tout manque
parler
c’est déjà perdre
une part du silence d’où vient la parole.
notre voix ne nous appartient pas
elle est traversée par des mémoires des souffles anciens des mots qui ont vécu avant nous Nous croyons dire mais ce sont les écrits invisibles suspendus dans le temps qui nous disent à travers eux Nous ne faisons que prêter chair à un langage plus vaste que nous comme un instrument à la musique du monde
ainsi
écrire ou parler
c’est se laisser traverser
devenir passage
non source
vivre encore ce mince fragment du temps
résister à l’effacement
tenir la lampe vacillante du sens dans la brume
vouloir encore
refuser le repos du silence
tendre vers ce qui échappe même sans promesse
user la parole
en éprouver la matière jusqu’à la transparence
jusqu’à ce qu’elle ne dise plus rien et pourtant tout
le battement nu de l’être
fragile
persistant
dans le souffle du monde
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