mercredi, octobre 21, 2020


je ne sais point où 

je suis et 

j’crois pas que 

je sache comment retourner là-bas où 

je voudrais aller 

pensa-t-il 


mais en tout cas 

la barque s’est arrêtée assez longtemps 

pour me permettre de la faire 

virer


Faulkner


le cœur 

est fendu en deux 

et ne sait ce qu’il veut


la barque 

doit aller pour lui 

jour ou nuit ne sont qu’

un rideau changeant

à traverser


Vesaas




nous 

dérivions parmi les roseaux 

et


la barque 

s’est coincée


Comme ils se pliaient, avec un soupir, devant la proue ! (Pause) Je me suis coulé sur elle, mon visage dans ses seins et ma main sur elle. Nous restions là, couchés, sans remuer. Mais, sous nous, tout remuait, et nous remuait, doucement, de haut en bas, et d’un côté à l’autre.


Beckett


















py
ram
ide

pano
ram




















g
ram
inée

trig
ram
me 

pa
ram
ètre

g
ram
maire

f
ram
boise

anag
ram
me

épig
ram
me

télég
ram
me

monog
ram
me

logog
ram
me

idéog
ram
me

hexag
ram
me 
























 





Toutes les portes étaient verrouillées
Toutes les maisons étaient écrasées sous un toit de silence
Ouvrez-moi, je vous en supplie !
Et soudain à l'improviste, une porte s'ouvrit sans un bruit
Une lumière dans une chambre sans sommeil
Attendait mon retour.

AYUKAWA NOBUO
































Ce livre constitue sans conteste l’un des sommets de la poésie de l’après-guerre et rassemble des poèmes écrits entre 1945 et 1955, moment où la société japonaise retrouvait alors une forme d’équilibre, cependant non ressenti comme tel par Ayukawa Nobuo. 

Traducteur (de l’anglais), critique littéraire et essayiste, il fut l’un des fondateurs du groupe Arechi (traduction japonaise de «La Terre vaine», titre éponyme d’un texte majeur de T. S. Eliot), école poétique issue de la lignée moderniste qui donna naissance à la poésie dite «de l’après-guerre».

Les poèmes qui composent ce livre sont organisés en cinq chapitres selon un ordre qui ne respecte pas nécessairement la chronologie mais plutôt un souci thématique. 

Selon Kitamura Tarô (autre membre d’Arechi), il est possible d’attribuer aux différents chapitres de ce recueil des thèmes tels ceux de la «mort» pour le premier chapitre, de «l’amour» pour le second, du «chant du soldat» pour le troisième, d’un «paysage intellectuel» pour le quatrième et de «l’homme de la ville» pour le cinquième. 

Née de l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, la poésie d’Ayukawa Nobuo entretient des liens étroits avec l’expérience de la guerre. 

Elle se situe dans un ancrage social qui fait du poète un témoin ou passeur de mémoire de l’expérience de la mort. Au fil de la lecture se dessine la manière avec laquelle la poésie d’Ayukawa Nobuo se lie à la question de l’indicible.




Traduit du japonais 
par Karine Marcelle Arneodo (édition bilingue)

Postface 
de Karine Marcelle Arneodo & Olivier Gallon

Poèmes 1945-1955 
est le premier livre traduit en français 
d’Ayukawa Nobuo (1920-1986), 

figure emblématique 
de la poésie contemporaine japonaise.







La 
Barque
































 

 


21.10.2020

8

VIII


là se dresse la porte

qui ouvre sur les chemins de la Nuit et du Jour

encastrée entre

un linteau en haut et en bas

un seuil de pierre








celle-ci

bien que d'éther

est comblée par d'énormes battants

dont la très rigoureuse 

JUSTICE

détient 

les clés actionnées en échange




équilibre perfection harmonie

la très rigoureuse 

Justice

actionne les clés 

en retour de la juste prédisposition 

de celui qui se présente 

à elle


*


M. 
évoque 
bien quelque part 

la justice
en soi naturelle et universelle  

mais 
c'est pour 
constater aussitôt 
que nous n'y avons pas accès  

tout 
ce qu'on peut en dire ou supposer 
c'est qu'elle  

est 


autrement réglée  

et plus noblement   

que n'est cette autre justice   

spéciale   nationale   contrainte  

soumise 

au besoin de nos polices 

de nos sociétés 



















 

pensées  

la fortune y a bonne part
























la fortune

engage en son trouble et incertitude
aussi nos pensées

nous raisonnons 
hasardeusement et inconsidérément
dit Timée en Platon
parce que
comme nous
nos pensées ont grande participation
au hasard



hasard donne les pensées

et

hasard les ôte

point d'art

pour conserver ni pour acquérir 

pensée échappée

je la voudrais écrire

j'écris

au lieu

qu'elle m'est échappée


pensées



*




j'ai bien appris

que tout ce qui 
commence finit et que tout ce qui finit 
commence

j'ai bien appris

que tout ce qui 
s'élève descend et que tout ce qui descend 
s'élève

j'ai bien appris

que tout ce qui 
circule en vient à stagner 
et que tout ce qui stagne en vient à circuler




















































 

ETRE = CELA = BIEN = SENS = SEUL

TOUS = JOIE 

JOIE = ROSE = SOIN = MIEL


AZUR = DIEU 


3


*



A 1 B 2 C 3 D 4 E 5 F 6 G 7 H 8 I 9 J 10 K 11 L 12 M 13


N 14 O 15 P 16 Q 17 R 18 S 19 T 20 U 21 V 22 W 23 X 24 Y 25 Z 26



DCODE = 31 et 3+1 = 4


La somme 

A+B+C+...+Z 

soit 

1+2+3+...+26 est égale à 

351

=

9
















 



elle marche 

vers la pleine lumière du jour

















ses pieds 
obéissent à ses ordres

vastes 
en vérité ses enjambées

puissants 
sont ses membres


*



je force le passage

par la puissance de mes jambes


que mon ombre

ne soit pas capturée par vous


que mon âme

ne soit pas emprisonnée par vous


que la voie soit ouverte

pour mon âme et pour mon ombre


*


la pensée-poésie

veut-être échauffée et réveillée

par

les occasions 

étrangères présentes et fortuites


si 

elle va toute seule

elle ne fait que traîner et languir


l'agitation 

est 

sa vie et sa grâce 




















doublé blessé
 
se dira RASTA au lieu de 

Dada !


entrez
Mesdames et Messieurs  
entrez  

ce que vous n'avez encore 
jamais vu 

vous n'allez pas non plus 
le voir ici 

mais enfin

une ménagerie 
bien intempestive tout de même





























toute écriture représente donc 

n'est-ce pas ! 

pour celui 
à qui elle a quelque chose 
à dire 

une mystification réussie

finalement on se fout dedans soi-même 

invariablement

dedans






Dada Walter Serner  

Dada Rasta !

de son vrai nom Walter Eduard Seligmann 


un exclu volontaire 

un escroc ne travaillant jamais 

et  

trompant tout le monde ! 

même ses romans décrivent ce style 

de vie d’expédients