samedi, décembre 03, 2022


je me vois


bourdonnant parmi les fleurs

pénétrant 

dans les calices écarlates

faisant résonner les cavités bleues

du bruit prodigieux

de mon vol


















Hiver 


pickles de radis 

noir 

tartines tièdes aux œufs 

pochés


pesto de chou kale et oignons

caramélisés 


dahl de lentilles jaunes chou kale

et noix de coco 

















velouté de patates douces

au sésame noir 


consommé de riz complet pimenté

lotte et brocoli 


pullao de riz Basmati potimarron

et oignon rouge 


couscous épicé légumes

de saison confits 


infusion à la rose gingembre

et citron jaune


***


l’ayurvéda représente la fonction

enzymatique comme 

un grand feu


elle le nomme 

Agni 


comme

un feu de camp 

il faut l’entretenir constamment


parfois

l’augmenter

parfois 

le tempérer 


tout 

est affaire d’équilibre


elle considère 

qu’

un appétit réel et régulier donne 

un bon indice 

de l’état de notre 

Agni















quand 


on a la tête en forme 

de marteau 


on voit les problèmes sous forme 

de clous 


cette citation  

met en lumière notre dépendance au culte 

de l'économie





















paysage devenu ligne

dévoré par 

la neige


effondrement constant

bruits aveugles


forcément fini

l’ horizon


reste 

le commencement

la crête dos noir d’insecte





















montagne 

renversée menacée

par le ciel 

de cendre


blocs 

qui décomposent tout élément 

qui s’enchevêtre


au loin le dôme

figé 

dans son atteinte dominante


grands pans violacés

bruns lie 

de vin noirâtres
















vue délimitée

luciférienne & indisciplinée


des minéraux 

et 

des minéraux de roche 


une grammaire hallucinée 






















chaque mot poétique est ainsi 

un objet inattendu une boîte de Pandore 

d'où s'envolent toutes les virtualités du langage 

il est donc produit et consommé avec 

une curiosité particulière 

une sorte de gourmandise sacrée 

cette Faim du Mot commune à toute la poésie moderne fait de la parole poétique 

une parole terrible et inhumaine

elle institue 

un discours plein de trous et plein de lumières 

plein d'absences et de signes surnourissants sans prévision ni permanence d'intention et par là si opposé à la fonction sociale du langage que le simple recours à 

une parole discontinue 

ouvre la voie de toutes les Surnatures


une mer mystérieusement lointaine


enregistrée 

comme éruption


vitesse sculptant le feu 

minéral primordial






















on dirait que les 

Syrtes 

macèrent comme 

un corps dans sa sueur


banc de sables mobiles projetés par les vents et les courants sur les côtes principalement de l'Afrique septentrionale dangereux pour la navigation. 

Golfe des Syrtes





















les Argonautes se rembarquent 

mais 

une violente tempête 

les jette sur les côtes de Libye  près des redoutables 

Syrtes

ils traversent les sables






















une trame de temps 

s’approche 
bifurque

se coupe ou s’ignore pendant des siècles

embrasse 
toutes les possibilités































nous n’existons pas 
dans la majorité de ces temps 

dans quelques-uns vous existez et moi pas  
dans d’autres moi et pas vous  
dans d’autres tous les deux


dans celui-ci
que m’accorde un hasard favorable
vous êtes arrivé chez moi 

dans un autre
en traversant le jardin
vous m’avez trouvé mort

dans un autre 
je dis ces mêmes paroles 
mais

je suis 

une erreur un fantôme






un rayon 

me calme 
des piquantes nervures

force nomade
figée dans 

un air froid

un coup de fouet

à peine
cinglant le désordre infini





un rayon un air froid un coup de fouet































ce jour là

il y avait dans l’air comme 

une odeur de Temps

 

il sourit et retourna 

cette drôle d’idée dans sa tête




















il y avait là 

quelque chose à creuser


A quoi pouvait bien ressembler 

l’odeur du Temps


A celle de la poussière 
des horloges et 
des gens


et si 

on se demandait quel sorte de bruit faisait le Temps ce ne pouvait qu’être celui de l’eau ruisselant dans une grotte obscure des pleurs de la terre tombant sur des couvercles de boîtes aux échos caverneux de la pluie 



et en 

allant plus loin 

quel aspect présentait le Temps

?



qu'est-ce que cela vous fait

d'être-là

?




















Li-HUI

la chose en soi 

le vouloir-vivre

est en chaque être jusqu’au plus insignifiant 



















intégralement présente

aussi pleinement

que dans tous les autres réunis

tous ceux qui furent

sont et seront 



nous sommes près de nous éveiller

lorsque nous rêvons

que nous rêvons



aucune vie n'est vécue


l'explosion commence juste après la mort


ce qui précède 

n'est que le grésillement de la mèche



car plus encore que le rouge 

plus encore que le sang


effrayante est la blancheur incantatoire 

polarisant noir sidéral 


un regard dramatique et glaçant



masse-poussière


des yeux

multitude convertie au regard

circulaire

imposant l’intérieur seul appui du réel


densité immobile


radiation de silence


clairvoyance du vide




















fais donc saillir ici et maintenant

d’

un trait de plume

à même le texte réécrit tel 

un palimpseste 

faisant sortir les phrases de leurs gonds

les mots 


Appelé Esprit Kataise pour les hommes Halahâches pour les femmes Inframonde Poisson cornu Comique Effrayant Toujours Menton Poing Fait mine Frapper Tuer Ramener à la vie Guérisseur Haïn Scène jouée et tu entendras un silence pétri de pensée crépiter entre chaque membre d’une phrase désyntaxisée  




















semis 
d’éclats d’or disséminés 
çà et là 
dans la poussière fauve 
d’

un langage alchimique


appelle l’esprit par son nom 

HalaHâcHes 


ressens 

le rythme syncopé 

haletant cahotant  

éprouve le chant épistrophique la musique-trissée-du-H-chamanique perçant des galeries sonores aux ramifications descendantes souterraines en bouquet ramenant l’ordre au pandémonium de ta voix pour qu’enfin affleure ce rire lointain plus divin plus insaisissable que les larmes dont l’écarquillée rondeur vocalique  Hâ  signe le primordial effroi



















rien n’est figé

la mobilité opère 

les transformations sont en cours 


























il n’est pas impossible

que nous ayons droit de nouveau

un jour

au signal Ko

la révolution 

la mue

avec en bas ce qui s’attache

le feu  

et en haut le joyeux

le lac 



la Terre me fut importune

je pris mon essor vers les Cieux


j’y vis 

le Soleil et la Lune

et maintenant 

j’y vois les Dieux


l’amour 

est 

un art de musique  comme l’alchimie


la fixité approfondit le mouvement

le ciel au milieu de la montagne évoque des trésors enfouis 

le passé soulève le présent



vous ne ferez croire à personne que vous avez passé 

des heures à choisir ou à déplacer 

tel ou tel mot 

telle série de syllabes 


on vous tiendrait pour fou

et avec raison


fou comme il fallait l’être sans doute pour entretenir jour et nuit le feu d’une cuisson de métaux et passer à travers la matière afin de trouver la pierre philosophale la poudre de projection l’or du temps

je cherche l’or du temps




















 

elle dit


je n'ai jamais attendu autant ce jour où 

il ne se passera rien


















nous allons vers 

quelque chose 


même s'il ne se passe rien 

nous avançons vers quelque but


lequel 

!


je ne sais pas


je ne sais quelque chose 

que sur l'immobilité 

de la vie