mercredi, janvier 25, 2023


ne rejetez pas 
la faute sur le capitalisme
l'extrême gauche ou l'iniquité de vos ennemis 

évitez de vouloir réorganiser 
l'État avant d'avoir mis de l'ordre dans votre
propre existence 

faite preuve d'un peu d'humilité 

si vous êtes incapable d'imposer 
un peu de paix dans votre maisonnée 
comment voulez-vous diriger 
une ville 


laissez-vous guider par votre âme 

observez 
le résultat durant plusieurs jours 
plusieurs semaines





























au travail
vous commencez à dire 
ce que vous avez sur la conscience 

vous déclarerez 
à votre femme votre mari vos enfants 
ou vos parents ce que vous souhaitez vraiment 
et ce dont vous avez besoin 

tant qu'il vous restera quelque chose à terminer 
vous vous mettrez au travail

quand vous cesserez de l'alimenter en mensonges 
votre esprit finira par s'éclaircir 

lorsque vous cesserez 
de la falsifier par des actes imaginaires
votre expérience 
s'améliorera

vous découvrirez alors 
des choses nouvelles
plus subtiles 
que vous faites mal

cessez également 

au bout de quelques mois ou années d'efforts assidus 
votre vie redeviendra plus simple 

votre jugement s'améliorera 

votre passé se démêlera 

vous serez plus fort et moins amer

vous avancerez vers l'avenir avec plus d'assurance 

vous cesserez 
de vous compliquer inutilement l'existence

il ne vous restera plus que 
la tragédies inévitables de la vie 
mais elles ne seront plus aggravées 
par l'amertume et la tromperie


laissez 

les tâches de la journée se présenter 

d'elles-même


celui qui a 

un pourquoi

qui lui tient lieu de but 

peut vivre avec n'importe quel 

comment


il vaut peut-être mieux 

voyager heureux que d'arriver à destination...



nous créons 

des structures dans lesquelles nous vivons

 

des familles 

des États des nations... 


nous établissons les principes 

sur lesquels ces structures sont fondées et élaborons 

des systèmes de croyances

 

tout d'abord

nous adoptons ces structures et ces croyances 

comme Adam et Ève au paradis


mais le succès nous rend suffisants

 

nous oublions d'écouter

 

nous considérons 

ce que nous avons comme allant de soi

 

nous fermons les yeux 

pour éviter de remarquer que certaines choses changent 

que la corruption s'installe

 

et tout part à vau-l'eau


est-ce la faute de la réalité 

de Dieu 

ou n'avons-nous pas été suffisamment 

attentifs 

?




















tout s'en va

tout revient

éternellement roule la roue de l'être


tout meurt

tout refleuri 

éternellement se déroule l'année de l'être


tout se brise

tout est assemblé de nouveau

éternellement se bâtit la même maison de l'être



















tout se sépare

tout se retrouve

éternellement l'anneau de l'être reste fidèle à lui-même






















à chaque bref instant commence l'être

autour de chaque ici

roule la sphère là-bas


le milieu est partout


le chemin de l'éternité est courbe 




souvent dans l'être obscur habite 
un dieu caché 
et comme 
un œil naissant 
couvert par sa paupière 
un pur esprit 
s'accroît sous l'écorce des pierres 



il enseigne qu'il existe 
une grande année 
du devenir
 
un monstre 
de grande année 
tel 

un sablier 

il lui faut sans cesse se retourner 
pour s'écouler et se vider
à nouveau




crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie à la matière même 
un verbe est attaché 

















respecte dans la bête

un esprit 

agissant


chaque fleur est

une âme 

à la nature éclose


quelle aimable chose qu'il existe des mots et des sons

les mots et les sons 
ne sont-ils pas des arcs-en-ciel
et des ponts illusoires entre ce qui est éternellement 
séparés































un mystère 

d'amour dans le métal repose


tout est 

sensible

tout sur ton être est 

puissant



noms et sons n'ont-ils pas été donnés aux choses pour que l'homme y prenne plaisir .... c'est une douce folie que le langage...grâce à lui l'homme passe en dansant sur toutes les choses...

































