mercredi, octobre 29, 2025

 



les forêts avalent presque tout 

elles absorbent la pensée la fatigue la mémoire et le bruit du monde il suffit de marcher un peu pour sentir que les contours se dissolvent dans l’air que les arbres se chargent de ce qu’on ne sait plus dire la terre aspire les pas comme si elle voulait nous rendre anonymes la forêt efface la chronologie 












le temps se plie dans la mousse et la lumière se déplie sur les pierres chaque souffle devient une idée qui s’effrite aussitôt qu’elle se forme rien ne reste stable ici tout s’engloutit dans la lenteur du vivant 

on ne sait plus ce qui commence ni ce qui finit les troncs se répondent les feuilles parlent entre elles et dans ce murmure on sent que le moi devient une poussière tranquille 

les forêts avalent presque tout 

les gestes les mots les raisons il ne reste qu’une continuité sans nom un long glissement d’être où penser n’est plus nécessaire seulement traverser et être traversé par le vent par la pluie par l'ocre qui avale doucement jusqu’à la voix intérieure qui croyait encore décrire















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire