jeudi, juillet 23, 2020



Limonade 

tout 

était 

si 

infini







la phrase  limonade tout était si infini  que Kafka écrit dans une note ou qu’on trouve citée parmi ses fragments paraît minuscule et absurde à première vue 

elle concentre son génie du vertige


le mot limonade 
comme 
choc du trivial et du cosmique

Kafka juxtapose deux registres 


le quotidien dérisoire  la limonade boisson banale sucrée légère 


le sentiment d’infini vertigineux métaphysique indicible

ce contraste crée une collision poétique : 

l’immensité dans le banal l’éternel dans la bulle
ce n’est pas une ironie  mais une sorte d’épiphanie kafkaïenne  

le surgissement de l’absolu dans la matière la plus pauvre


le flux d’émerveillement ou de désorientation


dans ce fragment il n’y a ni sujet ni verbe ni contexte : 

seulement une exclamation suspendue comme un souvenir d’extase ou de trouble


on peut imaginer Kafka dans un moment d’ivresse perceptive

où tout — même la limonade — paraît infini


comme si le réel s’ouvrait soudain sans hiérarchie à une profondeur démesurée

le monde n’a plus de centre  

une gorgée devient cosmos


c’est la logique de l’éveil et de l’absurde mêlés


une expérience mystique inversée

dans la mystique l’infini se découvre souvent à travers le sublime 
chez Kafka c’est l’inverse  

l’infini se cache dans l’insignifiant
c’est une inversion du sacré 

l’illumination surgit du trivial sans explication ni beauté apparente

ainsi limonade tout était si infini devient une 

parabole de la disproportion 

le monde n’a pas de mesure humaine

il déborde partout

même dans les bulles d’un verre posé sur une table


lecture existentielle

Kafka touche ici à la racine de sa vision 
le sentiment que l’existence est infinie mais incompréhensible
que tout contient tout mais qu’aucun mot ne peut en rendre raison
le langage se brise reste seulement la juxtaposition d’images d’éclats

c’est une phrase d’enfant et de voyant à la fois 


elle témoigne d’un instant où le monde se défait
et où l’esprit perçoit dans le moindre détail
l’abîme du réel



en somme 

 

limonade tout était si infini  

 

est une micro-révélation 

 

un aphorisme en apesanteur 

 

un moment où Kafka

 

goûte l’infini et le trouve sucré banal

 

presque ridicule mais absolument vrai













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