une vérité sans mot

elle se tient avant la langue
dans le souffle qui précède le dire
pure comme une lumière qui ne cherche pas d’objet

elle ne s’enseigne pas elle se reconnaît
dans le silence entre deux pensées
dans la clarté du regard sans intention
dans la présence simple du monde qui respire

les mots s’y brisent comme sur une eau trop calme
et pourtant c’est d’elle qu’ils naissent tous
cette vérité muette
source que nul discours n’épuise

l’emportement du muet

non un cri
plutôt 

une secousse du dedans

la parole avant la bouche
le souffle sans sortie

le silence 

tendu 

comme 

une corde

le monde parle à sa place

feuilles 

murs 

air vibrant

quelque chose veut se dire
n’y parvient pas

c’est là
dans cette faille
que brûle la vérité