieur et par la même occasion détourné du monde des vivants 

Nietzsche cherche alors à réhabiliter le classicisme antique en citant notamment Corneille  


Corneille il faut le réhabiliter comme un de ces poètes appartenant à une civilisation aristocratique qui mettaient leur point d’honneur à soumettre à un concept leur sens peut-être plus vigoureux encore et à imposer aux prétentions brutales des couleurs des sons et des formes la loi d’une intellectualité raffinée et claire

En quoi il était, à ce qu’il me semble la suite des grands Grecs  


le Grand style est également esthétique comme ces statues antiques qui présentent un visage empli de sérénité après que toutes les forces qui animent l’être aient été mises en harmonie en symphonie pourrions-nous dire 

le geste aussi peut être la résultante d’une intégration parfaite des différentes passions entre elles formant une force collective qui devient unitaire dans l’acte pour atteindre la perfection 

l’élégance naît ainsi de cet engagement de toutes les forces sans retenue sans déchirement. 

sans qu’il soit impérativement question d’exploit le Grand style c’est aussi aimer sans haïr préalablement soit de ne pas bâtir un amour sur la haine ni de joie sur la souffrance

cette dernière bien-sûr peut venir mais alors jamais nous n’en serons responsables

c’est déjà beaucoup…





















avec la force 
de son regard intellectuel et 
de sa vision 
de lui-même 
grandissent la distance et en quelque sorte 
l’espace qui s’étend autour 
de l’homme

le monde devient alors plus profond

de nouvelles énigmes et 
de nouvelles images se présentent à la vue 


peut-être 



















que tout ce à quoi l’œil 
de l’esprit a exercé sa sagacité et sa profondeur 
n’a été qu’

un prétexte à cet exercice 
un jeu
un enfantillage

peut-être 

un jour les idées les plus solennelles celles qui ont provoqué les plus grandes luttes et les plus grandes souffrances les idées de  Dieu  du  péché  n’auront-elles pour nous pas plus d’importance que les jouets d’enfant et les chagrins d’enfant aux yeux d’un vieillard 


et 

peut-être 


le  vieil homme  a-t-il besoin d’

un autre jouet encore et aussi d’

un autre chagrin 

se sentant encore assez enfant 

éternellement enfant 




béni soit le gobelet qui veut déborder 

d’où l’eau découle toute dorée 

apportant partout 

le reflet de ta joie 



j’ai cherché 

la brise 

était la plus aiguë


j’ai su demeurer

où 

personne 

ne demeure 

dans les zones arides


oubliant l’homme 

Dieu 

le blasphème et la prière

moi le fantôme errant sur les glaciers














N17

la connaissance du Soi 

signifie 

une parfaite compréhension 

de ce que nous sommes

précisément

le corps
pour lequel tous les plus grands soins sont pris 
est impermanent 
et irréel 

quoi que ce soit qui peut être connu
n’est pas la connaissance 
du Soi 

celui 
qui croit qu’il va mourir est 
ignorant 





























il devrait s’unir à 
Sat 

qui est éternel 
ce qui existe pour toujours

et non pas au corps


un sage
 
signifie notre vraie nature 
toujours présente et 
immaculée 

il n’y a pas de personnalité ici 

le 
sage n’est 
pas 

une personne  

il est seulement



il est en état de satsang permanent 
en sainte compagnie permanente 

dans son sens premier
rester en compagnie de la vérité 
sainte association d’être
sermon d’
un maître à ses disciples
 



cependant 
le cours de la vie se poursuit et se termine 
par la mort 

ce que vous prenez pour vous-même n’est pas votre compagnon  
il ne l’a jamais été et ne le sera jamais

celui qui supporte toutes choses est
un sage
 
jnani 

présence 
à travers laquelle se vit la connaissance 

du point de vue d’une conscience séparée :
un sage, un Agasti 
celui qui n’erre pas dans le monde de l’illusion





peut-il causer de la souffrance aux autres  

le mouvement des cinq éléments n’est pas le sien 

quelle que soit l’identité 
que vous essayez de vous modeler dans le but d’être heureux
il faudra la laisser 

vos pensées changent avec l’âge

vous avez de la fierté à être comme ceci ou comme cela 
en tant que corps physique 

