je place un mot et le temps s’ouvre
un battement d’aile entre moi et ce qui écrit
dans le geste de tracer
je m’efface peu à peu
la main devient ombre
la pensée se dissout dans la phrase qui la porte
écrire
c’est apprendre à disparaître dans la lumière du mot
à laisser le livre respirer à ma place
ce n’est plus moi qui écris
c’est le temps qui un instant se souvient de moi
*
jamais encore chose pareille
m’était arrivée
ce moment où la pensée s’interrompt
suspendue dans un vide
plus vaste qu’elle
ce n’est pas l’absence mais la présence trop dense du réel
qui abolit les mots
ne plus penser à rien
c’est toucher l’origine même de la pensée
là où elle n’est plus réflexion mais
pure existence
dans ce silence intérieur
le monde ne se conçoit plus
il se respire
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