vendredi, octobre 14, 2022


mais 

le déclin de monde 

est sensible surtout en ceci 

que le ciel retient ses influences

ou qu’elles n’ont d’effet sur l’élément terrestre 


la stérilité 

frappe ou le père ou la mère


la nuée 

ne conçoit de pluie ou ne répand

l’averse fécondante au moment favorable


















l’air 

n’engendre plus 

les saisons en couvant

maternellement la terre où les êtres naissent



les printemps 

qui étaient des berceaux 

sont des tombes

et les naissances avortent 

dans tous les ventres 


l’air est rempli 

de météores dont nul ne sait

non seulement ce qu’ils annoncent mais 

ce qu’ils sont


la terre produit 

des serpents tels qu’en Égypte

les sorciers n’auraient pu en créer de semblables


quel homme 

de l’art ose aujourd’hui se vanter

qu’il peut à la faveur d’

une constellation

faire descendre du Ciel l’influence des astres

l’enfermant dans 

une herbe

un arbre

ou bien 

un charme


et peut faire en touchant 

ce que font 

les étoiles 

?


l’art 

est perdu


perdues 

sont les correspondances



















elle est 

la pensée humaine


elle est intelligente 

elle prépare la pensée difficile 


la pensée est engoncée 
dure et pâteuse


elle la masse 
l’amollit la réchauffe 




































elle entraîne

l’intelligence à sortir de son engourdissement

 

elle entraîne 

sa tête

les membres de sa cervelle

sa nuque et ses dix doigts 

à sortir


elle veut se désincruster


elle décortique 

la bouche et rogne le bras droit de son maître


elle s’entraîne 

à bouger la tête à l’intérieur de la pensée


















In the end

there is no end


en fin de compte il n'y a pas de fin


Robert Lowell




la 
gravité n'est 
qu'

une théorie 






















We must 

be willing to let go of the life 

we had planned 

so as to have the life that is waiting for us




nous devons être prêts à abandonner

la vie 

que nous avions planifiée afin d'avoir 

la vie 

qui nous attend


EM Forestier 





















spectres lumineux

traité des forces 

qui produisent l'organisation des plantes

1844 

frontispice


*






ça 

fait 

longtemps 

que 

je ne suis plus moi



nous ne sommes pas des êtres homogènes mais des intelligences dialectiques complexes difficilement réductibles et assignables 

nous sommes des consciences fluides animées d’envies de besoins de passions contradictoires d’espérances fluctuantes mortifères parfois sans cesse vacillantes comme l’est une flamme au bout d’une chandelle

nous sommes des miroirs fourmillants tendus à la fois en nous et au-delà




















If 

tenderness approaches

run to it

















Evidence of the failure to love is everywhere around us. To contemplate what it is to love today brings us up against reefs of darkness and walls of despair. If we are to manage the havoc—ocean acidification, corporate malfeasance and government corruption, endless war—we have to reimagine what it means to live lives that matter, or we will only continue to push on with the unwarranted hope that things will work out. We need to step into a deeper conversation about enchantment and agape, and to actively explore a greater capacity to love other humans. 

















The old ideas—the crushing immorality of maintaining the nation-state, the life-destroying belief that to care for others is to be weak, and that to be generous is to be foolish—can have no future with us.

















de 

la lettre 

du voyant à la Bhagavadgītā 

la doctrine du 

non-soi






















la doctrine du non soi en sanskrit Anātman 

distingue le bouddhisme comme 

une déviance 

de la croyance hindoue de l’Ātman 

le soi ou l’essence pure


seulement du point de vue de la non individuation plutôt que du  non soi le  Je est autre  de la lettre du voyant propose une nuance à cet aspect de la doctrine bouddhiste


la présence de Rimbaud  

le Grand Jeu



depuis toujours les poètes usent de leur intelligence et de leur sensibilité pour décrire ou suggérer ce qu’ils considèrent comme l’essence d’un système clos

ils versent des pleurs sur eux-mêmes attachent des rubans aux gerbes des saisons et dérobent aux femmes leur bâton de rouge afin de se dessiner sur la poitrine une plaie émouvante et commode 

pour eux  l’art est de polir joliment une phrase et de tourner avec grâce autour des mystères 

l’enthousiasme leur paraît du dernier commun et ils ne souffrent la passion que dans un cas strictement défini

tout problème métaphysique leur est une manière de scandale

ils sont passés à l’état d’amuseurs publics et semblent s’accommoder fort de cette fonction 

on les étonnerait grandement en leur parlant du pouvoir de la Poésie et en leur annonçant qu’il n’y a de Poésie que du général 

ils ne réfléchissent pas que persona veut dire masque et la dissemblance de leurs visages et de leurs réactions est pour eux le meilleur signe que tout individu constitue un univers parfaitement fermé une personnalité

nul effort de dépouillement chez ces tristes chanteurs



la conception individualiste du Moi est à la base de l’échec poétique éprouvé depuis deux mille ans par le monde occidental

si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui depuis un temps infini ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse  en s’en clamant les auteurs !



