jeudi, juillet 23, 2020



le 
paravent en papier a la forme 
d’

une montagne

la 
couverture en tissu ressemble 
à 

un quadrillage de calligraphie




pour ménager 
mes yeux le rideau est rarement 
dévoilé




*






en Asie il existe une technique de méditation où l’on se retire pendant dix jours dans le silence et la pénombre des paupières closes et se livre quotidiennement au même rituel. 

ton esprit constamment confronte la carte de géographie au voyage réel au sol heurté compare les centimètres dessinés aux champs et forêts que le regard mesure





le paysage est découvert 

selon 

le déplacement 

de la ligne 

d’horizon





une ombre sur la carte 

les courbes de niveau plus sinueuses  tu vois la rivière aux eaux rondes et fortes rouler à ta droite entre les racines des arbres qui tirent leur tronc très haut là-bas vers la lumière entre les collines des troncs qui s’étirent vers le ciel aussi haut que ceux que tu as vus dans les Himalayas 

il y a 
des rêves de cela 






la 
rivière a 
creusé 

une fente 
dans le paysage




































Limonade 

tout 

était 

si 

infini

















le 
solitaire 
est 

une des plus belles incarnations 
qu’ait revêtue l’humanité

qui n’est elle-même 
rien par rapport aux paysages 

des cimes 
des lacs
des neiges 

et 
des nuages 

qui surmontent les montagnes


seul 
on lit

seul à seul
avec 

un autre qui n’est pas là




cet autre 
qui n’est pas là ne répond pas
et cependant

il répond



il 
ne prend 
pas 

la parole
et cependant 

une voix silencieuse 

particulière
si singulière s’élève 
entre les lignes qui couvrent 
les pages des livres sans qu’elle sonne

tous ceux
qui lisent sont
seuls dans le monde
avec leur unique exemplaire

ils forment

la communauté mystérieuse des lecteurs

c’est

une compagnie de solitaires 

comme on le dit 
des sangliers dans l’ombre touffue 
des arbres



Pascal Quignard

sur 
l’idée 
d’

une communauté de solitaires





































les 
premières pages 
d’

un livre 

ne se livrent 
jamais mieux que 
dans 

un lieu étrange 

dans 
le train 
dans 

un compartiment

lecture de voyage









ce sont les livres 

dont la vie tient à l’excitation que procurent 

la couverture

le titre et la première page




et aussi au fait 
qu’ils demandent à être coupés




les 
dernières pages 
d’

un livre déjà connu

elles ne se donnent 
jamais autant que dans votre petit salon 
le soir

il y a 
des gens 

et parmi eux 
certains qui possèdent 
toute 

une bibliothèque

qui 
n’abordent jamais 

un livre 
comme il conviendrait
parce qu’ils ne relisent jamais

et pourtant 
ce n’est qu’en sondant 

une 
muraille 
à petits coups

en trouvant les endroits 

qui sonnent creux et vous arrêtent 

qu’on tombe sur des trésors 

que le lecteur que nous fûmes 

y avait enfouis



Walter Benjamin

Fragments



































tout 
ceci n’est donc 
qu’

une fantasmagorie 

!

il faut tout brûler 

?

laissez

le temps s’en chargera




un 
gigantesque 
cocon noire absorbe 
chaque fois dans ses filaments serrés 
le monde nouveau qui vient de transpercer en 
un éclair chaque parcelle 
d'espace









j'aime

l'écume et le rocher

les gels nocturnes

l’étoile plénière

qui existe à certains endroits 

de certains poèmes


abrupts

sans indication d’auteur



plutonium

l’abîme


le jeu d’ombres léger des nuées

de l’aube

la lune qui travaille à la vitesse

de la splendeur



quelqu’un a dit

l’étoile absolue a pénétré ta douceur




poésie

c’est 

un chemin liquide   

un ciel qui coule

on ne comprend pas de quel côté

il traverse des vides et des volumes

nombreuses surfaces coloriées sans origine



où est 

le vieux vagabond de la Divine Comédie

où est 

le vieil homme qui traversait Philadelphie

avec trois rouleaux sous le bras

où est 

le vagabond étrange qui marchait sur l’eau

où est 

le vieux vagabond qui allait dans les montagnes

les poches pleines de morceaux de pain

qu’il trempait dans des ruisseaux

où est 

le vagabond noir dernier vestige de Bruegel

personne ne sait ce qu’il a 

dans son sac


il 
tombe 
sous le sens 
que la fuite est 
la seule 
issue 



rien ne colle   

ne veut pas dire   

rien ne va

on entre dans le présent 

c’est 

un état

il nous entraîne 

là où nous ne devions pas aller


la Rift Valley vue de satellite

les Orgues de la chaussée des Géants

la Taïga dans la région de la Kolyma



c’est 

une invention on peut y circuler


mais
dans quelle direction
mes amis 
dans quelle direction

?



sommes-nous sûrs d’avoir
un visage 


que bois-tu

que fumes-tu

mangez-vous du caviar   

des aubergines

j’ai épluché pour toi une orange

appelée sanguine

les tranches


je 
les ai disposées 
sur 

une petite soucoupe blanche



ça te rafraîchira 

Liliane 



si
la mauvaise 
volonté nous habite
il est plausible que ce
ne soit que de façon partielle
et que nous ne soyons pas pleins
à ras bords de mauvaise 
volonté

































mon effort

consiste à maintenir

intacte

la sensation de l’inexplicable

comme

un équilibre

durement conquis



je n’ai pas 

bien en main l’aptitude à écrire 

elle 

va et vient comme 

un spectre






en 
astronomie

un trou noir 

crée le vide autour de lui 
à cause de son insatiable voracité



se coupant 
graduellement de toute source de vie
franchissant 

un rayon de non-retour

la brillance 
décline et s’éteint








tout 
commence 
par 

un individu


la conscience 
de l’homme se trouve 
dans les os et la cendre



elle lisait

c'
est ainsi 
qu’

elle était heureuse




il faut 
cueillir modérément 



une 
pensée 

de 
trop

et le bouquet

vous arrache des larmes





une fois

une amorce d’histoire 

dans 

une suite d’entames

dans 




le préambule

le récit 

les possibilités de séjour

la résolution des fractures



une abrogation des ruptures

le territoire

l’absorption partielle des traces




la 
suggestion 
d’

un mur 

à 
l’endroit 
d’

une ligne 
discontinue des fragments



une marche 

sur 

un territoire


une organisation informelle 

un temps vacant

un rythme peu soutenu 



l’ouverture de temps morts

l’embrasure

des portes

un espace 

temps mental

le 
basculement 
de poignées sur des pièces 
vides



elle
dresse les cartes

qu’

elle replace
dans des répertoires historiques


les 
tentatives 
d’

un franchissement

une litanie