formulons-la cette exigence nouvelle  

nous avons besoin d'une critique des valeurs morales il faut remettre une bonne fois en question la valeur de ces valeurs elles-mêmes  et pour ce il faut avoir connaissance des conditions et des circonstances dans lesquelles elles ont poussé à la faveur desquelles elles se sont développées et délacées 


































la morale comme conséquence comme symptôme comme masque, comme tartuferie comme maladie comme mécompréhension  mais aussi la morale comme cause comme remède comme stimulant comme inhibition comme poison 

une connaissance comme il n'en a pas existé jusqu'à aujourd'hui et comme on n'en a même pas désiré


Friedrich NIETZSCHE

Une histoire généalogique de la morale de nos  préjugés moraux  tel est le projet auquel s'attelle Nietzsche 1844-1900 dans La Généalogie de la morale 1887 un de ses livres les plus importants et les plus célèbres rédigé à la suite de Par-delà le bien et le mal 

Nietzsche renonce ici à l'écriture par aphorisme et compose son ouvrage en trois dissertations 

bon et méchant  bon et mauvais

II 

faute  mauvaise conscience 

III

que signifient les idéaux ascétiques ?

par cette généalogie des valeurs morales se trouve dévoilé le travail souterrain de la volonté de puissance à l'oeuvre dans l'histoire des hommes 

ce que Nietzsche offre alors au lecteur qu'il appelle de ses voeux ce lecteur capable de  rumination  ce sont les moyens de s'affranchir de l'idéal ascétique qui  de la religion  a gagné l'art et la science pour pouvoir ainsi surmonter le nihilisme contemporain





voir souffrir fait du bien 

faire souffrir plus de bien encore 


c’est 

une dure vérité


une vieille 

puissante 

capitale vérité humaine 


trop humaine













 

EN PLEIN MIDI


Zarathoustra 

se remit
à courir et à courir 
encore 

mais 

il ne trouva plus personne 

il demeurait seul 

il ne faisait toujours que se trouver lui-même 

alors 


























il jouit de sa solitude 
il savoura sa solitude et 
il pensa à de bonnes choses 
pendant des heures entières 

à l’heure de midi cependant
lorsque le soleil 
se trouva tout juste au-dessus de la tête de 
Zarathoustra
il passa devant 

un vieil arbre chenu et noueux 
qui était entièrement embrassé par le riche amour d’

un cep de vigne
de telle sorte que l’on n’en voyait pas le tronc 
de cet arbre pendaient des raisins jaunes
s’offrant au voyageur en abondance 

alors Zarathoustra 
eut envie d’étancher sa soif légère en détachant 
une grappe de raisin 

et comme il étendait déjà la main pour le faire 

un autre désir 
plus violent encore
s’empara de lui  

le désir de se coucher au pied de l’arbre 
à l’heure du plein midi
pour dormir


c’est ce que fit Zarathoustra  

et aussitôt qu’il fut étendu par terre
dans le silence et le secret de l’herbe multicolore 
sa légère soif était déjà oubliée et 
il s’endormit 

car 
comme dit le proverbe de 
Zarathoustra  

une chose 
est plus nécessaire que l’autre

ses yeux cependant restèrent ouverts 

car il ne se fatiguait point de regarder 
et de louer l’arbre et l’amour du cep de vigne

mais
en s’endormant
Zarathoustra parla ainsi à son cœur 


silence


silence 


le monde ne vient-il pas de s’accomplir 


que m’arrive-t-il donc 



comme
un vent délicieux 

danse invisiblement 
sur les scintillantes paillettes 
de la mer 
léger léger 

comme 
une plume 

ainsi le sommeil danse sur moi


il ne me ferme pas les yeux
il laisse mon âme 
en éveil

il est léger 
en vérité 
léger
 
comme 
une plume


il me persuade 
je ne sais comment 


 
il me touche intérieurement d’
une main caressante, 
il me fait violence. 

oui 
il me fait violence 
en sorte que mon âme s’élargit 


comme elle s’allonge fatiguée
mon âme singulière 



le 
soir 
d’

un septième jour 
est-il venu pour elle en plein midi 



a-t-elle erré trop longtemps déjà 
bienheureuse
parmi 
les choses bonnes et mûres 



elle 
s’allonge 
longuement 

dans toute sa longueur 



elle est couchée tranquille
mon âme singulière 

elle a goûté trop de bonnes choses déjà 
cette tristesse dorée l’oppresse 
elle fait la grimace


comme 
une barque 
qui est entrée 
dans sa baie la plus calme  

elle s’adosse maintenant à la terre
fatiguée des longs voyages et des mers incertaines 

la terre 
n’est-elle pas 
plus fidèle que la mer 



comme 
une barque s’allonge 
et se presse contre la terre 

car alors il suffit qu’
une araignée 
tisse son fil de la terre jusqu’à elle 
sans qu’il soit besoin de corde 
plus forte


comme 
une barque fatiguée 
dans la baie la plus calme  

ainsi 
moi aussi
je repose maintenant près de la terre fidèle 
plein de confiance et dans l’attente 
attaché à la terre 
par les fils les plus légers


