Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
samedi, février 04, 2023
cette supposition de Nietzsche est une des illustrations du Grand style auquel l’auteur conseille à tout homme à s’y engager
il ne lui reste qu’à faire de lui-même un édifice de culture si vaste qu’il soit possible à ces deux puissances d’y habiter quoique à des extrémités éloignées tandis qu’entre elles deux les puissances conciliatrices auront leur domicile pourvu d’une force prédominante pour aplanir en cas de difficulté la lutte qui s’élèverait
les forces contradictoires sont ainsi neutralisées et cette neutralisation est
le Grand style
d’ailleurs pour Nietzsche l’homme a tout intérêt à conserver en lui un ennemi intérieur ceci l’obligeant à lutter et donc à s’élever
en s’opposant l’être humain progresse et si toute opposition est détruite il n’y a plus matière au progrès comme l’explique Nietzsche en faisant le parallèle avec le christianisme et la politique
l’inimitié est un autre triomphe de notre spiritualisation
elle consiste à comprendre profondément l’intérêt qu’il y a à avoir des ennemis
nous autres immoralistes et antichrétiens nous voyons notre intérêt à ce que l’Eglise subsiste
il en est de même dans la grande politique
une nouvelle création par exemple un nouvel empire a plus besoin d’ennemis que d’amis
Nietzsche nous dit encore à ce propos
j’ai déclaré la guerre à l’idéal anémique du christianisme ainsi qu’à tout ce qui le touche de près non point avec l’intention de l’anéantir mais pour mettre fin à sa tyrannie
la continuation de l’idéal chrétien fait partie des choses les plus désirables qui soient ne fût-ce qu’à cause de l’idéal qui veut se faire valoir à côté de lui et peut-être au-dessus de lui car il faut aussi à celui-ci des adversaires et des adversaires rigoureux pour être fort
ainsi il n’est pas question d’annihiler toute force réactive mais plutôt de les maîtriser pour les exploiter au bénéfice de l’action de prendre appui sur elles pour faire mieux
Corneille il faut le réhabiliter comme un de ces poètes appartenant à une civilisation aristocratique qui mettaient leur point d’honneur à soumettre à un concept leur sens peut-être plus vigoureux encore et à imposer aux prétentions brutales des couleurs des sons et des formes la loi d’une intellectualité raffinée et claire
En quoi il était, à ce qu’il me semble la suite des grands Grecs
le Grand style est également esthétique comme ces statues antiques qui présentent un visage empli de sérénité après que toutes les forces qui animent l’être aient été mises en harmonie en symphonie pourrions-nous dire
le geste aussi peut être la résultante d’une intégration parfaite des différentes passions entre elles formant une force collective qui devient unitaire dans l’acte pour atteindre la perfection
l’élégance naît ainsi de cet engagement de toutes les forces sans retenue sans déchirement.
sans qu’il soit impérativement question d’exploit le Grand style c’est aussi aimer sans haïr préalablement soit de ne pas bâtir un amour sur la haine ni de joie sur la souffrance
cette dernière bien-sûr peut venir mais alors jamais nous n’en serons responsables
c’est déjà beaucoup…
le monde devient alors plus profond
peut-être
peut-être
un jour les idées les plus solennelles celles qui ont provoqué les plus grandes luttes et les plus grandes souffrances les idées de Dieu du péché n’auront-elles pour nous pas plus d’importance que les jouets d’enfant et les chagrins d’enfant aux yeux d’un vieillard
et
peut-être
le vieil homme a-t-il besoin d’
un autre jouet encore et aussi d’
un autre chagrin
se sentant encore assez enfant
éternellement enfant
béni soit le gobelet qui veut déborder
d’où l’eau découle toute dorée
apportant partout
le reflet de ta joie
j’ai cherché
où
la brise
était la plus aiguë
j’ai su demeurer
où
personne
ne demeure
dans les zones arides
oubliant l’homme
Dieu
le blasphème et la prière
moi le fantôme errant sur les glaciers
N17
la connaissance du Soi
signifie
une parfaite compréhension
de ce que nous sommes
précisément
ce qui est réel ne fait pas des allées et venues
seul le corps s’en va
est-ce que votre corps sait que vous êtes
assis ici
cette énergie de vie intense est nommée de différentes manières comme
Dieu Iswara Atman etc
elle n’a aucune fierté à être comme ceci ou comme cela
des millions d’êtres naissent dans cette conscience chaque jour
la même conscience réside en eux
votre mémoire fonctionne automatiquement
comment nommer cet état antérieur aux mots
parce que dans les activités quotidiennes
les mots sont pris pour avoir
une réalité
le mot
Je suis le corps
s’est collé à vous
le connaisseur du Soi
n’expérimente pas consciemment l’information
Je suis
quand vous accédez au détachement
la compassion coule
à travers vous
tous les effets indésirables s’évanouissent
devenir détaché veut dire que vous existez en tant qu’Absolu
en une telle compagnie
ceux qui se trouvent là sont aussi en paix
celui qui connaît le Soi connaît comment le monde est créé
l’ego correspond à l’identification au corps
quand cela s’en va
les comportements liés s’en vont aussi
la vénération de tels sages fait du bien même aux déités
Dieu est redevable au dévot qui se libère du corps
se libérer du corps pendant la vie est la tâche la plus ardue qui soit
la conscience dans le corps n’est rien d’autre que Dieu
Nisargadatta Maharaj
jeudi 23 mars 1978