vous avez l’impression d’être 
comme ci ou comme ça 

la sensation 
je souffre de ceci ou de cela 
est l’ignorance

soyez convaincu que vous êtes autre que les sens 
leur expérience n’est pas 
votre expérience 

ceci est la condition de Brahman 

la conscience pure n’a jamais eu d’expérience 

le mental est constitué 
de la collection d’impressions 
qui a été enregistrée en lui depuis la naissance

ce qui constitue le corps 
est identique à ce qui constitue le monde

quand cela se prend pour le corps il devient 
différent du monde 


être un avec le monde 
veut dire avoir de la dévotion pour tous les êtres, 
en tant que Dieu 


celui qui se prend pour le corps n’a ni tolérance
ni patience

Atman est mon Soi

 le Soi 
dans son aspect de manifestation 
le pur Être

il est toujours libre

il n’a pas de forme
mais sa propre lumière est la sensation 
Je suis  

c’est la conscience pure 

quand quelqu’un vit cette dimension 
sa connaissance est 

je ne suis pas le corps
je suis la conscience qui s’éclaire de sa propre lumière 


ce qui est réel ne fait pas des allées et venues 

seul le corps s’en va


est-ce que votre corps sait que vous êtes 

assis ici 

tous les corps de l’univers 
sont mis en mouvement par la force vitale


cette énergie de vie intense est nommée de différentes manières comme 

Dieu Iswara Atman etc 

en fait 
la conscience n’a pas de nom

les noms 
sont donnés pour le fonctionnement 
pratique du monde 

une fois que la conscience quitte le corps
elle ne reconnaît plus le corps 

celle qui est sans limite 
n’a pas de connaissance d’elle-même

elle n’a aucune fierté à être comme ceci ou comme cela 

des millions d’êtres naissent dans cette conscience chaque jour


la même conscience réside en eux

votre mémoire fonctionne automatiquement 

l’enregistrement se fait chimiquement 

toutes choses dont vous revendiquez être l’auteur 

s’installent en vous en tant que 

mémoire


votre corps est 
une machine 
qui produit de l’énergie vitale avec la sensation 
je suis 


elle mène à bien toutes les activités
 

aviez-vous 
une quelconque expérience 
pour vous guider dans vos premiers apprentissages  


ce  je suis  chimique fait tout
 

cette connaissance n’est pas affectée par 
les trois 
gunas

qualités 
caractéristiques
attributs de la manifestation

quand il n’y avait pas d’expérience du corps
à quoi ressembliez-vous 

sans ignorance
il ne peut y avoir de connaissance 

si l’ignorance de départ de l’enfant n’est pas là
aucune connaissance ne peut être acquise 
plus tard

la 
connaissance 
apparaît parce qu’
il y a 
ignorance

quand quelqu’un a l’information  Je suis  avec le corps cela s’appelle vrutta connaissance
paramatman n’a pas la connaissance d’
une existence séparée

cette information-connaissance est appelée 
mental intellect existence 
intuition ...

il n’y a rien de vrai en elle

quand la signification de cela est saisie 
le mental disparaît


est-ce que nous sommes apparus en premier
ou est-ce le mental 
les mots


ce qui est là 
l’est par le mot racine  Je  


comment nommer cet état antérieur aux mots 


parce que dans les activités quotidiennes 

les mots sont pris pour avoir 

une réalité 


le mot  

Je suis le corps 

s’est collé à vous 


le connaisseur du Soi 

n’expérimente pas consciemment l’information 

Je suis 


quand vous accédez au détachement

la compassion coule 

à travers vous 

tous les effets indésirables s’évanouissent

devenir détaché veut dire que vous existez en tant qu’Absolu 


en une telle compagnie 

ceux qui se trouvent là sont aussi en paix 

celui qui connaît le Soi connaît comment le monde est créé

l’ego correspond à l’identification au corps

 

quand cela s’en va

les comportements liés s’en vont aussi 

la vénération de tels sages fait du bien même aux déités 


Dieu est redevable au dévot qui se libère du corps

se libérer du corps pendant  la vie  est la tâche la plus ardue qui soit 

la conscience dans le corps n’est rien d’autre que Dieu


Nisargadatta Maharaj


jeudi 23 mars 1978