l’effort de révision des valeurs entrepris par Rimbaud devait aboutir à cette conclusion

la Poésie d’

une race est son plus pur 

reflet 

le monde occidental dominé par une religion et des institutions individualistes ne pouvait produire qu’une poésie appliquée au sensible puisque seul le désir d’unité permet à l’esprit humain d’opérer la synthèse qui le fait remonter à l’idée


par quelle notion du Moi 

Rimbaud prétend-il donc remplacer l’individualisme 

de l’Occident 


souvenons-nous de ses lectures à la bibliothèque de Charleville

la littérature de la Grèce ancienne le fit accéder à la métaphysique de l’Orient dont il retrouva les échos dans ses lectures cabalistiques


Platon le conduisit à Pythagore et de ce dernier il remonta jusqu’aux Mystères orphiques que l’Orient transmit à la Grèce

c’est dans cette somme qu’il convient de chercher la conception de la personnalité proposée par le poète


le Védisme et le Brahmanisme enseignent que l’âme humaine n’est qu’une étincelle du feu universel reflet de Dieu au cœur de sa masse


il n’y a pas de dualité entre Dieu et la création comme l’entend la religion occidentale sous sa forme orthodoxe

cette dualité ne peut se concevoir puisque si l’on admet que Dieu crée un objet en dehors de lui-même il perd sa qualité d’Absolu


Jusqu’ici le problème que crée notre impression actuelle de personnalité reste irrésolu

voyons s’il n’est pas quelque moyen de le vaincre



Dieu parfait est tout amour

or aimer 

c’est prendre conscience d’une dualité

mais comme toute dualité est par nature interdite à l’Absolu le désir de Dieu ne peut que localiser tant qu’il dure des parcelles de sa divinité

ces parcelles ou mieux ces âmes font partie de l’Unité mais ne sont pas l’Unité même 

elles tendent à revenir s’y confondre mais leur limitation momentanée au cœur de l’illimité leur impose une série d’expériences dont le but est la réalisation même de cette Unité


Je Est Autre 

Je Est Dieu En Puissance




l’âme humaine est donc réellement omnisciente puisqu’elle baigne en Dieu mais la plus grande partie de ses pouvoirs est obturée par la matière qui la cerne   et ce que nous nommons centre de conscience n’est en réalité qu’une lueur infiniment faible émanée de la conscience totale

le centre de conscience ne réfléchit qu’une opposition entre la restriction de la connaissance humaine et la possibilité  

d’une science Infinie que l’homme pressent et recherche

cette opposition diffère évidemment d’intensité avec le degré d’évolution atteint par l’âme au cours de ses expériences

le masque 

imposé par la matière est particulier à chaque esprit

autant d’hommes

autant de personnalités


la vraie conscience ne peut se retrouver que par l’oubli de ce que nous nommons ici-bas la conscience


lorsque dans la conversation nous cherchons un nom quelconque sans pouvoir nous le rappeler il n’y a qu’au moment où nous détournons notre attention de cette recherche que le nom perdu se retrouve 

ce phénomène banal m’apparaît singulièrement révélateur de l’obstacle apporté par la conscience à la découverte de la vérité


c’est que celle-ci se confond avec la notion d’unité et que tout acte de conscience tel que nous l’entendons est basé sur l’attention 

or 

faire attention 

c’est 

s’intéresser

et par là même s’individualiser


nous avons vu que les esprits sont réellement en Dieu

d’où cette parole d’un philosophe hindou 


Brahman 

est vrai

le monde 

est faux 

l’âme de l’homme est Brahman et rien d’autre


c’est ce qu’exprime Rimbaud en écrivant  


Je est un autre

il eut aussi bien pu écrire 

Je est Dieu en puissance



pour remonter à la conscience suprême il est essentiel de cultiver en soi l’inattention et le désintérêt puisque leurs contraires nous procurent le sentiment d’une personnalité à jamais distincte et nous amènent à confondre avec la Lumière un seul reflet de son éclat

se désintéresser sur le plan matériel

c’est arriver à l’altruisme

se désintéresser sur le plan psychologique 

c’est parvenir à Dieu



n’est-il pas révélateur de mettre en regard telle phrase du Bhagavad Gîta qui concerne la conception du moi et les lignes qu’écrivit Rimbaud sur le même sujet 