ô bonheur 



ô bonheur 



que ne chantes-tu pas 
ô mon âme 



tu es couchée dans l’herbe 

mais voici l’heure secrète et solennelle
où nul berger ne joue 
de la flûte


prends garde 


la chaleur du midi repose sur les prairies 

ne chante pas 

 

garde le silence

 

le monde est accompli


ne chante pas 
oiseau des prairies 
ô mon âme 


ne murmure même pas 

 

regarde donc

silence 


le vieux midi dort
il remue la bouche  

ne boit-il pas en ce moment 
une goutte de bonheur 


une vieille goutte brunie 
de bonheur doré
de vin doré 

 

son riant bonheur 
se glisse furtivement vers lui 

c’est ainsi 
que rit 

un dieu 


silence 


combien 

il faut peu de chose pour suffire 

au bonheur 

 

ainsi disais-je jadis 
me croyant 
sage

mais 
c’était là 
un blasphème 

voilà 
ce que j’ai appris maintenant 

les fous sages 
parlent mieux que cela


c’est ce qu’il y a 
de moindre 
de plus silencieux
de plus léger
le bruissement d’

un lézard dans l’herbe 
un souffle
un chutt 
un clin d’œil 

c’est la petite quantité
qui fait la qualité du meilleur bonheur 

silence 



que m’est-il arrivé  

écoute 



le temps 
s’est-il donc enfui 



ne suis-je pas en train de tomber 

 

ne suis-je pas tombé 

écoute 

 

dans le puits de l’éternité 



que m’arrive-t-il 


silence 

je suis frappé 

hélas 

au cœur 

au cœur  

ô brise-toi

brise-toi 

mon cœur après 

un pareil bonheur 

après 

un pareil coup 


comment 

le monde ne vient-il pas de s’accomplir  

rond et mûr  

ô balle ronde et dorée

où va-t-elle s’envoler 

est-ce que je lui cours après  

Chutt 


silence

et en cet endroit 

Zarathoustra 

s’étira et il sentit qu’il dormait


lève-toi 

se dit-il à lui-même

dormeur  

paresseux  

allons

ouf 

vieilles jambes  

il est temps

il est grand temps 

il vous reste encore 

une bonne partie du chemin à parcourir


vous vous êtes livrées au sommeil 

pendant combien de temps 

pendant 

une demi-éternité 


allons

lève-toi maintenant 

mon vieux cœur 

combien te faudra-t-il de temps

après 

un pareil sommeil 

pour te réveiller 


mais déjà 

il s’endormait de nouveau 

et son âme lui résistait et se défendait et se recouchait 

tout de son long 


laisse-moi donc  

silence 

le monde ne vient-il pas de s’accomplir  

ô cette balle ronde et dorée 


lève-toi

dit Zarathoustra 

petite voleuse 

petite paresseuse 

comment  

toujours s’étirer 

bâiller 

soupirer

tomber au fond des puits profonds 


qui es-tu donc 

ô mon âme 

et en ce moment 

il s’effraya 

car 

un rayon de soleil

tombait du ciel sur son visage


ô ciel au-dessus de moi

dit-il avec 

un soupir 

en se mettant sur son séant 

tu me regardes 

tu écoutes mon âme singulière 


quand boiras-tu 

cette goutte 

de rosée 

qui est tombée sur toutes les choses de ce monde

quand boiras-tu 

cette âme singulière 


quand cela 

puits de l’éternité 

joyeux abîme de midi qui fait frémir 

quand absorberas-tu 

mon âme en toi 


ainsi parlait Zarathoustra et il se leva de sa couche au pied de l’arbre comme d’une ivresse étrange et voici le soleil était encore au-dessus de sa tête

On pourrait en conclure avec raison qu’en ce temps-là Zarathoustra n’avait pas dormi longtemps