mardi, novembre 25, 2025



dans une clairière hors du temps
deux feux se reconnaissent

le visionnaire 
solaire enchanteur du oui

le philosophe 
du feu maître du flux





























le visionnaire  

s’avance comme un voyageur 
qui a trop vu brûlé par la lucidité vibrant d’un rire qui cherche encore 
sa source


le philosophe

est déjà là assis près du courant
Il ne parle pas il écoute le fleuve comme s’il y entendait
sa propre pensée revenir

le visionnaire

s’incline légèrement 
non par respect mais par affinité

 

toi qui as dit que tout s’écoule
tu as ouvert la voie que personne n’a su suivre

le philosophe 

le regarde 
et ses yeux portent la nuit et l’incendie

rien ne s’écoule dit-il sauf ce qui s’accroche
celui qui se tient dans le flux ne bouge pas

le visionnaire sourit 

il reconnaît là le paradoxe vivant

l’obscurité lumineuse qu’il a rêvée


tu as vu le monde comme lutte comme tension comme jeu de forces

moi j’ai tenté de rendre cette vision à une époque 
qui voulait des certitudes

le philosophe cueille un fragment de bois flotté


la guerre est le père de toutes choses 
le conflit est harmonie mais les hommes cherchent la paix 
comme on cherche un mensonge confortable

le visionnaire répond

 

ils veulent la paix parce qu’ils craignent la vie 
j’ai voulu leur apprendre à danser sur l’abîme

un instant le silence se dépose entre eux 

comme une vérité simple

le fleuve scintille  

chaque reflet semble 

une métaphore née puis détruite dans la même seconde


le philosophe


toi 
tu as parlé aux hommes

moi 
je n’ai parlé qu’au feu

le visionnaire


et pourtant  c’est ta flamme qui brûle encore dans mes mots

ils échangent un regard pas un regard d’accord mais de reconnaissance  deux solitaires qui se rencontrent sans se rejoindre deux veilleuses du devenir qui comprennent que la pensée n’est pas une doctrine mais un incendie

puis le courant entraîne un reflet un autre et leur dialogue se dissout dans le flux  comme si depuis le début c’était le fleuve lui-même qui avait parlé à travers eux












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