John Dee
1527 – 1608 ou 1609
fut l’une des figures les plus énigmatiques et fascinantes de la Renaissance européenne : mathématicien astronome géographe alchimiste magicien conseiller de la reine Élisabeth Iʳᵉ et chercheur d’un savoir total unissant science et mysticisme Il incarne cette époque où les frontières entre la connaissance rationnelle et la quête spirituelle étaient encore poreuses
le savant de la Renaissance
Né à Londres formé à Cambridge John Dee fut d’abord un esprit scientifique remarquable
Il enseigna les mathématiques étudia la navigation l’astronomie et contribua à l’expansion maritime anglaise en traçant les cartes du Nouveau Monde Il introduisit aussi en Angleterre les idées de Copernic et de l’humanisme mathématique de la Renaissance
Mais Dee n’était pas seulement un homme de chiffres : pour lui les mathématiques étaient une clé de la création divine un langage universel qui reliait le monde visible à l’ordre céleste
Le magus et le chercheur d’unité
Très tôt il s’oriente vers une quête spirituelle : il étudie la cabale l’alchimie et les écrits hermétiques
Il cherche à unifier la science, la théologie et la magie dans une même vision cosmique
Pour Dee comprendre le monde c’est en déchiffrer la géométrie sacrée les nombres les symboles et les lettres sont les traces de la pensée divine
C’est dans ce contexte qu’il compose en 1564 sa fameuse
Monas Hieroglyphica
la Monade hiéroglyphique
traité ésotérique où il tente de condenser dans un seul signe graphique l’ordre entier de l’univers
Les communications angéliques
À partir de 1582, Dee entreprend avec son médium Edward Kelley une série d’expériences spirituelles destinées à communiquer avec les anges
Ces entités lui transmettent, selon lui un langage céleste l’« énochien qu’il note avec précision dans ses journaux
Ces séances, menées avec rigueur quasi scientifique visaient à reconstituer le savoir perdu d’Adam avant la chute une langue originelle du cosmos
Pour Dee les anges ne sont pas des figures religieuses au sens étroit : ce sont des intelligences cosmiques gardiennes du plan divin qui parlent à l’homme capable d’en recevoir la lumière
Déclin et solitude
Malgré sa réputation de savant et de conseiller royal John Dee finit sa vie dans la pauvreté et la marginalité Son intérêt pour la magie et l’alchimie lui valut d’être soupçonné d’occultisme dangereux Revenu de longs voyages en Europe centrale il trouva son pays changé et mourut oublié
Vision et héritage
L’œuvre de Dee représente le rêve d’un savoir total une tentative d’unir les disciplines :
géométrie théologie astronomie, langage, symbolisme
Il anticipe à la fois la science moderne par sa rigueur mathématique et la pensée ésotérique par sa quête d’unité entre esprit et matière
Il incarne le moment où la science était encore un acte mystique et où l’observation du ciel s’accordait à la méditation sur l’âme
John Dee
est le prototype du
mage de la connaissance
celui qui croit que le monde entier
est un texte écrit par Dieu et que les nombres les formes
et les étoiles en sont
les lettres
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