le chemin de vie n’est ni droit ni tracé il avance en spirales en détours en silences il commence avant nous dans la mémoire du monde il continue après nous dans la poussière et la lumière chaque pas invente le sol chaque souffle découvre le ciel on croit choisir on croit savoir mais le chemin se dessine à mesure qu’on le traverse il est fait de rencontres de pertes de recommencements il se nourrit de l’invisible de ce qu’on ne comprend pas encore c’est un fil tendu entre le hasard et la nécessité un chant qui change de voix à chaque saison le chemin de vie c’est apprendre à marcher dans le clair obscur à écouter la pierre à parler à l’ombre et à
la poésie avait fait plier le réel comme on plie une carte pour inventer un autre pays les lignes se sont déplacées les distances se sont confondues les murs ont respiré le temps s’est assoupli sous la main du mot la matière a perdu sa dureté les choses ont commencé à rêver d’elles-mêmes le monde n’était plus fermé mais ouvert comme une page humide après la pluie la poésie avait fait plier le réel non pour le fuir mais pour le rendre habitable pour que la lumière trouve passage entre les phrases pour que
le hasard est souvent l’ignorance des causes c’est la face cachée du mécanisme le battement d’ailes qu’on ne voit pas avant la tempête c’est l’ordre invisible que notre regard trop court ne saisit pas encore le hasard n’est pas chaos il est musique qu’on n’a pas apprise il relie ce que l’on croit séparé il trace des lignes à travers nos vies comme un dessin qu’on ne découvre qu’en reculant il est le nom que nous donnons à notre aveuglement et parfois à la grâce quand le monde s’ajuste soudain sans raison apparente
la vie est un roman total chaque souffle une phrase chaque regard un chapitre chaque silence un pli dans la page il n’y a pas de lecteur extérieur nous sommes dedans jusqu’au cou écrivant sans savoir le dénouement les saisons tournent comme des paragraphes la pluie corrige les fautes le vent efface les lignes le temps relit tout sans hâte la vie est un roman total où tout compte le futile et le sacré la poussière et l’éclair le rire et la chute rien ne se perd tout s’écrit dans une langue que personne ne possède vraiment

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