?



celui dont l’esprit 

est égaré par l’orgueil de ses propres lumières 

s’imagine que 

c’est lui-même qui exécute toutes les actions 

résultant des principes 

de sa constitution




L’influence De La Métaphysique Orientale

 


la confusion qu’établit Rimbaud entre la Parole et l’Idée résulte directement de la solution que fournit au problème de la matière la métaphysique dont il est pénétré


on y trouve que le monde existe parce que Dieu le pense et le prononce

Elle dévoile donc entre l’Idée et la Parole une similitude que la simple psychologie humaine vérifie d’ailleurs complètement : 

la pensée même silencieuse s’appuie toujours sur des combinaisons de formes ou de sonorités (ce qui est même chose puisque  les parfums les couleurs et les sons se répondent  et pareillement une pensée particulière naît de chaque combinaison d’harmonies ou de formes

il n’y a 

pas 

d’idée sans parole 

ni 

de parole sans idée


en poursuivant plus loin l’analogie on arrive à réaliser que la Vie ne peut se concevoir sans la Matière non plus que la Matière sans la Vie 

l’une et l’autre ont la même source qui est la pensée divine manifestée par la Parole 

or s’il existe une parenté entre les effets d’une même cause la Vie et la Matière loin de s’opposer doivent être les aspects d’une réalité unique


les différences que présentent ces aspects sont de même nature que celles que l’on constate entre les notes d’un accord musical 

les vibrations rapides engendrent 

des notes aiguës, 

et 

les vibrations lentes 

des note graves 


la Parole divine a  de même façon fait naître des plans successifs dans l’Univers 

et si l’on peut classer les sons en deux grandes catégories 

les sons aigus et les sons graves 

il est également possible de diviser les plans de l’Univers en plan des Idées et plan des réalités sensibles ou encore en monde sans forme et monde de la forme


voici ce qu’écrit Rimbaud à ce sujet 


donc le poète est vraiment voleur de feu ...

si ce qu’il rapporte là-bas a forme il donne forme 

si c’est informe donne de l’informe


en ce qui concerne 

la continuité établie entre l’Esprit et la Matière 

il déclare 

cet avenir sera matérialiste

vous le voyez

lettre du voyant



plus exactement

il faut dire qu’il n’y a ni Esprit ni Matière

mais 

un Esprit-Matière

le monde sans forme dont nous avons parlé n’existe que pour l’observateur qui fonctionne sur le plan sensible

s’il lui était donné au contraire d’être  éveillé  sur le plan des Idées le monde sans forme deviendrait pour lui 

un autre monde de la forme

la distinction n’est qu’empirique 

et relative à l’homme conscient sur le plan physique


la nature des réalités varie avec la fréquence des vibrations qui leur ont donné naissance

un certain nombre est par conséquent assigné à chaque état de l’Esprit-Matière 


toujours pleins 

du Nombre et de l’Harmonie

écrit Rimbaud

ces poèmes 

seront faits pour rester


l’influence pythagoricienne se fait ici nettement jour


nous quittons 

l’Orient pour la Grèce

mais 

nous n’abandonnons pas 

une métaphysique pour une autre



c’est qu’en effet s’il n’est pas historiquement établi que Pythagore fit un voyage aux Indes ou en Égypte il n’en est pas moins vrai que son enseignement est une pure adaptation de l’Orphisme et par conséquent des doctrines orientales :



c’est à la libération de l’élément divin par la possession définitive de l’immortalité bienheureuse que tendent l’initiation et le régime de la vie orphique

le corps n’est pour notre âme qu’une chaîne qu’un tombeau qu’une prison  et du moment que le corps est l’élément impur qui emprisonne l’âme l’homme a le devoir de s’en détacher de s’en dégager... 

