jeudi, novembre 06, 2025


Le vent d’hiver  Roger Caillois


le vent d'hiver nettoie tout

il traverse la plaine les branches les pensées

rien ne lui résiste  

ni les traces dans la neige
ni les traces dans la mémoire

il dépouille les choses de leur ombre
il les rend à leur forme première
comme si le monde un instant
se souvenait d’avoir été pur


















lecture du vent d’hiver

le vent d’hiver ne se contente pas de traverser  il dépouille il ôte les couches les scories les traces  ce qu’il emporte c’est le superflu dans la plaine comme dans la pensée il agit comme un agent de clarté le monde après lui n’a plus d’ornement  il redevient structure ossature vérité nue

ainsi le vent d’hiver chez Caillois n’est pas un phénomène météorologique mais une force métaphysique de purification il travaille la matière comme la conscience  il efface les traces pour rendre à chaque chose sa forme première la neige la mémoire les paysages intérieurs  tout s’égale sous ce souffle impartial

dans cette perspective le vent est crible  
il filtre le monde pour en laisser paraître l’essentiel 

le vent d’hiver c’est le monde dans sa phase de silence actif  il n’annonce pas la mort mais la suspension 
un état d’entre-deux où tout se tient glacé lucide prêt à renaître


là où il passe 

il n’y a plus de formes inutiles 

seulement la respiration blanche du réel

 





le vent d’hiver 

est 

la grande santé froide 

l’équilibre revenu par effacement 

le monde rendu 

à sa rigueur et à sa lumière














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