vendredi, novembre 12, 2021



celui 
qui tient la grande image
tous les mondes accourent à lui

ceux 
qui accourent 
ne subissent pas de tort
mais demeurent en paix et union

la 
musique 
les appâts font 
s’arrêter 

un étranger qui passe

mais les paroles qu’on dit sur la voie 
comme elles sont fades 
et sans saveur 




























regardée
elle ne vaut pas qu’on la voit 

écoutée 
elle ne vaut pas qu’on l’entende

mais 

employée 
elle ne peut être épuisée



une tête ailée 

est 
préférable 
à 

un cœur avec des testicules




inventer de nouvelles erreurs


il 
faut 
inventer 
de nouvelles erreurs, 
c’est 

une activité hygiénique remarquable 


elle 
aimait 

le 
poivre 
et 
les 
lignes brisées































quelque critiques 
que puissent être la situation et les circonstances 
où vous vous trouvez 

ne désespérez 
de rien  


c’est 
dans les occasions 
où tout est à craindre qu’il ne faut rien 
craindre  



































c’est 
lorsqu’on est environné 
de tous les dangers qu’il n’en faut 
redouter aucun  

c’est 
lorsqu’on est 
sans aucune ressource 
qu’il faut compter sur toutes  

c’est
lorsqu’on est surpris
qu’il faut surprendre l’ennemi 
lui-même 




*



je sais 
tout de l’autre
parce qu’il ignore tout de moi

voici 
quelques conseils 

capable  passez pour incapable 

prêt au combat ne le laissez pas voir 

proche semblez donc loin 

loin  semblez donc proche 

attirez 
l’adversaire 
par la promesse 
d’

un avantage 



prenez-le au piège en feignant le désordre  


s’il se concentre défendez-vous 

s’il est fort évitez-le  

coléreux  provoquez-le 

méprisant excitez sa morgue 

dispos fatiguez-le 

uni semez la discorde





























les choses 

sont dépourvues de distinctions 


c'est 

notre attachement qui leur 

en confère


vouloir 

comprendre et utiliser l'Esprit

n'est-ce pas là 

le plus grand de tous les égarements 


?




















l'illusion engendre 

tantôt le calme tantôt le trouble 


l'illumination

détruit tout attachement et toute aversion


toutes les oppositions

viennent 

de la pensée
























un certain 
type de pourriture 
particulièrement concentrée 
se trouve résiduellement accumulée 
dans ce qu’on appelle 

les milieux 


c’est 
vraiment là 
où la sordidité à l’état pur 
peut apparaître 
dans 

une société...


*






















courir à travers 

per omnes civitates percurrit oratio mea 

parcourir 

omnium pectora metu percurrente

la crainte 
se glissant dans tous les cœurs


*



il y a 

dans l’homme 

un vice fondamental 

 

il est 
indispensable de le dépasser 

essaye 



dès que l’homme 

s’est parfaitement identifié 

à l’humanité


il commence à mouvoir 

la nature entière





















rêves

illusions fleurs de l'air

pourquoi s'exténuer à vouloir les saisir 


?


gain

perte vrai et faux

disparaissent en un instant







si 

l'œil ne dort pas

les rêves s'évanouissent d'eux-mêmes


si 

l'esprit 

ne se prend pas aux différences

les 
dix mille choses ne sont 
qu'

une unique Réalité




























elle 

tire le négatif du langage 

elle 

s’introduit dans sa chambre noire 


au commencement 
étaient non pas des héros et des dieux 
non pas même des hommes

mais 
des chocs
agrégats de sons
de syllabes




















au commencement
des noms se cherchaient dans les lettres
à travers l’articulation 
des langues 

le rire vers l’un 































nous devons être 

des égyptologues des déchiffreurs


nous avons tort de croire aux faits

il n’y a que des signes

nous avons tort de croire à la réalité 

il n’y a que des interprétations



penser percevoir 
interpréter
traduire 


































les essences 

sont à la fois la chose à traduire 
et la traduction même

le signe et le sens


poésies

elles s’enroulent dans le signe 
pour nous forcer 
à penser 

elles se déroulent dans le sens 
pour être nécessairement
pensées


partout le hiéroglyphe 
dont le double symbole est le hasard 
de la rencontre et de la nécessité 
de la pensée 


fortuit et inévitable 



il y a 

les signes mondains 

vides

ceux de l’amour mensonger

ceux des impressions ou des qualités sensibles 

matériels

et enfin ceux de l’art 

essentiels 

et qui sont bien la résolution des premiers


*


la recherche passe par eux

s’y trouve et culmine dans sa propre élucidation 

passant 


du temps perdu  du temps qu’on perd  

au temps retrouvé


c’est-à-dire en somme

de l’enveloppe à l’enveloppant




















nuages blancs volant sur les neuf sommets

rêver dans l'espace vide


liseré 
de brume 
à mi-flanc d'
une chaîne montagneuse


grand soir gris d'espace 

vision des pins forts


rivière convoyeuse de la nuit

dans ses remous porteuse

de voix



















vents et lumières à pic

montagne ébréchée


vents et tonnerres se levant sur la grande terre

aussitôt 

fantômes 

naissant sur les tas d'os blancs


ici le regard s'abîme


vent et pluie 

à dialoguer au moindre souffle

avec le vent


nuages d'hiver pressés de neige 

feu clos 

dans sa somnolence


le fleuve bouillonnant de glace

brouillant la vue


le froid le retour du froid


un souffle en douceur


planète minuscule

grands cris gelés

lac miroir aux lueurs mort-nées


chute des feuilles par le vent

d'ouest

forêt comme ferveur éteinte

engourdie


flèches volant vibrantes


ciel et terre en révolution 

temps bref

sans ébréchure

luit

le fil de l'horizon



les quatre mers se retournent

les nuages et l'eau se déchaînent

les cinq continents tremblent


lumineusement 

océan renversée


séparation effacée 

malédiction du cours d'eau


saule pleureur

flottant et montant droit 

au neuvième ciel

ombres dissipées toutes


comment ne pas admirer 

l’ironie noire qui a baptisé 

Œuvres complètes

un ensemble de textes 

qui célèbre le triomphe de l’inachevé


Dieu merci 

cette tombe ferme mal


danse des montagnes 

serpents d’argent

galop des plateaux 

éléphants de cire




la montagne est passionnante 

elle m’apprend quelque chose 

tous les jours


sans elle

je n’aurais jamais 

appris en aussi peu de temps 

autant de choses 

sur la Terre