notre grand devoir est de nous  purifier 



note 

au 

Phédon de Platon


nous retrouvons ici la notion d’une conscience universelle à laquelle il est possible de remonter par la purification et le détachement du sensible obtenus à travers de multiples expériences

en un mot

toute la métaphysique orientale est là

Pythagore s’attachait particulièrement à l’étude de l’Esprit-Matière dissocié en choses par les vibrations qui les conditionnent et basait spécialement son enseignement sur la science des Nombres

on trouve 

dans le catéchisme des Acoumastiques 


qu’y a-t-il de plus sage

Le Nombre


qu’y a-t-il de plus beau 

L’Harmonie


et chez 

Philolaüs 


toutes les choses qu’il nous est donné de connaître possèdent 

un Nombre 

et rien ne peut être conçu 

sans le Nombre 


ou encore 


l’Harmonie 

est l’unification du multiple

composé 

et l’accord du discordant



Rimbaud conçoit donc au rôle du Nombre dans la Poésie une importance essentiellement métaphysique et pressent des principes plus vastes aux lois de la poétique à venir que ceux de l’acoustique ou de la mnémotechnie empiriquement observées 

fidèle à son système il ne conçoit pas d’opposition entre l’Idée et la Forme non plus qu’entre l’Esprit et la Matière 

en attendant

demandons aux poètes du nouveau  

idées et formes  


exige-t-il



la solution qui logiquement résulte de ce système est de se détacher du sensible qui nous cache les réalités supérieures pour accéder aux domaines que l’intuition pressent

un nouveau mode de connaissance va donc naître  

la Voyance

il ne s’agit point là d’une vision littéraire de la vie comme ont semblé le comprendre jusqu’ici les commentateurs de Rimbaud mais d’une contemplation métaphysique de l’Absolu

le poète doit   être voyant 


à travers 

Pythagore et Platon 

Rimbaud 

accède à la méthode 

que les Grecs empruntèrent à l’Orient


toute poésie antique 

aboutit à la poésie grecque 


commence-t-il 

et 


il achève 

sa lettre par cette affirmation 


Ainsi 

je travaille à me rendre 

voyant































































le 

mot 

avadhut

fait référence à celui qui a renoncé 

à tous les attachements et toutes les connexions au monde


il vit 

dans un état 

au-delà de la conscience du corps





















il s'est affranchi 

des soucis et responsabilités

des possessions et de toute position sociale


il s'est libéré 

de tout concept et de toute classification 

qui s'interposent entre lui et sa perception directe 

de la Réalité


il ne fait aucun compromis 

avec l'illusion


il n'offre 

aucune prise à la séparation


il ne permet

à aucun semblant de dualité 

de s'immiscer dans sa perception directe


il ne s'identifie

ni à son mental ni à son corps 

ni aux noms et formes et ne reconnaît pas 

de distinction entre lui-même et le monde qui l'entoure


d'après 

Dattatreya

un avadhut ne possède pas une apparence 

ni un style de vie

une religion ou un rôle social particuliers


il peut se promener 

tout nu ou être vêtu comme un prince


il peut sembler 

pieux ou blasphématoire

ressembler à un ascète ou être hédoniste

 

un tel être est la pure conscience sous 

une forme humaine. 

il est la Réalité toujours libre 


Brahman


























pendant que 

la plupart d'entre nous regardent ailleurs

quelque chose 

de bouleversant est en train 

de se passer



































une croyance fondamentale rarement remise en question voudrait que le monde soit fait de choses réelles séparées les unes des autres et évoluant dans un espace et un temps eux aussi réels 

l'impensable réalité montre comment la physique est de plus en plus forcée d'avouer que finalement

il n'y a pas de choses dans l'univers

la mécanique quantique et la relativité n'ont même pas fini d'ébranler nos images classiques que de stupéfiantes percées théoriques sur l'origine de l'univers  sur le point zéro  tendent à montrer que celui-ci est essentiellement non physique et intemporel

l'impensable Réalité invite à regarder directement le cœur de l'univers là où il est 

ici et maintenant

cet ouvrage attire par ailleurs l'attention sur un courant spirituel encore peu connu en Occident le shivaïsme tantrique du Cachemire qui coule aisément dans le lit laissé vacant par la physique moderne...

l'impensable réalité Jean Bouchart d'Orval



























la terre

l'air

l'espace ou éther

l'eau

le feu 

le soleil

la lune




















un cobra

un pigeon

l'océan

un papillon-mite

une abeille

un éléphant

un ours

un daim

un poisson

un martin-pêcheur

un enfant

une jeune fille

Pingala la prostituée courtisane

un forgeron

un serpent

une araignée

une guêpe




le Bhagavata Purana 

Srimad Bhagavatam 

Livre XI

présente les 24 gurus 

Maîtres

qui

selon 

la tradition hindoue ont enseigné à 

Dattatreya