Le vent d’hiver Roger Caillois
il traverse la plaine les branches les pensées
rien ne lui résiste
ni les traces dans la neige
ni les traces dans la mémoire
ni les traces dans la mémoire
il dépouille les choses de leur ombre
il les rend à leur forme première
comme si le monde un instant
se souvenait d’avoir été pur
lecture du vent d’hiver
le vent d’hiver ne se contente pas de traverser il dépouille il ôte les couches les scories les traces ce qu’il emporte c’est le superflu dans la plaine comme dans la pensée il agit comme un agent de clarté le monde après lui n’a plus d’ornement il redevient structure ossature vérité nue
ainsi le vent d’hiver chez Caillois n’est pas un phénomène météorologique mais une force métaphysique de purification il travaille la matière comme la conscience il efface les traces pour rendre à chaque chose sa forme première la neige la mémoire les paysages intérieurs tout s’égale sous ce souffle impartial
dans cette perspective le vent est crible
il filtre le monde pour en laisser paraître l’essentiel
le vent d’hiver c’est le monde dans sa phase de silence actif il n’annonce pas la mort mais la suspension
un état d’entre-deux où tout se tient glacé lucide prêt à renaître
là où il passe
il n’y a plus de formes inutiles
seulement la respiration blanche du réel
le vent d’hiver
est
la grande santé froide
l’équilibre revenu par effacement
le monde rendu
à sa rigueur et à sa lumière
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