mardi, février 24, 2009

Il n'y a plus de phrase, plus de ligne

seulement quelques mots isolés sur la page vide : ils sont là pour eux mêmes où la poésie se situe à la limite du silence. L'écriture ici ne répond plus à la nécessité d'une condensation extrême du discours poétique, mais à celle de sa volatisation dans l'espace. Balbutiements d'une parole en train de naître ; volonté d'effacer le plus de mots possibles, de mettre la langue entre parenthèses, faire apparaître le plus de blanc possible. L'écriture devient en quelque sorte la douloureuse expérience de l'aphasie, du silence, du vide.
insoluble
(petit môme)
tubulure
(top)
(lampes)
(givres)
(cornes),
(étoiles)
(tuiles)
°
Jean-Paul Séguin (publié en 1980)
source Alain Frontier, Belin

1 commentaire:

  1. sans séparer du chiffre


    le recouvrement


    mais du tout
    un signe

    Martin Ziegler


    "L'état de l'âme, dans un instant indivisible, fut représenté par une foule de termes, que la précision du langage exigea, et qui distribuèrent une impression totale en parties ; parce que ces thèmes se prononçaient, on fut porté à croire que les affections de l'âme qu'ils représentaient avaient la même succession. Mais in n'en est rien. Autre chose est l'état de l'âme ; autre chose le compte que nous en rendons soit à nous-mêmes, soit aux autres ; autre chose la sensation totale et instantanée de cet état ; autre chose et l'attention successive et détaillée que nous sommes forcés d'y donner pour l'analyser, la manifester, et nous faire entendre. Notre âme est un tableau mouvant d'après lequel nous peignons sans cesse : nous employons bien du temps à la rendre avec fidélité, mais il existe en entier et tout à la fois : l'esprit ne va pas à pas comptés comme l'expression [...]. L'état de l'âme dans un même instant, ce que le grec et le latin rendent par un seul mot. Ce mot prononcé, tout est dit, tout est entendu."
    Denis Diderot, Lettre sur les sourd-muets
    (cité par Shayegan, via Fontenay)

    *

    On ne fait que
    ça

    remplir cet espace
    vide

    vider cet espace
    plein

    *

    Écrire,
    dessiner
    des sommets
    que la pluie
    saura relier avec
    la mer, fleuve aidant

    *

    Avec douleur sourit
    l'enfant

    RépondreSupprimer