Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
dimanche, février 03, 2019
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Homère et Hésiode
ont attribué aux dieux tout ce qui
chez les hommes
est honteux et blâmable
le plus souvent
ils leur prêtent des actions criminelles
vols
adultères
tromperies réciproques
*
attaques sorties mines contre-mines assauts
coups de canon fracassés brûlés
vingt mille morts
fumée feu éclairs bruit gémissement cris
membres sautant en l'air
mer ensanglantée corps foulés
fuite poursuite victoire victimes abandonnées
pillage violences incendies destruction
je
reconnais
d’abord que l’objet
est
une
chose intégrale
c’est
l’integritas
l’unité de l’objet
je
reconnais
ensuite qu’il présente
une
structure
composite et organisée
c’est
la consonantia l’harmonie
enfin
lorsque les rapports
entre les parties sont bien établis
lorsque les détails sont conformes à l’intention
particulière
je
reconnais
que cet objet est la chose
qu’il
est
l’âme
de l’objet
prend
un
rayonnement à mes yeux
c’est
la claritas
ces
moments
les plus
délicats et les plus
fugitifs
se
produisent lorsque
l’âme
d’
un
objet
sa
quiddité se dégage
d’
un
bond
devant nous
du vêtement de son
apparence
*
quiddité
essence
d'une chose
ce qui fait qu'une chose est
ce qu'elle
est
Leibniz
est sublime
lorsque
dépouillant l'être de toute qualité
il trouve non la quiddité vide des scolastiques
mais l'activité vivante et réelle
et reconstruit tout le monde avec
des atomes de volonté
la
quiddité
l'essence même de l'acte
d'exister
le
changement
n'est point le mouvement
le
changement
est altération de la qualité
du ceci
il
se produit
d'
un bloc
par
surgissement ou désagrégation
d'
une forme
le
mouvement
suppose au contraire
la permanence de la quiddité
ce
qui est
important
c’est l’acte de lecture
que devrait commettre le lecteur
non
pas le livre
lu
ce
qu’il faut
lire
l’idée
d’un livre bien
lu
mais plutôt
ce qui constitue pour le sujet
l’acte de lire
ce
qui est
rappelé par
les textes bibliques
ou d’autres textes sacrés
c’est que l’acte de lire est plus important
que le livre lu
c’est
pour ça
que dans le judaïsme
lorsqu’on a
fini
une
lecture
supposée
complète des Écritures
il faut immédiatement recommencer
le
principe
c’est qu’on n’en ait jamais
fini
on
a toujours
raté quelque
chose
offrir
à quelqu'un
un bon repas ou
un plat goûté tout particulièrement
il
se régalait
des
entrailles
des animaux et
des volatiles
il
aimait
une
épaisse
soupe d'abats
les gésiers au goût de noisette
un
cœur
farci rôti
des
tranches
de foie panées frites
des laitances de morue frites
plus que tout
il
aimait
les rognons
de mouton grillés
qui lui laissaient sur le palais
la saveur légèrement acidulée
d'
un
délicat
goût d'urine
Léopold Bloom se régalait
il
était
une fois
et
c’était
une
très belle fois
une
meuhmeuh
descendait la route
et cette meuh-meuh qui
descendait la route rencontra
un zoli
petit garçon nommé
bébé coucou
once upon a time and a very good time it was there was a moocow coming down along the road and this moocow that was coming down along the road met a nicens little boy named baby uckoo…
*
C'est le premier succès achevé de Joyce, terminé vers 1914.
Roman autobiographique, l'auteur y raconte son enfance et sa jeunesse à Dublin, son éducation chez les jésuites, ses révoltes contre ces mondes clos, sa libération par la vocation artistique (d'où le titre).
Le style va du réalisme brutal à la plus grande poésie, de l'ironie à l'émotion. Joyce y donne avec clarté - ce sont les deux ouvrages ultérieurs, Ulysse et Finnegans Wake, qui passent pour obscurs - sa vision du réel et de l'imaginaire.
Roman autobiographique, l'auteur y raconte son enfance et sa jeunesse à Dublin, son éducation chez les jésuites, ses révoltes contre ces mondes clos, sa libération par la vocation artistique (d'où le titre).
Le style va du réalisme brutal à la plus grande poésie, de l'ironie à l'émotion. Joyce y donne avec clarté - ce sont les deux ouvrages ultérieurs, Ulysse et Finnegans Wake, qui passent pour obscurs - sa vision du réel et de l'imaginaire.
Ce roman de formation, document capital sur Joyce, est aussi un grand livre.
hypothèse
de la vue selon Jacques Derrida
l'homme
commence
à penser les yeux en les perdant
et alors
il implore
l'essence
de l’œil est le propre de
l'homme
par
l'imploration
les yeux sont dissociés
de leur fonction organique
afin de
pleurer déplorer
*
en
vous
laissez
ainsi le torrent
déborder la source
qu' oeil
et larme soient
un
alors
chacun porte la différence
de l'autre
les yeux pleurant
ces larmes
voient
si
un
homme
ne va pas là où il désire aller
alors dans
une
de ses vies
il
naîtra en taureau gris sans
cornes
et s'en prendra aux mottes de
terre
*
une rigueur
un principe gratuit et inévitable
une brève séquence
un centre
une avancée
un phénomène
un linteau
un pianiste
un éléphant en pièces détachées
une
hélice
accidentée
tout au fond de la pensée
le plaisir subtil de l'hésitation
le durcissement des relations
les liaisons temporaires
les terminaisons excitées
les lignes moites
un
trait formel
que je voudrais souligner
ce
qui rend
visible les choses
visibles n'est pas visible
la
visibilité
la possibilité
essentielle du visible n'est pas
visible
axiome
absolument indépassable
ce qui rend visible n'est pas visible
on
retrouve
cette structure
chez Aristote quand
on dit que la transparence le diaphane
qui rend les choses visibles n'est pas visible