mardi, février 24, 2009

Ne cherchez donc pas...



à la voir avec des yeux mortels, ne croyez pas qu'on puisse la voir ainsi, comme le pensent les gens qui ne croient qu'aux choses sensibles et nient la suprême réalité.
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Avec Plotin (Ennéades, V, 5, 11)
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L.A. photographies,
la Pierra Menta et l'Aiguille du grand fond, Fév.2009

L'espace bleu entre les nuages


L.A. photographie, les Saisies, Fév.2009

Il n'y a plus de phrase, plus de ligne

seulement quelques mots isolés sur la page vide : ils sont là pour eux mêmes où la poésie se situe à la limite du silence. L'écriture ici ne répond plus à la nécessité d'une condensation extrême du discours poétique, mais à celle de sa volatisation dans l'espace. Balbutiements d'une parole en train de naître ; volonté d'effacer le plus de mots possibles, de mettre la langue entre parenthèses, faire apparaître le plus de blanc possible. L'écriture devient en quelque sorte la douloureuse expérience de l'aphasie, du silence, du vide.
insoluble
(petit môme)
tubulure
(top)
(lampes)
(givres)
(cornes),
(étoiles)
(tuiles)
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Jean-Paul Séguin (publié en 1980)
source Alain Frontier, Belin

L'oiseau sur la branche

Chu Ta, Musée national du Palais, Taipei.
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Après avoir traversé les orages du monde - y avoir souffert, y avoir aimé -, le solitaire se retire à l'extrémité de tout, au bord du vide qu'il contemple d'un oeil impavide, équilibriste parvenu au saut ultime, déjà délivré du poids terrestre. La composition, outrancièrement décentrée, accentue encore cette attitude extrême, qui est bien celle du défi. Je suis au bout des choses et je m'y tiens.
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François Cheng

Solitaire et casanier

toujours proche de l'eau courante
gris ardoise et plastron blanc
agité de secousses nerveuses

plonge ou marche dans l'eau
marche au fond
vol bas rapide et direct
cri bref zit zet tzett métallique
chant explosif et grinçant
mêlé de gazouillis liquides
le Cingle plongeur cinclus cinclus
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ICI

sur la beauté de mûrir

on se rêve

noce éperdue
fleur bois mort

et vaine
nos espoirs naissent par l'infini


mourir même


où adorer
jusqu'à la fin

en verdure qui se fend d'être

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Alice Nez
l' aube insiste
éd. L.Mauguin
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mourir même où adorer jusqu'à la fin en verdure qui se fend d'être
.
Si j'étais oiseau
il me faudrait aussi chanter avec ma gorge rauque
cette terre battue par la tempête,
ce torrent où déferle sans cesse notre révolte,
ce vent qui n'en finit pas de souffler,
et l'aube, d'une telle douceur, qui vient des forêts...
Après quoi je mourrais,
et mes plumes elles-mêmes se fondraient dans le sol...

Après avoir trop aimé cette terre,
j'ai souvent les yeux emplis de larmes.
°
Avec Ai Ts'ing ( né en 191O)